Magazine Humanitaire

Point de situation

Publié le 04 avril 2011 par Cmasson

Il faut distinguer 3 zones:

DUEKUE :

La situation

Ville de 90 000 habitants située sur la ligne de « faille » Nord-Sud. La population résidente est constituée des deux principales ethnies, rivales, Guéré et Diola-Malinké. Déjà en juin 2005, la ville avait été le théâtre d’exactions d’une extrême violence.
Les violences de la semaine dernière (à dater du 28/03) ne sont qu’un remake de ce qui s’est passé précédemment. Lors de la visite le 3 avril, de François et Vincent, nous estimons à 20 000 à 30 000 le nombre de personnes qui étaient entassées dans la mission catholique, situation intenable tant la densité de population est élevée. Pire encore, on estime à plusieurs milliers (peut-être 10’000 à 15'000) la population qui a fuit en brousse craignant pour sa vie. La sécurisation des populations civiles est donc primordiale.
Les principales agences humanitaires se mobilisent mais sont entravées par des difficultés logistiques et sécuritaires immenses en raison de la paralysie de la capitale Abidjan, principal point d’entrée dans le pays.

Réponse ACF/humanitaire


Dans l’immédiat il y a urgence à intervenir dans le site pour assurer un accès à l’eau minimum et une propreté du site (ACF interviendra dès mardi 5/04). En effet, la densité de population est telle que la moindre infection se propagerait comme une trainée de poudre.

Pour la nourriture, le PAM réalise actuellement un enregistrement et prévoit de distribuer des rations pour 5 jours. Une pénurie alimentaire n’est pas écartée si l’approvisionnement en vivres demeure paralysé comme c’est actuellement le cas.
Après cette aide d’urgence il faudra rapidement trouver et équiper un nouveau site d’accueil adapté car tout le monde s’accorde sur le fait que la situation d’insécurité va perdurer encore plusieurs semaines. ACF s’est engagé à participer à l’installation du site, au niveau WASH et si nécessaire assistance alimentaire.

L’OUEST

La situation

Des dizaines de milliers de personnes ont fui leur village en raison des combats et des exactions. Entre la ville de Man et Duékué ont peut voir des villages entièrement vides, certains brulés.
Les populations ont là encore fuit en brousse où se sont réfugiés le long de la frontière du Libéria voisin : on parle aujourd'hui d'environ 110'000 personnes réfugiées au Liberia dans 90 villages - 85'000 réfugiés depuis fin février. Des témoignages laissent penser que les hommes y laissent leur famille en sécurité et reviennent régulièrement dans leur village pour surveiller leur terre (mouvement dit pendulaire).


