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Raffarin, petit télégraphiste de l’Elysée

Publié le 04 avril 2011 par Hmoreigne

 Etre et avoir été. A défaut de se trouver une place à la hauteur de ses ambitions dans la vie politique française, Jean-Pierre Raffarin qui a vu lui échapper la présidence du Sénat en 2008 fait des “ménages” pour l’Elysée. L’ancien Premier ministre UMP a rappelé dimanche sur Europe 1 François Fillon à son devoir de fidélité à l’égard du Chef de l’Etat.

Entre flagorneries et petits mots perfides Jean-Pierre Raffarin n’a jamais, comme le remarque Le Figaro, sa langue dans sa poche. Présent dans les bagages du président de la République lors de son escapade de 48 heures en Chine et au Japon le sénateur de la Vienne a ramené des vingt-quatre heures en avion présidentiel une leçon de loyauté pour le Premier ministre.

Plus que la petite musique de François Fillon, c’est sans aucun doute la côte d’opinions favorables dans les sondages qui pose problème à l’Elysée. Nicolas Sarkozy est le responsable de cette anomalie, qualifiée de déséquilibre par Raffarin, qui consiste à voir un Chef de gouvernement plus populaire que le Président de la République mais peu importe. Le Roi ne peut mal faire. C’est donc par la bouche d’un courtisan de choix que notre souverain républicain manifeste ses reproches.

Derrière l’enrobage, ils sont acérés. Quand Jean-Pierre Raffarin évoque un premier ministre “protégé”, il reprend les reproches de conseillers de l’Elysée qui estiment que le chef de gouvernement n’en fait pas assez, qu’il reste “planqué” à l’abri à Matignon quand le Président est contraint à monter en première ligne. “Ce ne sont pas les bruits de l’UMP qui posent problème, ce sont les silences du gouvernement sur les questions économiques et sociales, comme notamment le prix du gaz“, a lâché non incidemment Raffarin. Avant de rajouter “Si le débat sur la laïcité a une place très importante, c’est parce que le débat économique et social qui devrait être animé par le gouvernement n’est pas suffisamment animé aujourd’hui“.

Loin de calmer le jeu dans la majorité présidentielle, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac verse un peu d’huile sur le feu. Ses critiques s’ajoutent à la charge violente de Jean-François Copé qui accusait il y a une semaine, au lendemain du scrutin des cantonales, François Fillon de “ne pas jouer collectif“.

Ce n’est pas le principe de précaution qui compte, à Matignon” persifle Raffarin mais, “le principe de loyauté” qui est “le principe de Matignon“. Si le maintien en poste d’un Premier ministre qui affiche des divergences avec le Chef de l’Etat est une première sous la Ve république, voir un ancien locataire faire la leçon à un successeur de son camp n’est pas moins inédit.

Je suis sûr que François Fillon aura à cœur dans les jours qui viennent d’afficher clairement cette loyauté. Elle est fondamentale” estime le sénateur de la Vienne qui croit à son retour possible à la tête du gouvernement.

Après des années de joug Sarkozy, l’UMP vit son printemps des libertés. La fragilité du Chef de l’Etat engendre une volonté de redistribution des cartes dans son propre parti.

C’est aujourd’hui la course à la succession de Nicolas Sarkozy qui est ouverte à droite. Elle se limite pour l’instant à l’ex RPR entre François Fillon et Jean-François Copé alors qu’en retrait Alain Juppé se tient prêt, au cas où.

Après avoir divisé (en opposant Copé, Juppé et Fillon) pour mieux régner Nicolas Sarkozy mise sur la stratégie de la terre brûlée. L’UMP est devenue une cocotte minute à la limite de l’explosion. Il est le seul à pouvoir maintenir l’unité artificielle du parti de la majorité. Toute velléité trop affirmée d’un prétendant porterait en elle le germe d’un risque réel de division.

Or à droite on sait que l’explosion de l’UMP ouvrirait la porte à 10 années d’opposition. Entre Charybe et Scylla, le choix est vite fait. Ce sera tous derrière Nicolas Sarkozy, états d’âme ou pas. Ce matin Claude Goasguen enfonçe le clou. Le député de Paris accuse François Fillon de céder à ses “émotions sondagières” et rappelle que “se démarquer du président de la République est une grave erreur dans la Ve république“.

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