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Soigner le cancer, une histoire d’argent !

Publié le 04 avril 2011 par Cathcerisey @cathcerisey

Soigner le cancer, une histoire d’argent !

Divers articles dans les journaux ce mois-ci ont fait état de discussions quant au coût très élevé des molécules anti-cancéreuses en France. D’autre part, à compter du mois d’avril, les transports des malades ne seront remboursés que dans des cadres très stricts. Peut-on accepter que les économies de la sécurité sociale soient faites au détriment des malades?

Nous sommes en effet, largement en tête en Europe dans les dépenses concernant les maladies cancéreuses et le budget total était en 2009 de plus d’1 milliard d’euros. D’après l’INCa, les chimiothérapies, très chères, devenant le traitement de référence, l’on s’attend à une forte augmentation dans les prochaines années.

Les thérapies ciblées, c’est à dire, pour ce qui nous concerne par exemple, l’herceptine, représente 57% du coût total pris en charge. Ces molécules innovantes sont extrêmement onéreuses du fait des recherches importantes qu’ ont nécessité leur découverte et mise en oeuvre. De plus il faut, pour en bénéficier, que la tumeur présente un bio-marqueur correspondant et donc des dépenses supplémentaires pour le rechercher.

Certains rapports dont celui d’un groupe de travail de l’Académie de médecine, mettent en regard le bénéfice en matière de survie pour des malades en situation métastatique et l’argent dépensé. Et le Figaro, de demander si quelques mois de survie valent le coup par rapport au déficit important de la sécurité sociale !

Ce qu’il faut savoir, c’est que ces médicaments sont remboursés à 100% aux hôpitaux qui les utilisent sous réserve d’un « contrat de bon usage ». Qu’est-ce que cela veut donc bien dire? Les médecins sont-ils obligés de choisir les malades qui vont bénéficier de ces traitements? Si oui, en fonction de quoi ? Expression du bio-marqueur, cela va sans dire. Mais comment vont-ils statuer sur le temps de survie? Celui-ci gagnera 5 mois tandis que l’autre survivra 10, alors sauvons le second d’abord? Est-ce que le temps qui nous reste est quantifiable? Nos médecins seraient-ils devenus devins? Va-t-on voir, lors des réunions pluri-disciplinaires, les cancéros jouer à pile ou face? Comment savoir qui répondra le mieux aux traitements? Faudra-t-il que les familles en détresse paient des pots de vin aux oncologues décisionnaires?

Pour les transports, c’est la même chose : alité, sans possibilité de vous déplacer vous bénéficierez du remboursement du taxi ou de l’ambulance qui vous accompagnent aux chimios ou aux rayons. Mais si vous pouvez marcher, il ne vous reste plus qu’à trouver une bonne âme motorisée pour vous aider. Cette décision est passée quasi inaperçue auprès du grand public et bon nombre de malades en traitement vont être surpris de se voir retourner leurs feuilles de remboursement !

Notre sécurité sociale est un système merveilleux que beaucoup nous envient. Doit-on la remettre en cause en matière de cancer?  Ne serait-il pas plus solidaire de faire des économies sur les nombreux arrêts maladie non justifiés, voire abusifs pour des rhinopharyngites ou des petites gastro, sur la prescription au compte goutte des médicaments génériques par des médecins inondés de cadeaux en tout genre par les laboratoires etc… Nous allons bientôt tendre à cette médecine à deux vitesses que nous redoutons tous ! Est-ce acceptable?

Il faut que les malades puissent bénéficier des avancées de la recherche et gagner petit à petit en temps de survie quel qu’en soit le coût pour la société. Tout le monde est ou sera concerné de près ou de loin par le cancer et c’est un problème de santé publique. Il est inconcevable que l’on en arrive à choisir quelle personne bénéficiera d’une molécule et quelle autre sera laissée sans soin, en fonction de critères subjectifs. Personne n’est capable, à ce jour,  de prédire quelle tumeur répondra mieux qu’une autre aux traitements, quel malade survivra 5 mois ou 5 ans. Le cancer est une énigme et  nous savons tous que certains que l’on donnait perdus s’en sortent. Il faut donner une chance à tous sans discrimination et sans à priori. J’espère que ces rapports n’auront aucune suite et que la France continuera à être l’un des pays dans lequel nous sommes le mieux soigné !

Catherine Cerisey

Sources : Le Figaro/ Les echos/Cancerbretagne.net


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