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Nous vivons le temps des révolutions

Publié le 26 mars 2011 par Jplegrand

Le nouveau temps des révolutions

Je publie ci-dessous un texte de Michel Peyret qui collabore par ailleurs au site que j'ai créé il y a quelques mois dénommé "Barricade 21" et consultable à http://barricade21.over-blog.com

a France vient de déclarer la guerre. Elle vient de prendre la tête d’une nouvelle croisade ! Certes, Kadhafi n’est pas un saint homme. Mais pas plus ni moins que les héritiers du colonialisme français qui a construit une partie de la prospérité du capitalisme de notre pays, sa richesse, sur les conquêtes coloniales, le pillage des pays colonisés et les guerres et les massacres de populations qui ont accompagné la constitution de l’empire., voire sa perpétuation sous d’autres formes jusqu’à nos jours

LE CHAMPION D’UN NOUVEAU GENRE

Un des pays parmi les plus colonisateurs qui veut donner des leçons aux autres peuples, jusque et y compris en leur déclarant la guerre, voilà le champion d’un nouveau genre !

Pendant ce temps, à l’autre bout du monde, un autre peuple se débat dans les affres et les suites d’un tsunami, largement destructeur et tueur, qui le place sous la menace d’une catastrophe nucléaire qui pourrait avoir des conséquences désastreuses.

Et là, ce sont quelques aboyeurs qui, faisant fi des douleurs et des malheurs de tout un peuple admirable, essaient de régler les comptes qu’ils ne sont pas arrivés à mener à bien jusqu’alors confrontés qu’ils sont à la majorité du peuple français.

Et qui ne veulent pas entendre que, énergie pour énergie, le pétrole tue chaque jour des milliers de personnes de par le monde, sans que personne ne se soucie d’ informer les populations des menaces mortelles dont elles sont victimes !

UN PEUPLE ADMIRABLE

Un peuple qui, le seul encore, a connu à Hiroshima et à Nagasaki, les « bienfaits » de bombardements nucléaires qui devaient, non point mettre fin à une guerre quasi-terminée, mais participer d’une démonstration de « force », sinon de civilisation, à l’entrée de ce que l’on a appelé la « guerre froide », ce qui n’en constituait pas moins un crime immense et témoignait d’un cynisme dont seul Hitler avait fait preuve jusqu’alors, ce dont un homme, ou plutôt un système, pouvait être capable sur le chemin de l’immonde et de l’inacceptable !

Et cela, sans encore en venir, dans les prémisses de la « chute du Mur de Berlin », à ce que fut Tchernobyl comme résultant, selon un rapport de l’époque, d’une étonnante, sinon incompréhensible, série d’erreurs humaines...

DES ELECTIONS MAINTENUES

Et c’est dans cet ensemble, dans ce contexte, où chacun trouve les origines, les causes, de profondes interrogations et inquiétudes que les élections cantonales furent maintenues, ce qui ajoute au nombre des interrogations, cette quasi-simultanéité entre notamment le temps de la déclaration de guerre et celui de élections n’étant guère propice au climat de profonde sérénité réclamé par la tenue d’un scrutin en principe démocratique, d’élections en principe sérieuses, même à considérer qu’elles ne seraient pas d’une importance majeure !

Aussi, je voudrais bien trouver quelque personne qui oserait me dire que « l’abstention », lors de ces élections cantonales, destinées à gérer le territoire national au niveau des départements, selon les directives et les orientations d’un Etat capitaliste dominé par les grandes entreprises du même nom, et dont le président, dit de la République, n’est en fait que le fondé de pouvoir, est profondément anormale.

ABSTENTION OU BOYCOTT

Il est vrai que ce que l’on nomme « abstention », et que je préfère appeler « boycott » en ce que ce terme a un contenu positif affirmé, et non passif, n’est pas un phénomène nouveau.

Il ne cesse de s’amplifier d’élection en élection jusqu’à devenir majoritaire à toutes les élections. Les nouveaux élus ne semblent pas avoir honte de l’être dans ces conditions, qui font cependant que , dans certains cas, les résultats obtenus ne sont pas considérés comme étant valables, et qu’il est nécessaire de revoter.

Bref, ces élus semblent s’accommoder d’être des mal-élus, faisant fi de la volonté et des motivations des électeurs, de la majorité des électeurs et de ce que ce boycott exprime, ce qui certainement entraîne une situation qui ne peut durer, sauf à provoquer la colère et la révolte, sous d’autres formes, de ces majorités qui seront alors confortées par nombre de votants qui n’ont pu se résoudre à ne pas prendre le chemin des urnes même partageant les opinions de ceux qui ne l’ont pas pris.

