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Et après nous le déluge
Voici une lourde impression
Un sentiment sans équivoque
.
Tout est tenu à la seule satisfaction immédiate
Rien d’envisageable qui puisse nous être commun
Sinon vivre en un monde éclaté
Bien avant qu’une bombe ne mette en actes les pensées non évoquées
.
Ne jamais dire ce que l’on rêve pour ne pas s’attirer les foudres
Les puissants confirmés dans leur puissance par la timidité et la peur
Et cette violence rentrée qui blesse et torture
*
Chacun sa préoccupation
Si possible dans le plus grand secret
Partager rangé aux mythologies historiques
Le tout est de tirer son épingle de ce jeu
.
Que le jeu soit vicié
Qu’il émette fumées nauséabondes
Sur des cadavres alignés par milliers
Ne doit pas impressionner l’Homme contemporain
.
On lui crée d’ailleurs l’insensibilité nécessaire
Plus besoin d’un flic à ses basques
La peur de perdre le peu qu’il a déjà
Est bien plus efficace que toute matraque
.
Te voici tirant ton épingle
D’un tas de fumier sanguinolent
Aveuglé par ta propre gloire
Tu ne vois même plus le rouge que tes mains portent
Et laissent en traces indélébiles sur l’histoire
*
Ils viennent en habits du dimanche
Arpentent les marchés du samedi
Serrent mains sur mains
Adressent un petit mot gentil à chacun
Dans l’espoir d’une petit bulletin
.
Surtout ne rien dire de ce qui pourrait fâcher
Pas un mot sur l’extension de la misère
Sur la pauvreté culturelle
Pire que la pauvreté matérielle
Celle qui vous rend esclave
De votre propre fait
Et sans y songer
.
Surtout pas un mot plus haut que l’autre
Puis on va boire un petit coup
De tous bords
Au même comptoir
Sans que nul ne réagisse
.
La grenouille est assez chauffée
Encore un peu et la voilà cuite à point
.
Manosque, 7 mars 2011
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