Lors d’une conférence de presse, cet après-midi à Genève, le directeur des opérations du CICR, Pierre Krähenbühl, a lancé un appel d’urgence pour couvrir les opérations en cours de protection et d’assistance des populations ivoiriennes victimes des violences.
Alors que le conflit armé entre les forces et groupes armés pro-Gbagbo et pro-Ouattara s’étend et que la situation humanitaire se dégrade de jour en jour, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) lance un appel à ses donateurs pour venir en aide aux centaines de milliers de personnes touchées par le conflit en Côte d’Ivoire et au Libéria voisin. L’institution demande 15 millions de francs suisses supplémentaires (16,2 millions de dollars / 11,5 millions d’euros) pour les victimes à l’intérieur du pays, principalement à Abidjan et dans l’ouest, et 5,5 millions (5,9 millions de dollars / 4,2 millions d’euros) pour les réfugiés ivoiriens arrivés au Libéria et les communautés d’accueil.
« Depuis quelques semaines, la situation humanitaire en Côte d’Ivoire ne cesse de se détériorer, et nous estimons aujourd’hui que le pays doit faire face à un conflit armé interne », a déclaré Pierre Krähenbühl, directeur des opérations du CICR. « Des dizaines de milliers de personnes fuient les combats et les pillages. Pour la plupart, elles trouvent refuge auprès de familles, mais des milliers d’autres se retrouvent dans des établissements publics improvisés en centres d’accueil, par exemple des écoles, des églises ou des mosquées. Ces personnes manquent de tout : nourriture, articles de première nécessité, médicaments, abri, eau potable…
La grande majorité des déplacés et des réfugiés est toujours en mouvement, ce qui complique l’organisation de l’assistance et rend très difficile l’estimation de leur nombre. » « On voit avec inquiétude les combats et pillages se rapprocher d’Abidjan, elle-même déjà durement touchée par le conflit, a ajouté Pierre Krähenbühl. Par ailleurs, les produits chimiques nécessaires au traitement de l’eau sont en voie d’épuisement et les médicaments en rupture de stock. Des centres de santé doivent fermer car l’insécurité empêche le personnel de s’y rendre. Dans ce contexte, de nombreux blessés craignent de se rendre dans les hôpitaux. »Le CICR et la Croix-Rouge de Côte d’Ivoire sont parmi les rares organisations humanitaires à pouvoir travailler. « Il est vital que nous puissions continuer à aider les plus vulnérables et nous lançons un nouvel appel aux parties au conflit pour qu’elles facilitent l’accès de nos équipes, a poursuivi Pierre Krähenbühl.
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Notre neutralité, notre indépendance et l’assistance concrète que nous apportons à la population civile contribuent généralement à nous faire accepter sur le terrain par les autorités et les nombreux porteurs d’armes avec lesquels nous établissons et maintenons un contact permanent. Mais rien n’est jamais acquis dans un tel contexte, où la situation en matière de sécurité est de plus en plus instable. »« Les parties au conflit doivent faire la distinction entre les objectifs militaires et les civils qui ne participent pas aux hostilités, particulièrement quand les combats sont conduits dans des villes. Seuls les objectifs militaires peuvent faire l’objet d’attaques », a insisté le directeur des opérations du CICR. Selon le droit international humanitaire, les blessés et les malades doivent être soignés, les installations sanitaires, les ambulances et le personnel médical doivent être respectés et protégés, et les personnes détenues doivent être traitées avec humanité.
Depuis le début de la crise post-électorale en Côte d’Ivoire, il y a quatre mois, la Croix-Rouge a assisté près de 20 000 personnes déplacées en leur fournissant des biens de première nécessité ; elle a secouru plus de 1 100 personnes blessées et remis du matériel d’urgence à un grand nombre de structures médicales. Des réservoirs d’eau ont été installés afin d’approvisionner près de 10 000 personnes déplacées dans la ville de Duékoué (dans l’ouest du pays), ainsi que plus de 10 000 réfugiés et leurs familles d’accueil à Buutuo (ville frontière au Libéria). La Croix-Rouge a aussi installé plus de 150 latrines, des dizaines de douches, et chloré, réparé ou construit des puits au bénéfice de plus de 70 000 personnes en Côte d’Ivoire et au Libéria. Au Libéria, plus de 50 enfants ivoiriens séparés de leurs parents ont été enregistrés et près de 1 000 réfugiés ont pu rétablir le contact avec leur famille. En Côte d’Ivoire, le CICR a également visité plus de 450 personnes arrêtées depuis début décembre ; il a aussi effectué diverses interventions en faveur de la population civile et escorté cinq camions de la Société ivoirienne de distribution d’eau qui transportaient des produits nécessaires au traitement de l’eau dont dépendent plus de 800 000 personnes dans des communes touchées d’Abidjan.
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