Les internautes les plus aimables à son égard parlent d'un lapsus. D'autres, dont je suis, ne sont pas d'accord. Le lapsus est une erreur commise en parlant (lapsus linguae) ou en écrivant (lapsus calami) et qui consiste à substituer à un terme attendu un autre mot. Ce qu'a répondu Frédéric Lefebvre, ministre du tourisme, à un lecteur du salon du livre politique qui l'interrogeait sur le livre qui l'avait le plus marqué dans sa vie, est d'une tout autre nature. Frédéric Lefebvre est tout simplement d'une grande inculture. « Le livre qui m'a le plus marqué, a-t-il assuré c'est Zadig et Voltaire. Et je m'y replonge assez souvent » sans doute pour s'y noyer. Le conte de Voltaire s'intitule en effet Zadig mais il ne porte pas le nom d'une maison de prêt à porter dont il existe plusieurs magasins à Paris et dans lesquels Mme Lefebvre doit avoir ses habitudes.
Cette nouvelle preuve des limites culturelles de M. Lefebvre atteste le peu de cas accordé à la formation et à la culture générale nécessaires pour devenir ministre. Je sais bien que tous les titulaires d'un maroquin ne peuvent être des encyclopédistes. Je sais bien aussi qu'on ne peut pas reprocher à quelqu'un de ne pas connaître Zadig ou Voltaire. Tout de même, Voltaire est des auteurs préférés de Lagarde et Michard et il est aussi l'un des philosophes du XVIIIe siècle les plus connus pour être un ardent défenseur de la justice et de la liberté de penser.
J'ai publié, sur ce blog, le 1er avril dernier, une question écrite de François Loncle adressée au ministre de la Culture et relative au jugement que porta naguère Nicolas Sarkozy sur La Princesse de Clèves. Il devrait peut-être en poser une nouvelle pour éviter à M. Lefebvre de répondre, s'il est de nouveau interrogé : « Le livre qui m'a le plus marqué, c'est Zadig et Ferney Voltaire »…