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Irlande : les banques renflouées au détriment du peuple !

Publié le 04 avril 2011 par Raphael57

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La crise économique touche durement de nombreux pays dans le monde. Mais alors que l'Europe aurait dû être moins touchée que les États-Unis par la crise financière - en raison notamment d'une moindre prédominance des marchés financiers, de l'existence d'une monnaie unique et d'une fixité des taux de change -, force est de constater que les voyants demeurent au rouge au sein de la zone euro : la spéculation sur les dettes souveraines se poursuit malgré la création du FESF et l'intervention de la BCE, la solidarité européenne reste toujours un vain mot qui ne trouve à s'appliquer qu'au forceps,... et surtout nombre de banques demeurent en très grandes difficultés, voire insolvables, entrainant une nationalisation des pertes qui grève le budget des États.

Sur ce dernier point, l'Irlande est devenue championne toutes catégories, puisque l'État a déjà déboursé 46 milliards d'euros pour sauver le secteur bancaire (près de 30 milliards d'euros rien que pour l'Anglo Irish Bank, qui a perdu 17,7 milliards d'euros en 2010) ! La dette publique a ainsi bondi de 64,8 % du PIB en 2009 à 100 % du PIB fin 2010, tandis que le déficit a littéralement explosé passant de 11,6 % du PIB en 2009 à 32 % en 2010 ! Dès lors, pour rassurer les marchés financiers sur sa capacité à faire face à son déficit public abyssal, l'État irlandais a soumis ses banques à des stress tests.

Pour mémoire, j'avais déjà expliqué dans un billet la méthodologie de ces tests. Pour résumer, il s'agit de soumettre les banques à des scénarios économiques négatifs (appelés stress dans le jargon financier) : chute des marchés financiers, hausses des taux d'intérêt,... le critère de réussite aux tests étant basé sur le ratio de fonds propres durs (Tier 1). Plus précisément, une banque réussi à passer les tests si son ratio Tier 1 reste au-dessus d'un certain seuil prédéfini. Pour l'anecdote, suite aux stress tests auxquels avaient été soumis les établissements bancaires européennes durant l'été 2010, les banques irlandaises s'en étaient sorties haut la main... avant de faire appel à l'aide de l'État quelques semaines plus tard, témoignant au passage du peu de crédibilité de ces tests !

Au final, ce sont 4 établissements qui ont été testées :  Allied Irish Banks (AIB), Bank of Ireland (BoI), Irish Life & Permanent (IL&P) et EBS. Selon la Banque centrale irlandaise, les besoins en fonds propres se répartissent comme suit : 13,3 milliards d'euros pour AIB, 5,2 milliards pour Bol, 1,5 milliard pour EBS et 4 milliards pour Irish Life & Permanent. Le renflouement des banques irlandaises nécessiterait ainsi au total 24 milliards d'euros supplémentaires... ce qui porte à près de 70 milliards d'euros (45 % du PIB) le coût du sauvetage du système bancaire irlandais !

Standard and Poor's a décidé d'abaisser d'un cran à BBB+ la note de l'Irlande - peut-être en guise de poisson d'avril - tout en l'assortissant d'une perspective stable, eu égard à la qualité des stress tests (sic !)... Cette clémence de la part de l'agence de notation peut-elle aussi s'expliquer par l'engagement pris par l'État irlandais de sauver ses banques en prélevant 17,5 milliards d'euros sur son Fonds national de réserve des retraites ?

Mais que les citoyens irlandais se rassurent : même si durant la campagne électorale on leur avait assuré que les créanciers privés porteront une part du fardeau, cette promesse semble s'être évanouie depuis hier d'autant que la BCE se montre radicalement opposée à cette initiative irlandaise... quelle idée de croire que des créanciers privés allaient partager le malheur de tout un peuple ? L'illustration de ce billet, même si elle correspond au cas américain, peut très bien être transposée à ce qui se passe actuellement en Irlande.

C'est face à tant d'injustice et d'inégalités que j'ai décidé d'écrire, durant l'année écoulée et en parallèle de mes livres plus académiques, un ouvrage vraiment différent (tant sur la forme que sur le ton) qui serait pour moi l'occasion de dénoncer l'abandon du débat public à une « expertocratie » qui décide, en dehors de tout cadre démocratique, des réponses à apporter aux questions économiques, comme si nous désirions éviter que soient soulevées les bonnes questions. A travers une écriture simple et sans langue de bois, je souhaite donner aux citoyens les éléments nécessaires pour comprendre le monde économique dans lequel nous évoluons... et tout ce que l’on ne nous dit pas !

J'en reparlerai dès sa parution à la fin du mois... à suivre donc sur mon blog pour ceux qui souhaitent faire avancer les choses en économie !


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