ADOMA (ex-SONACOTRA) est une société de gestion du logement social et très social depuis des décennies en France, principal opérateur de l’Etat dans ce domaine, qui en est d’ailleurs l’actionnaire majoritaire. Depuis la fin 2009, l’Etat a mis en place une nouvelle direction chargée de redresser les comptes de cette entreprise, dont il avait laissé dériver la gestion et les comptes, avant de la remettre à moyen terme dans le giron du privé. Redressement de l’entreprise à la hussarde libérale, avec la compression de la masse salariale comme principal levier : sur l’emploi (suppression de 10% des effectifs dans un premier temps, soit près de 300 emplois !) et sur les salaires (menaces de blocage des salaires en 2011, après plusieurs années de forte régression du pouvoir d’achat des salariés.)
La manifestation du 28 mars à Paris a été un vrai succès pour l’intersyndicale de l’entreprise (CFDT-CGT-FO-Solidaires-UNSA-CGC-CFTC) : regrouper un millier de salariés à Paris, c’est-à- dire plus d’un salarié sur trois, dans le cadre d’un mouvement de grève encore plus étendu, la démonstration est faite du rejet massif du personnel pour le plan de suppression d’emplois tel qu’annoncé par la direction.
La mobilisation valait par son ampleur, mais aussi par sa combativité : beaucoup de matériel fabriqué pour l’occasion par les salariés, parfois plein d’inventivité, de la musique, des mots- d’ordre...Certains étaient venus avec des drapeaux de leurs UL respectives, ou avec des banderoles d’établissement, souvent en lutte. Au Havre, le mouvement de grève, suivi à plus de 80% par les salariés, a vu la majorité d’entre eux monter à la manifestation parisienne.
Autre fait significatif : prenant au mot Mr ARBOUET (le nouveau Directeur Général), qui parlait en début d’année lors de sa tournée de présentation aux salariés de la nécessité d ‘une « refondation de l’entreprise ADOMA, de son projet et de ses valeurs », cette question était fortement portée dans la mobilisation des salariés ce 28 mars : rappel des missions sociales de l’entreprise, attachement au respect et qualité du service en direction des publics accueillis, refus du désengagement de l’Etat et de la privatisation de l’entreprise (que beaucoup voient arriver à l’issue de la période « transitoire »), refus de la marchandisation du logement social à la sauce libérale.
Quant au déroulement de la journée, notons que la direction d’ADOMA, qui avait courageusement maintenu la réunion du Conseil d’Administration ce 28 mars... a néanmoins prudemment transféré sa tenue au dernier moment au Ministère de l’Economie et des Finances plutôt qu’au siège ! La manifestation est donc partie sans que l’intersyndicale ait eu l’occasion de « saluer » nos autorités de tutelle : au CA les élus salariés ont fait une courte déclaration, puis sont tous sortis pour aller rejoindre la manifestation...
Au final, la démonstration souhaitée et éclatante que les salariés sont massivement aux côtés de l’intersyndicale dans le refus du plan de suppressions de postes, du blocage des salaires, et de l’aggravation des conditions de travail...
A suivre