Dans sa tribune publiée sur LeCri.fr, l’avocat fiscaliste Antoine Vigneras écrit :
Taxer les excès de la finance et les super rémunérations des dirigeants des grands groupes
Un capitalisme libéral digne de ce nom n’est pas celui qui prospère sur le fumier de la spéculation et de l’excès.
Une opportunité évidente est de profiter de l’entente avec l’Allemagne et de la personnalité hors du commun de son ministre des Finances actuel, Wolfgang Schaüble, pour instaurer une taxe européenne et si possible mondiale sur les opérations financières ainsi qu’un régime d’impôt sur le revenu des dirigeants des grandes entreprises multinationales avec une forte imposition à défaut de dépenses déductibles (donations, investissements dans les PME, train de vie…). Les autres contribuables ne sont pas intéressés par des gens qui s’en mettent plein les poches sans vraiment de raison (à part la taille de leur employeur) et qui, en plus, gardent ça dans un coin de banque en attendant la fin du monde* ! Comment les Etats pourraient-ils continuer à ne taxer que modérément ces parasites alors que les exclus sont de plus en plus nombreux de l’autre côté du fossé numérique à crever de rage.
Évidemment, nous sommes en total désaccord avec ce type de raisonnement.
D’abord parce qu’Antoine Vigneras n’explique pas ce qu’il entend par « excès de la finance », ni même par « spéculation », qui n’est un crime que pour ceux qui refusent de la comprendre comme l’a écrit notre président Alain Mathieu.
Ensuite parce que la notion-même de « revenu excessif », qu’il plaque sur ceux des dirigeants des multinationales, est problématique : à partir de quel seuil un revenu est-il excessif aux yeux d’Antoine Vigneras, et quelle légitimité aurait le fisc pour fixer ce seuil et taxer les revenus qui dépassent, attendu qu’il s’agit de revenus résultant d’un contrat libre, et non d’un vol ? Et d’ailleurs, croit-il que lesdits revenus ne sont pas déjà lourdement taxés ?
Enfin, et surtout, parce que toute taxation, quelle que soit sa cible, est répercutée sur le contribuable (ou, à défaut, le consommateur) de base, comme dans le cas de la taxe britannique sur les compagnies pétrolières.
Dire qu’il faut taxer des individus définis arbitrairement comme excessivement riches pour calmer l’opinion est une manière d’exploiter son ressentiment plutôt que de lui expliquer la source réelle de sa colère, qui est l’extension sans frein de l’État et des dépenses publiques et des impôts qui s’ensuivent. Il nous semble qu’un conseiller fiscaliste devrait mettre en lumière, comme le fait celui de Contribuables Associés, Olivier Bertaux, le fait que l’appauvrissement des Français est dû à l’oppression fiscale qu’ils subissent, plutôt que d’entonner l’air trop commode des revenus «excessifs».
Roman Bernard, rédacteur en chef du Cri du Contribuable
* Argument fallacieux : l’argent placé dans les banques profite à tout le monde, puisqu’il est prêté à des agents économiques qui le réinvestissent…
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