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A qui profite l'Eto'obashing ?

Publié le 01 avril 2011 par Atango

Le présent article est rédigé à la demande d'un ami très cher, qui ne comprend pas que je ne dise rien de "l'affaire Eto'o." Or, si je ne voulais rien en dire, c'est parce que je considère pour ma part qu'il n'y a aucune affaire Eto'o.

Oui, le capitaine des Lions Indomptables a violemment pris à partie un reporter travaillant pour la chaîne de télévision Equinoxe, et oui, c'est regrettable. Mais je ne pense pas que cet événement mérite d'être promu au rang de scandale. Comme si la défaite n'était pas pire, et comme si nous n'avions pas d'autres chats à fouetter.

Nous touchons là au noeud d'un problème plus vaste : on n'arrête pas de monter en épingle tout ce qui touche Eto'o, et après on se plaint qu'il prenne tout l'espace.

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Mon sentiment est que, face aux dirigeants, face à la presse camerounaise et face à ses coéquipiers en sélection, Eto'o, de par son caractère, occupe l'espace que d'autres laissent vacants pour cause d'incompétence et d'incapacité. Ou parce que ça en arrange certains que le travail soit fait par quelqu'un d'autre.

Notre capitaine-Superman n'est toujours pas le mieux placé pour investir certaines missions, mais les personnes qui devraient les remplir, où sont-elles ?

Eto'o ne peut pas être irréprochable avec son club employeur et insupportable avec l'équipe nationale. Mister Hyde et Doctor Jekyll, en d'autres termes. Je ne crois pas une seule seconde à un tel dédoublement de personnalité.

La vraie question, la voici : pourquoi est-il impeccable dans ce contexte, et pourquoi son action dans l'autre contexte pose-t-elle problème ? Etant donné que lui reste le même homme, mon avis est que c'est le contexte qui est déterminant.

Or, le contexte, ce sont les dirigeants qui se mettent en mode "zombie" dès qu'il faut travailler sérieusement à organiser les choses.

Le contexte, c'est une presse qui pense que son travail, c'est de copier-coller des dépêches, ou de déclencher des polémiques, juste pour faire le buzz.

Le contexte, c'est des supporters qui n'arrêtent pas de se tromper de combat, qui critiquent au moment où il faut soutenir l'équipe et qui disparaissent dès qu'il faut demander des comptes aux dirigeants.

Le contexte, ce sont ces anciens qui se montrent incapables, depuis des mois, de régler un différend entre leurs jeunes frères, une vraie honte pour tout Africain.

Le contexte, ce sont ces sélectionneurs qu'on nous amène à tour de rôle, et qui se montrent tous incapables de mettre en place une équipe équilibrée et solide.

Le contexte, ce sont ces joueurs camerounais, les anciens, les actuels et les futurs, qui arrivent à l'équipe nationale sans aucune envie, et avec l'illusion que le seul héritage de leurs aînés suffira à terroriser chaque adversaire. Ces joueurs qui, au lieu de remplir leur mission, s'épuisent dans des disputes puériles.

Samuel Eto'o peut-il à la fois diriger la FECAFOOT, s'occuper de la logistique, organiser les matches amicaux, sélectionner les joueurs et jouer à tous les postes ? Assurément non. Et si souvent il sort de son rôle et intervient dans tous ces domaines, c'est parce que son tempérament l'y pousse naturellement, et que les préposés sont aux abonnés absents.

Pour avoir échangé avec le capitaine des Lions Indomptables, je peux témoigner de ceci : lorsqu'on est pro avec lui, il est pro jusqu'au bout.

Le défi est donc le suivant : professionnalisons le contexte camerounais, au lieu d'accabler le seul Samuel Eto'o. Et le fait que, souvent, il donne le bâton pour se faire battre ne doit pas nous dédouaner de notre responsabilité.

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Pour prendre l'exemple de la question qui a été posée par le journaliste, et qui a déclenché la réponse "below the belt" du numéro 9, je suis au regret de dire que celle-ci était absolument navrante. Qu'est-ce qui peut pousser un journaliste, donc une personne qui est censée être au courant des choses, à établir une comparaison entre Samuel Eto'o et El Hadji Diouf ? Pure provocation, dis-je. L'intéressé le dit autrement, voilà tout.

Or, on connaît son caractère, et l'on sait d'avance comment il va réagir. C'est tout bénef, car le buzz est assuré, cela donne du travail aux journaux, et tout le monde est content.

Cela dit, cette réponse était clairement une gaffe. 

Mais le ramdam qui s'en est suivi ne s'explique pas par la gaffe. Il s'explique par le fait qu'il s'agissait de Samuel Eto'o.


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