Quand le regard des autres change... parce votre propre regard sur vous-même n'est plus l'apitoiement, mais la fierté. Notre petite jeune fille/femme -- handicapée autant dans sa tête que dans ses membres, quand nous l'avons prise dans notre structure - ne l'est plus que dans son corps. Dans son esprit, un revirement s'est opéré.
Sa niaque qu'elle ne savait pas bien utiliser, ni contre quoi, ou qui, la diriger, a trouvé la bonne trajectoire et la bonne cible : son handicap. Elle le gère et le domine, maintenant. Et c'est elle le chef, maintenant, plus lui !
Elle a pris de l'assurance et a maintenant "ses apprenants" fidèles, en Alphabétisation. Ses cours sont homogènes, bien troussés et elle commence à prendre les choses au second degré, plus au premier. Sa susceptibilité se transforme en humour, sur elle-même et les autres.
Au dernier examen médical, son handicap, sur une échelle de 15/20 est tombé à 5/20. Elle était terriblement fière de nous l'annoncer et nous très heureux de l'entendre.
Une certaine harmonie s'est établie entre elle et les autres bénévoles, enfin. Cela a été progressif, un peu long à mon gré, mais c'est là... et bien là !
Je bataille contre ces organismes pour handicapés, qui les conservent dans ce petit monde du handicap, sans vouloir les en laisser sortir, pour d'obscures raisons que je ne veux même pas approfondir, juste évoquer : petit pouvoir exercé ou attrait du porte monnaie (subventions multiples et variées)... Ils se comportent de manière possessive avec leurs "proies" (car à ce stade, c'est bien le terme qui s'avère) comme je l’ai déjà dit dans mon précédent message, exactement comme Viviane envers Merlin, dans le "Val Sans Retour"... Mon combat est donc juste, le jugement porté lucide et le résultat obtenu pour notre bénévole, totalement positif !
C'est un progrès vers la sortie du tunnel pour notre protégée et un exemple à suivre pour ceux qui seraient tentés de marcher enfin sans ces béquilles morales que sont les organismes pour handicapés. Je dis "béquilles" volontairement, car je reconnais, honnêtement, que ces organismes sont utiles, telles les béquilles : on en a réellement besoin, à un moment donné de sa vie, à une période X pour aller vers celle Y de la guérison ou de la stabilisation et consolidation.
Mais -- comme pour les oiseaux qui doivent quitter le nid un jour -- il faut avoir la lucidité de les laisser sortir de ce cercle protecteur, ces personnes subissant un handicap, et de les aider, sinon de les pousser, à le faire. C'est leur bien, uniquement, qui est recherché, et pas une autosatisfaction pour choyer son petit ego de tuteur, qui se doit de ne rester qu’un soutien "temporaire" "et transitoire", avant l’autonomie partielle, ou totale d'une vie "autogérée".