Selon plusieurs médias, l’étanchéité des réacteurs 2 et 3 ne serait plus assurée, ce qui semble corroboré par la découverte de plutonium dans le sol de la centrale. Beaucoup craignent le pire, à savoir une fuite massive d’éléments radioactifs.
L’opérateur Tepco continue de divulguer des informations parcellaires et parfois contradictoires et il est difficile de savoir précisément l’état des réacteurs de la centrale de Fukushima. « Les mesures publiées au cours du week-end dernier confirment un état très fortement dégradé des réacteurs 2 et 3, avec un endommagement des trois barrières de confinement » indiquait hier l’Autorité de sûreté nucléaire française (ASN). En d’autres termes, les chaudières 2 (construite par General Electric et mise en service en 1973) et 3 (construite par Toshiba et mise en service en 1974) sont à deux doigts d’échapper au contrôle de l’opérateur. Une évolution tout aussi catastrophique guette le réacteur numéro 1 (General Electric, 1970) pour lequel « les données actuellement disponibles ne permettent pas de confirmer l’intégrité de la cuve et de l’enceinte et dont le combustible a été fortement dégradé ».
On semble donc sûr de deux choses. Les coeurs des trois réacteurs sont au moins partiellement fondus et une et peut-être deux enceintes laissent échapper des produits de fission vers l’extérieur. Ces menaces ont été confirmées par la présence de flaques d’eau fortement radioactives et la découverte de traces de plutonium dans cinq points différents du site. Les niveaux de radioactivité relevés, 1.000 mSv/h près du réacteur 2 et 750 mSv/h à proximité du réacteur 3, rendent les interventions humaines centrales limitées à quelques minutes.
Malgré le retour du courant sur le site, un système de pompage pérenne n’est toujours pas disponible et les ingénieurs ne disposent pas de la garantie d’une source froide pour alimenter les circuits hydrauliques. L’annonce de Tepco précisant que « le raccordement des circuits de refroidissement pourrait durer encore un mois » confirme à quel point la situation est précaire et imprévisible.
De surcroît, l’instrumentation fait toujours défaut, si bien que Tepco est pratiquement aveugle et ne sait toujours pas ce qui se passe dans ses réacteurs. En résumé, dix-huit jours après le tsunami, le refroidissement des réacteurs se fait toujours avec des moyens de deuxième secours et les mesures des paramètres essentiels comme la pression et la température dans les enceintes sont réalisées par des moyens de fortune. « Les informations dont nous disposons sont partielles et incomplètes », résumait hier André-Claude Lacoste.