CONNAITRE LES MOTIVATIONS

Quiconque attaché à la démocratie chercherait à savoir ou connaître quels sont justement les cheminements de pensée qui conduisent à ces majorités à ne pas prendre la voie des bureaux de vote.

Ce pourrait être instructif. Mais je connais la réponse, en fait plutôt la non réponse, que l’on m’oppose d’habitude quand je dis ma préoccupation, mes préoccupations, relatives à l’importance de ce boycott. Les électeurs qui votaient bien jusqu’alors seraient brusquement devenus « débiles », je dis débiles mais le terme employé n’est pas, d’habitude, si relevé !

Et quand j’ajoute que quelque 70% des Français ne voulaient pas du projet gouvernemental et présidentiel relatif aux retraites et demandaient son retrait pur et simple, et que je ne comprends pas pourquoi une partie de l’Assemblée et du Sénat est allée prendre part à la discussion du projet, je perçois quelque incompréhension, sinon agacement, chez certains de mes interlocuteurs.

D’ABORD LES QUARTIERS POPULAIRES

Et ces incompréhensions et agacements deviennent ostensibles quand j’ajoute que le boycott est d’abord et avant tout celui des quartiers populaires, ceux qui, hier, fournissaient l’essentiel des voix qui se portaient sur le vote communiste !

Pourtant, à l’évidence, les partisans du boycott partagent le sentiment que ce n’est pas, ou que ce n’est plus, des élections que peut venir leur salut, l’amélioration de leur sort.

Du moins s’agissant de ces élections dites représentatives, et qui en fait les dépossèdent de leur souveraineté.

Plus largement même, il apparaît que leur boycott est la forme qu’ils aient choisi pour dire puissamment, et à peu de frais, leur rejet de tout le système capitaliste et de ses institutions dites démocratiques !

LE CAPITALISME NEGATIF A 72%

En effet, ils sont 72% à dire dans les enquêtes d’opinion que le capitalisme est pour eux négatif, et certainement plus de la moitié à considérer qu’il convient, ici et maintenant, de changer de société et d’institutions.

En ce sens, leur boycott est en même temps un immense appel pour une démocratie nouvelle qui ne les déposséderait pas de leur souveraineté, certainement une forme de démocratie directe telle celle que Jean-Jacques Rousseau préconisait, c’est-à-dire assortie du droit de récuser l’élu qui ne reste pas fidèle à ses engagements pris.

On comprend les réticences de ces élus pour de telles propositions qui les conduiraient à la remise en cause constitutionnelle de ce qui établit le système capitaliste, protège et garantit sa pérennité.

Pourtant, parmi ces élus, il y a des élus qui se réclament du PCF, lequel avait, en son temps, appelé le peuple français à dire NON à ces institutions qui établissaient les formes d’un pouvoir personnel et monarchique qui fait des élus, et notamment du Président de la République, les gestionnaires à perpétuité du système capitaliste alors que, dans le même temps, le peuple manifeste et réitère son rejet de ce même système !

PRENDRE ACTE DES CHANGEMENTS DANS L’OPINION

Certes, tout un temps, les électeurs ont pu partager ce respect de ce que la majorité d’entre-eux avait décidé.

Mais, aujourd’hui, il est devenu temps de prendre acte des changements intervenus dans l’opinion majoritaire des électeurs et d’accompagner leur boycott comme étant une des formes de lutte pour un système qui établirait une démocratie véritable leur permettant d’être souverains en permanence et non plus seulement représentés.

Ce changement me semble même devenu urgent.

Aujourd’hui, parallèlement aux souhaits de la majorité du peuple français, ce sont les peuples de l’ex-empire français en Afrique du Nord et en d’autres pays anciennement colonisés qui se rebellent et se révoltent contre des dirigeants trop fidèles à l’ancienne puissance colonisatrice.

SE DONNER FORMES ET MOYENS DE LUTTE

Le peuple français a exprimé de différentes façons sa solidarité avec les révoltes et les révolutions en cours. Nous avons entendu : nous sommes tous des Tunisiens ou nous sommes tous des Egyptiens....

Le temps semble venu pour le peuple français de se donner les formes et les moyens de lutte pour lui-même en finir avec la dictature que lui impose en fait le capital pour maintenir ses hommes comme gestionnaires des différents niveaux de l’Etat capitaliste.

Ces jours prochains, la majorité de la classe politique française va utiliser la peur que suscite sa création du FN pour agiter, comme Mitterrand a su le faire en son temps, le spectre d’un régime totalitaire.

Mais c’est la politique qu’elle mène au service du capital qui est elle-même totalitaire, de plus en plus totalitaire même, c’est-à-dire de plus en plus hostile, et même profondément hostile, aux aspirations profondes que la majorité du peuple français vient d’exprimer.

Michel Peyret

Le 21 mars 2011


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