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Sûreté : améliorations indispensables pour les centrales nucléaire françaises

Publié le 31 mars 2011 par Lenergiedavancer @Fil_energie
Sûreté : améliorations indispensables pour les centrales nucléaire françaises

Il est déjà possible de tirer les premières conséquences de la catastrophe de Fukushima pour permettre une amélioration des conditions de sûreté des centrales nucléaires françaises. Au regarde des failles apparues au Japon, des ajustements s’avèrent indispensables pour le parc nucléaire français.

André-Claude Lacoste, le président de l’ASN, a reconnu que la France n’était pas préparée au «cumul» de catastrophes naturelles qui ont frappé la centrale de Fukushima. Comment corriger ces défauts de conception et se préparer à l’imprévisible ?

Risque sismique

«Une réflexion est en cours sur la réévaluation du risque sismique», a annoncé mercredi André-Claude Lacoste. C’est le cas pour Fessenheim, notamment, avec la participation d’experts belges. André-Claude Lacoste a évoqué les «querelles de chapelle» des sismologues qui «se battent de façon sanglante» entre prise en compte «probabiliste» ou «déterministe» du risque. L’ASN s’appuie depuis toujours sur les recherches des sismologues de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). En 2003, ils ont publié un inventaire des indices de rupture affectant le quaternaire (de 2 millions d’années à nos jours). À ce jour, la banque de données SisFrance a recensé près de 6 000 séismes survenus au cours du dernier millier d’années dont 1 700 d’intensité supérieure ou égale au degré 4 sur l’échelle MSK, qui en compte 12. Une centrale est conçue pour résister en théorie à cinq fois la puissance du plus puissant séisme historique. André-Claude Lacoste a rappelé la décision de fermer l’atelier de plutonium (ATPU) à Cadarache (Bouches-du-Rhône), qui n’était pas jugé assez résistant malgré des travaux.

Tsunami

Le tsunami qui a ravagé la côte est du Japon montre la fragilité des installations au risque d’inondation. Après la tempête de décembre 1999, où l’eau était entrée à l’intérieur de la centrale du Blayais (Gironde) et avait failli provoquer un accident majeur, l’ASN avait réévalué les protections contre des raz de marée plus puissants que ceux envisagées dans les années 1970. C’est ainsi que la centrale de Gravelines avec ses six réacteurs est dotée d’«ouvrages de protection permettant de respecter une cote de sécurité légèrement supérieure à 9 mètres», comme l’indique François Godin, responsable de la division de Douai de l’ASN. Cette marge de sécurité va-t-elle de nouveau être révisée et sur quels critères alors qu’aucune recherche sur les tsunamis qui ont pu frapper les côtes atlantiques dans le passé n’a encore été menée en France, contrairement à ce qui a été fait en Grande-Bretagne ? Quel impact pourrait avoir une grosse vague en fonction du plateau continental et de la montée annoncée du niveau de la mer ? «Le réchauffement climatique change la donne, reconnaît le président de l’ASN. Des événements extrêmes qui se produisaient tous les mille ans le long des côtes reviennent maintenant tous les cents ans.» À défaut de se prémunir contre un tsunami, l’ASN se cale plutôt par rapport à un cumul d’événements extrêmes comme une forte marée, une tempête et de forts coups de vent.

Vieillissement des centrales

L’ASN a donné fin 2010 pour la première fois son feu vert pour prolonger la vie d’un réacteur trentenaire de dix ans supplémentaires. Il s’agissait de Tricastin 1. La décision pour Fessenheim 1 est attendue dans les prochaines semaines. Pour autant, ce feu vert n’est pas un chèque en blanc, a prévenu mercredi André-Claude Lacoste. Si des enseignements tirés du Japon l’exigeaient, les décisions qui s’imposent - fermeture d’un réacteur - seraient prises. Les experts ont décelé depuis plusieurs années que certains organes, l’âge aidant, montrent des signes de corrosion. C’est le cas des générateurs de vapeur. Or, une nouvelle fois, EDF s’est fait taper sur les doigts pour avoir tardé à changer cette pièce majeure à la centrale du Bugey.

Gestion d’un accident

Après l’accident de Fukushima, le gouvernement japonais a décidé l’évacuation des populations dans un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale. Depuis le début, l’ASN répète que c’était la bonne mesure à prendre. «Je ne suis pas sûr» qu’en France une telle évacuation serait menée dans les mêmes conditions qu’au Japon, a confessé André-Claude Lacoste. Depuis cinq ans, le Codirpa (Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire) planche sur la gestion d’un accident nucléaire. «On s’est aperçu qu’en cas d’accident il pouvait y avoir des rejets de longue durée et que, dans ce cas-là, le confinement des populations ne cadrait pas. Il faut mieux envisager une évacuation immédiate» , explique Jean-Luc Lachaume, directeur adjoint de l’ASN, qui souligne néanmoins que les décisions pourraient être prises au cas par cas. Ce n’est pas la même chose de faire évacuer les rares habitants demeurant autour de la centrale du Blayais que ceux de l’agglomération dunkerquoise. Des discussions sont en cours avec le ministère de l’Intérieur qui pourraient aboutir à une modification des plans particuliers d’intervention (PPI).

Confinement des piscines

Les piscines de combustibles usés qui jouxtent les réacteurs sont elles aussi potentiellement très dangereuses. Fuku­shima l’a rappelé. Si l’eau n’est plus refroidie comme cela a été le cas la semaine dernière au Japon, les assemblages peuvent se trouver hors d’eau, être attaqués et relâcher de la radioactivité directement dans l’atmosphère car les piscines, contrairement aux réacteurs, ne sont pas confinées. «Nous n’avons pas attendu Fukushima pour nous pencher sur cette question, admettait la semaine dernière Thomas Houdré, de l’ASN. À la différence des réacteurs japonais, les piscines d’EDF sont dans des bâtiments séparés, résistants aux séismes mais pas confinés. La piscine de l’EPR, en chantier à Flamanville, est la seule à être protégée par une enceinte. À défaut de demander le confinement des piscines des 58 réacteurs d’EDF, l’ASN va regarde de près si leur système de refroidissement peut être garanti, même en cas de dommages aussi graves que ce qu’a subi Fukushima.


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