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Les Portugais préfèrent l’assistance

Publié le 31 mars 2011 par Copeau @Contrepoints

Ce qui vient de se passer cette semaine au Portugal est une parfaite illustration de cette sage maxime : il vaut mieux imposer des sacrifices aux autres plutôt qu’à soi-même. Or donc, le Premier Ministre José Socratès, bien que socialiste, avait demandé à ses parlementaires d’accepter un plan d’austérité qui n’avait d’ailleurs rien d’original ni de très héroïque : diminution du nombre de fonctionnaires, impôts supplémentaires, encadrement des salaires de la fonction publique. Ces conditions étaient posées par Jean Claude Junker, président de l’eurogroupe, comme le minimum exigible pour rétablir la crédibilité du gouvernement portugais et justifier un soutien au niveau de l’Europe. Les marchés financiers, eux aussi, avaient besoin de savoir vers où se dirigeait l’économie du pays, et aujourd’hui ils imposent déjà des taux d’intérêt très élevés, qui pourraient dépasser dans les prochaines heures les 10%, comme pour les Grecs. Voilà donc tous les Européens, une fois de plus, invités à mettre la main à la poche.

Mais l’« hellénisation » des Portugais pose un sérieux problème à l’Euroland. Au moment où à Bruxelles les 27 membres de l’Union se réunissent pour fixer les « nouvelles règles de la gouvernance économique », l’indiscipline des Portugais compromet non seulement la valeur de l’euro, mais aussi tous les efforts maladroits des États européens pour éviter les débordements des banques mais aussi des budgets publics. Avec la défaillance volontaire des Portugais, le Fonds de Solidarité et de Stabilité Financière aura tôt fait d’employer les €440 millions apportés par les États « vertueux ».

Les Portugais préfèrent l’assistance

(Illustration René Le Honzec)

Deux enseignements majeurs à retirer de cette mésaventure :

1° Les origines de la crise financière, et la difficulté d’en sortir, sont habituellement attribuées aux banques et financiers privés, alors que la seule crise inquiétante est celle des finances publiques.

2° Les États, comme naguère les banques américaines, trouvent toujours un moyen pour ne pas assumer les conséquences catastrophiques de leurs erreurs. L’irresponsabilité s’installe dès que l’on a la certitude que quelque main secourable, celle des ministres mais en dernière analyse celle des contribuables, évitera la faillite. Un adage saisissant : le capitalisme sans la faillite n’est pas plus crédible que le christianisme sans l’enfer.


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