Ah quel bonheur de pouvoir faire enfin son boulot , son job, son taf .. ! Je traduis ici la pensée des dizaines de reporters de guerre présents en Libye, des envoyés spéciaux qui nous font vivre en direct la lutte des insurgés libyens pour virer le colonel Kadhafi. En direct et en toute liberté. Pour une fois que les Américains n'orchestrent pas le ballet , que dis-je n'encadrent pas ces professionnels , ne les placent pas sous le joug de leur TV privée à savoir CNN. Bref ça bosse normalement sur le terrain et ces reporters ont toute liberté d'aller se faire tirer comme des lapins par les mitrailleuses lourdes du dictateur dont la résistance n'a d'égal que son arrogance. Enfin un vrai conflit armé à se mettre sous le stylo et la caméra sans avoir à suivre le spectacle dans un convoi blindé des GI . Les chasseurs de la coalition pilonnent le théâtre , une armada de pick up peuvent alors monter à l'assaut des lignes kadhafistes , accompagnée cette fois des reporters de guerre . Chevauchée héroïque jusqu'au front, repli stratégique , charge de la cavalerie aérienne, cris de militaires-amateurs prêts à mourir en martyr pour chasser le dictateur , les professionnels de l'info ont cette fois du grain à moudre. Bon, la vie aux portes du désert libyen n'est pas une cinécure . Si les insurgés ne manquent pas de pétrole (ça serait un comble !) , côté ravitaillement c'est couvet chez l'habitant ou en camping sauvage. Pour les civils qui vivent entre les deux lignes, on ose imaginer "l'inconfort" . Ballet incessant et surréealiste des forces loyalistes qui passent dans un sens un jour, repartent dans l'autre le suivant . Pas facile de comprendre à qui appartient les chars qui déboulent dans le village. Un vrai souk . Côté déploiement , il s'agirait en fait d'une guerre presque côtière , parfaitement linéraire , du baston d'Est en oued , pardon en Est ! Ben oui, au sud , c'est vraiment sécos et au nord , la mer . Nos valeureux reporters devraient rester au boulot encore un bon moment. Avec un peu de patience , ils auront même droit à la plage en fin de conflit . Peut être certains attendent -ils pourtant la relève pour se rendre sur le front des présidentielles . Car là aussi , ça pilonne un max ! A moins que les rédacs ne les envoient au Japon. Pas vraiment un cadeau .