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La gravité répulsive par Nicolas Malebranche

Publié le 01 avril 2011 par Feydharkonnen

    Voici un extrait d'un livre écrit au début du 18ième siècle, voire à la fin du 17ième, qui vaut son pesant d'interprétation...

" De la recherche de la vérité ",  par Nicolas Malebranche .

Voici souligné en noir le passage qui me semble le plus audacieux, le plus étrange de tout ce que j'ai pu étudier sur la gravité. La gravité, qui, je le rappelle, ne possède toujours pas de définition dans la physique matérialiste (non-éthérique) que l'on enseigne encore à l'école

     """"Je crois au contraire qu'il est évident que les corps qui sont enveloppés dans un fluide plein, ou qui remplit tout un espace , et qui nagent dans ce fluide ,de quelque nature qu'il soit, doivent en recevoir l'impression , et aller même après quelque temps presque aussi vîte que le fluide.

Autrement la génération du feu serrait impossible : Les effets de la poudre à canon , & ceux du tonnerre , seraient miraculeux ou surnaturels. Car la poudre qui pousse le boulet serait mue sans être poussée par le cours de la matière subtile , laquelle est le seul corps extrêmement mû qui touche immédiatement la poudre ; ce qui est contre la loi naturelle ( qu'un corps ne peut être mû que par celui qui le touche ).

Je crois au contraire que les planètes ne tournent sur leur centre que par le mouvement qu'elles reçoivent du fluide qui les environne : je veux dire que si Dieu ne les avait pas créées en mouvement, mais seulement la matière subtile qui les environne & qui les pénétre , qu'au bout de quelque mois ou de quelques années elles tourneraient ( NDLR " quand même" ) comme elles tournent présentement.

Je ne parle point de quelques autres objections qu'on a faites contre cette explication de la pesanteur , comme celle ci : que les corps devraient tomber perpendiculairement sur l'axe de la terre , et non pas directement vers son centre, à laquelle on a répondu avec beaucoup d'esprit et de subtilité.

graphique-nicolas-malebranche.png

Je laisse, dis-je , les autres objections contre cette opinion sur la pesanteur, voici la mienne.

Je suppose qu'on fasse beaucoup d'attention à la force centrifuge des petits tourbillons qui se pressent & se contrebalancent de tous côtés.

Concevons une pierre P. environnée de tous côtés de l'Ether E . Il est évident que celui qui est au dessous de la ligne AB , concentrique à la surface de la terre, aussi bien que celui qui est au dessus de la ligne CD , est dans un parfait équilibre: car étant de même nature, composé de petits tourbillons, toutes ses parties se pressent et se contrebalancent également par leur force centrifuge.

Mais la matière étherée qui est entre les lignes AB &c CD , n'est point en équilibre avec la pierre ; parce que les parties de la pierre n'ont point de mouvement circulaire ou de force centrifuge , par laquelle elles agissent et tendent à s'échapper de tous côtés comme font les petits tourbillons.

Ainsi l'Ether doit prendre le dessus de la pierre, et la faire descendre (NDLR: tomber) pour deux raisons : L'une parce que les petits tourbillons peuvent apparemment être plus au large au-dessus qu'au - dessous, puisque la vitesse de l'Ether est plus grande au-dessous qu'au-dessus, ses diverses distances du centre étant entr'elles réciproquement comme le carré de la vitesse dans ses distances , ce que l'on verra bientôt.

   Mais l'autre raison que je crois la principale , et la véritable , c'est que la réaction que souffrent les petits tourbillons, est beaucoup plus grande du côté du centre .du grand tourbillon de la terre que de tout autre côté. Voilà pourquoi les corps grossiers tombent directement vers le centre de la terre, comme je vais tâcher de le démontrer.

   Il est certain que la terre RST, ou son centre O , est autant pressé en dessous qu'en dessus , à droite qu'à gauche , par rapport à son propre tourbillon , qui la comprime également de tous côtés.

Ainsi l'action de la force centrifuge de tous les petits tourbillons qui sont en dessus, rangés sur la ligne AO, retombe sur eux-mêmes, à cause de l'immobilité ou de la résistance du centre O également poussé par les tourbillons qui sont en dessous.

Si l'on conçoit deux petits tourbillons - marqués 1 et 2,  appuyés l'un sur l'autre, et comprimés par ceux qui les environnent de tous côtés, l'action de la force centrifuge du premier , par laquelle il tend à s'échapper vers O, retombera sur lui toute entière à cause de l'immobilité du centre O.

Le second tourbillon sera encore plus repoussé du centre que le premier ; car outre que son action propre retombera sur lui selon la ligne OÂ, il sera encore poussé par la réaction du premier. Et si l'on en met un troisième il sera encore plus repoussé que le second , et ainsi de suite.

Mais il faut remarquer que ces nouvelles augmentations diminuent à proportion qu'elles se partagent à un plus grand nombre de tourbillons en s'éloignant du centre : de sorte qu'à certaine distance du centre, ces augmentations cessent, ou plutôt deviennent presque nulles.

Que si on conçoit maintenant au lieu d'un vingtième tourbillon un petit corps solide sans aucun mouvement , ou sans une force centrifuge qui puisse retomber sur lui, il sera bien repoussé vers le haut par les dix-neuf tourbillons qui sont au-dessous de lui, & qui sont en équilibre avec les dix-neuf qui sont à côté , mais il ne sera pas repousse autant que le vingtième, puisqu'il n'a pas comme ce vingtième une force centrifuge qui puisse retomber sur lui et l'éloigner du centre de la terre.

Il suit donc de-là que tous les petits tourbillons au - dessous de la ligne AB et au-dessus de CD à égale distance du centre 0, sont en équilibre et souffrent la même réaction de bas en haut. Mais ceux qui sont entre les lignes AB et CD n'y sont pas. Car comme il n'y a plus de tourbillons dans l'espace E, que dans la pierre P : l'Ether qui est en E, est plus poussé vers le haut par la réaction qu'il souffre , que la pierre à proportion qu'il y a plus de tourbillons que dans la pierre.

Ainsi l'Ether étant plus poussé vers le haut que la pierre et comprimé de tous côtés , il se répand sur la pierre , à cause de sa fluidité et mobilité extrême, et il la pousse vers le centre de la terre ; et cela par la même raison que I'eau étant plus poussée de haut en bas que du bois , elle glisse sous le bois et le fait monter. """

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