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Manhattan Freud

Par Homelaet

Manhattan Freud

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Résumé : En1909, la notoriété de Freud est déjà immense. Il ne lui reste plus qu'à conquérir l'Amérique.

Mais à New York l'attend le plus grand défi de sa carrière : déchiffrer l'âme d'un mystérieux tueur en série et réussir là où la police a échoué.

Extrait :"Du haut des quarante étages du gratte-ciel, il observa un goéland plonger vers Manhattan, happé par la beauté vertigineuse de la ville. Comme lui, il aurait voulu s'immerger dans la fulgurante floraison de pierre et d'acier qui avait métamorphosé le paysage de la cité.
Son regard s'engouffra dans les canyons d'architecture ininterrompus entre l'Hudson et l'East River. Deux décennies après l'apparition du premier générateur électrique à Pearl Street, c'était une galaxie de lumières qui se déployait sous ses yeux dans la profondeur de la nuit noire.
Très loin au-dessous de lui, les passants qui malgré l'heure tardive fourmillaient dans les rues n'avaient qu'une vision fragmentée de Manhattan. Ils ignoraient tout de l'ambition hors du commun qui avait créé cet espace sacré, cette géométrie divine, dans laquelle, chaque jour, des rituels s'accomplissaient.
Pour laquelle, dans quelques instants, il allait reprendre sa cérémonie.
Son corps vibra quand les cloches se mirent à sonner - il était minuit aux horloges du gratte-ciel. Il nota avec satisfaction à quel point il était maître de ses nerfs. Sa respiration était tranquille. Ses tempes sèches. Son coeur régulier.
Tout près de lui, par contre, il pouvait entendre des halètements saccadés, des battements de coeur affolés.
Sa victime l'attendait.

Il se dirigea vers la cage et soulva le loquet de la grille pour l'ouvrir.
Les oiseaux voletèrent aussitôt vers la poitrine dénudée du traître. Leurs ailes frôlèrent ses plaies.
Bientôt, il expierait.
Mais pas si ite que cela.
D'abord, il lui enlèverait son bâillon, le ferait boire et manger. Sa souffrance devait durer pour prendre tout son sens.
L'homme le regarda avec ses yeux inexpressifs par lesquels la vie se déversait.
C'est alors qu'une lueur apparut dans le regard défait.
En une fraction de seconde, son corps affaissé sembla trouver l'énergie nécessaire pour se déployer et lui sauter à la gorge.

Il se réveilla en sursaut. Des battements sourds cognaient dans son crâne, des gouttes de sueur perlaient sur sa poitrine. Il mit quelques secondes à prendre conscience qu'il venait de faire un rêve - un rêve au cours duquel il tuait un homme, avant que cet homme ne tente à son tour de le tuer.
Il lui fallut un moment pour s'en remettre.
Pour ressentir pleinement le soulagement empreint d'une sourde angoisse de celui qui vient d'échapper à un cauchemar.
Il fut encore plus rassuré quand il réalisa que tout dans son rêve n'était pas irréel.
Le traître était bien là-haut, agonisant devant la plus haute fenêtre du gratte-ciel.
Un sourire triomphant vint éclairer ses traits."

L'avis de Dazboness : Idée originale développée par l'auteur dans ce roman. Confronter Freud lui-même à un tueur en série dans le Manhattan des années 1910.

L'histoire repose donc d'un côté sur l'enquête officielle, confrontée à la corruption de la police, la mainmise des gangs sur les bas-quartiers et des politiques et entrepreneurs sur les hautes sphères dont sont issues les victimes... D'un autre côté, Freud et ses disciples sont amenés à tenter de soigner un cas psychologique exceptionel, qui s'avère également être la fille (et unique témoin potentiel) de l'une des victimes. La soigner pour lui faire recouvrer la mémoire aussi bien de ses traumatismes d'enfance que du traumatisme du meurtre de son père.

Les théories de Freud sur les rêves et le complexe d'Oedipe sont ici largement utilisées et applqiuées, montrant au lecteur comment ses théories ont pu être marginales et méprisées de la société du début du vingtième siècle. Mais aussi comment elles ont pu finir par servir de référence pour faire le profil psychologique des meurtriers (même si ce ne sont que les balbutiements du profilage moderne).

Un livre très bien écrit, faisant la part belle à l'humanisme en donnant à Freud plus de coeur et de sensibilité que la plupart des articles d'époque comme d'aujorud'hui ne lui en accordent. Un polar qui s'introduit timidement et magnifiquement dans la psyché du mal.

Auteur :Luc Bossi
Editeur : Le livre de Poche
Prix : 6,95€
Nombre de pages : 446

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