Alors que la droite faisait tout pour ne pas rentrer dans le débat avec la gauche, Valérie Pécresse vient de commettre deux tribunes en quelques semaines pour défendre son bilan. Dans sa dernière livraison, co-publiée avec Luc Chatel le 1er Avril, elle attaque frontalement Martine Aubry à la veille du discours où la première secrétaire du PS s’adresse à la jeunesse. Les ministres, dans une rhétorique éculée, tentent d’opposer leurs actes aux discours de la gauche. C’est osé, tant leurs actes sont éloignés de leurs propres discours. C’est osé, car la droite peut difficilement reprocher à la gauche de ne pas gouverner la France. C’est osé, parce que les régions, quasi-exclusivement dirigées par la gauche, ont augmenté très fortement leur investissement dans la recherche, pour atteindre 1,3 milliards d’euros, alors que cela ne fait pas partie de leurs compétences propres.
Mais il faut rentrer dans le texte pour constater à quel point nos ministres sont à mille lieues de ce que vivent les jeunes.
Exemple : « Depuis quatre ans, le gouvernement investit pour sa jeunesse, dans le logement étudiant et les campus universitaires et dans l’accompagnement de ceux qui en ont besoin avec l’augmentation sans précédent des bourses étudiantes. » Faut-il rappeler que le gouvernement a pris un retard considérable dans la mise en place du plan Ancieaux de logement étudiant ? Que le fameux Plan Campus est en panne, aucun construction n’ayant encore vu le jour, alors que le gouvernement avait vanté ses mérites pour sa rapidité ? Que le 10ème mois de bourse, promesse sans cesse retardée, n’est toujours pas pleinement appliqué, et surtout qu’il est financé sur le dos d’autres dépenses qui concernent l’enseignement supérieur ? Qu’un étudiant dont les parents sont tous les deux au SMIC n’a droit comme bourse qu’à l’exonération des droits d’inscription ? Mme Pécresse, M. Chatel, allez dire à des étudiants, droit dans les yeux, que vous leur permettez de « réaliser tout leur potentiel », vous serez surpris de l’accueil qu’ils vous feront.
Autre exemple : « nous avons réformé le lycée et refondé l’université en donnant plus d’autonomie aux équipes pédagogiques pour permettre à plus de jeunes de d’aller jusqu’au bout de leur possibilités et de réussir, tout simplement« . Plus d’autonomie pour les équipes pédagogiques, en supprimant 15 000 postes chaque année dans le primaire et le secondaire ? En bloquant les créations d’emplois scientifiques dans les universités ? Une autonomie réelle, cela demande des moyens, sans quoi ce n’est qu’un mot sans consistance. Quant à la réussite de nos jeunes, malgré tous les efforts des enseignants, elle stagne. Nous avons toujours 65% d’une classe d’âge diplômée du bac, et dans le supérieur nous avons de moins en moins de bacheliers qui s’engagent.
Encore un exemple : « nous avons mis en place une véritable orientation active, pour permettre aux aux élèves de choisir leur voie au lieu de subir la sélection par l’échec« . Pourtant, rien n’a changé, les lycéens continuent de mettre en place des stratégies complexes pour tenter de s’orienter, et sont noyés dans un système où toutes les formations ont été mises en concurrence plutôt que de coopérer pour amener chaque étudiant à trouver la voie de formation qui correspond le mieux à ses aspirations et à ses talents.
Alors oui, le Parti Socialiste critique la politique de la droite. Mais dans le même temps, il ouvre une autre perspective, celle d’une société qui investit vraiment dans sa jeunesse, qui rompt avec l’ultra-élitisme qui consiste à toujours donner plus à ceux qui ont le plus, à laisser les inégalités exploser. Dans quelques semaines, le Parti Socialiste dévoilera ses propositions pour l’enseignement supérieur et la recherche. Ces propositions sont le résultat d’un long travail, au cours duquel nous avons rencontré aussi bien des sociologues que des syndicalistes, des étudiants que des universitaires, des chercheurs et techniciens. Ces propositions donneront une autre vision de l’avenir de notre jeunesse, de l’avenir de la France, celle d’une réconciliation avec le progrès, un progrès partagé, quand le présent n’est qu’un vaste loto où les perdants, toujours les mêmes, paient pour les gagnants… qui sont toujours les mêmes.