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L’immigration, question clivante pour 2012

Publié le 03 avril 2011 par Hmoreigne

 La droite réactionnaire a trouvé dans la plume d’Yvan Rioufol un scribe fidèle. Sarkoyste, mais surtout Le Pen-compatible, l’éditorialiste du Figaro n’en finit pas de s’étrangler dès qu’est évoquée la question de l’immigration. C’est bien ce qui a failli lui arriver cette semaine à la lecture d’une tribune de l’euro-député socialiste Henri Weber dans les colonnes du Monde.

Si la contribution d’Henri Weber (en photo) , noyée dans une actualité chargée, n’a pas suscité de vagues, elle n’a en revanche pas échappé à l’œil aiguisé de l’homme du Figaro. Le titre il est vrai ne pouvait le laisser indifférent : « Le FN, un programme antinational ».

Yvan Rioufol illustre cette droite décomplexée par Nicolas Sarkozy qui n’hésite plus à dire aujourd’hui tout haut ce que hier elle pensait tout bas. Le journaliste n’est sans doute pas en prise directe dans son quotidien avec l’immigration mais, le sujet suscite néanmoins chez lui des réactions épidermiques qui en seraient presque comiques si elles n’avaient tendance à devenir communes.

Que dit Henri Weber de si insupportable ? Pas grand-chose. Simplement qu’il faut combattre le FN sur le terrain simpliste de son argumentation économique qui repose sur la sortie de l’euro. « Il faut mettre à profit la crise actuelle pour trouver un second souffle à l’Europe, non pour contribuer à l’achever en retournant chacun à sa monnaie et à son pré carré national » résume l’eurodéputé.

Ce n‘est pas ce qui intéresse Yvan Rioufol qui sur son blog s’est arrêté tel un chien de chasse, truffe humide et patte levée devant une phrase, à son goût scélérate : «Présentée par le FN comme un poids pour l’économie française, l’immigration est en réalité une chance pour l’avenir, et notamment pour l’équilibre de la protection sociale».

La réaction de l’éditorialiste est sanguine : « Le PS, qui a avalisé la France multiculturelle et immigrationniste, est incapable d’admettre que son œuvre maîtresse, cautionnée par la droite sous influence, est rejetée par une majorité de Français qui n’ont aucune envie de disparaître. La gauche en veut même toujours plus dans la mutation identitaire de la nation, sans se soucier visiblement de l’approbation des citoyens ».

Plus intéressant, la conclusion qu’en tire Yvan Rioufol : « Alors que le vivre-ensemble est fragilisé, la gauche universaliste persiste à aggraver cette situation. Cette faiblesse ne pourra que se révéler au cours de la campagne présidentielle, surtout si l’UMP accepte de poser clairement les problèmes et de rompre avec le double discours d’un parti se disant réaliste mais se réfugiant encore, François Fillon en tête, dans la confortable posture compassionnelle ».

Cette position confirme la ligne de fracture qui traverse la droite. La phobie d’un retour de la gauche aux affaires amène cependant l’éditorialiste à rechercher un plus petit dénominateur commun à ces deux lignes politiques en apparence incompatibles.

Yvan Rioufol propose donc une position à mi-chemin qui sera vraisemblablement celle de Nicolas Sarkozy et que dessine déjà Claude Guéant : « proposer une réduction significative de l’immigration de peuplement (200 000 arrivées par an) qui asphyxie toujours plus les processus d’intégration ».

A gauche Julien Dray figure également parmi ceux qui estiment que la question de l’immigration est centrale. Yvan Rioufol ne manque pas de citer les propos du députés socialiste tenus sur RTL la semaine dernière : « Le PS n’aborde pas assez les vraies questions comme la maîtrise des flux migratoires, qui taraudent la société française. Elle a le sentiment d’une sorte d’invasion rampante. Il doit aborder également frontalement la question de la ghettoïsation ethnique de la société, qui n’est pas abordée. Les dirigeants ont peur d’ouvrir ces débats »(…) Gagnera celui qui abordera ces questions de front ».

Rioufol-Dray même combat ? Par l’odeur de 2012 alléché le député entend bien se rappeler au bon souvenir de ses petits camarades. D‘une certaine façon, l’ancien fondateur de Touche pas à mon pote-SOS racisme et porte-parole autoproclamé des banlieues a intérêt à ce que la question des flux migratoires soit au cœur du débat.

Et pourtant, c’est Henri Weber qui a sans doute raison. La gauche doit faire attention à ne pas se laisser amener sur un champ de bataille soigneusement sélectionné par son adversaire. La mondialisation impose de traiter des flux migratoires dans une approche géopolitique et non par le seul petit bout de la lorgnette. Il faut surtout apporter des réponses économiques à des discours simplistes et renouer avec une capacité à disposer d’une maîtrise, même relative, sur le cours des choses. A cet égard, le silence et l’absence de débat qui a entouré le rapport de l’eurodéputé Bernd Lange sur l’avenir de la politique industrielle européenne est hautement regrettable.

Crédit photo : Fabienne Servan-Schreiber

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