Réponse ACF
Nut : Actions prévues pour aider la prise en charge des enfants malnutris dans plus de 20 structures de santé locales : Au moins 4 500 enfants malnutris modérés et sévères doivent pouvoir être traités et 50 agents de santé formés à la prise en charge de la malnutrition aiguë.
Caroline et Jules, nos nutritionnistes sur place disent que dans ces conditions l’accès aux populations est extrêmement difficile. C’est ce qui explique la faible fréquentation des centres de santé où nos équipes ont mis en place un renforcement en personnel et matériel pour la prise en charge de la population. Beaucoup pense que les gens se réfugient dans la médecine traditionnelle. Nos équipes vont lancer des campagnes de détection actives dans les communautés déplacées pour identifier les enfants malnutris et assurer leur prise en charge.
WASH : L’accès à l’eau et à l’assainissement est aussi un problème, une distribution de filtre à eau est en cours pour 2’000 familles mais c’est loin d’être suffisant nous dit Emmanuel le responsable EAH.
FOOD SEC : Enfin, si l’accès à la nourriture ne semble pas être un besoin immédiat il le sera fatalement dans les prochaines semaines en raison de l’effondrement de l’appareil productif et de la crise des liquidités (fermeture des banques). Julie, la responsable sécurité alimentaire propose 3 axes d’intervention d’urgence pour protéger en priorité les enfants en bas âge et les femmes enceintes et allaitantes.
- accès à une diversité alimentaire en distribuant des coupons pour produit frais (viande, poisson et légumes frais) qui aujourd’hui sont chers (cf. programmes Echo déposé vendredi, 2500 familles ciblés).
- protection des enfants de moins de 3 ans en mettant en place des cantines (populaires) dans les villes de Danané et Man (comme cela a été fait en Haiti). Au total, ce sont 7000 enfants de moins de 3 ans et femmes enceintes ou allaitantes qui recevraient une ration de bouillie enrichie (CSB-Corn Soya Beans) 6 jours par semaines durant 4 mois. Donc près de 800'000 rations au total réparties dans une dizaine de cantines (projet qui sera proposé à DFID aujourd’hui + MAEE qui se positionne (à conf).
- relance agricole là où les conditions le permette. Une première enveloppe a été obtenue de la FAO.
Intervention à la frontière coté Libéria :
L’afflux des réfugiés s’est fortement accéléré. Les équipes interviennent dans les camps et en dehors, grâce à des financements de l’UNICEF et du HCR.
Dans le camp : les installations en eau ont été construites et ACF peut distribuer à l’heure actuelle jusqu’à 120 000 litres d’eau par jour. En termes d’assainissement, des latrines ont été installées et des drainages sont effectués.
A la frontière : ACF lance une opération d’urgence pour installer une station de traitement de l’eau et distribuer à 15'000 bénéficiaires des tablettes qui permettront de purifier à domicile l’eau récoltée en surface.
Une intervention en nutrition est également en cours : une équipe ACF d’environ 20 personnes soutient  6 structures de santé locales pour le traitement de la malnutrition aigue.
Déjà, plus de 120 enfants atteints de malnutrition aigüe sévère ont été intégrés dans les traitements. Par ailleurs, le long de la frontière, plus de 500 enfants modérément malnutris ont bénéficié de distributions d’Aliments thérapeutiques prêts à l’emploi.

ABIDJAN

La situation

Le niveau d’information est très précaire. Si l’on considère les estimations du scénario catastrophe imaginé en décembre dernier (cf. bulletin humanitaire), ce sont entre 1 et 2 millions de personnes qui se sont déplacés en dehors de la ville ou en province, souvent dans des familles d’accueil mais aussi regroupées en site. La ville est actuellement sous couvre feu permanent. Nos équipes sont en hibernation dans la base d’ACF sécurisée. Le chef de mission est très inquiet pour la population qui au-delà de la peur d’être prise à parti se retrouve dénuée de tout moyen d’existence.


Réponse ACF
L’épidémie de choléra apparue il y a quelques semaines à Bromakoté, quartier défavorisé de la commune d’Adjamé de la ville d’Abidjan est hors de contrôle actuellement. En effet les opérations de prévention initiée par ACF en partenariat avec la Croix Rouge Ivoirienne sont actuellement stoppées. Près de 30'000 kits de traitement de l’eau et des articles d’hygiène sont en attentes d’être distribués. Dans ce chaos, l’absence de donnée de suivi épidémique est extrêmement inquiétante. Face à ce drame, ACF prévoit de pré-positionner du matériel dans le nord du pays pour pouvoir intervenir d’urgence dès que la situation sécuritaire le permettra. Là encore les besoins immédiats seront l’accès à de l’eau potable, des soins et probablement de la nourriture.
Envois d’un fret mercredi 6 avril : Départ Lyon 21h arrivée Man 5h00 avec 6 membres de l’équipe d’urgence et 30 tonnes de matériel : motopompes, réservoirs pour traiter  l’eau pour 12 000 personnes + produits nutritionnels pour la prévention ou le traitement de la malnutrition des enfants.
Photo prises à Duékué disponibles si besoin
Citations François Danel :

AFP : "Des centaines de personnes ont été massacrées" fin mars à Duékué, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, et les "exactions continuent", a déclaré dimanche à l'AFP à Paris par téléphone depuis Duékué, François Danel. "Je confirme qu'il y a eu des massacres de centaines de personnes à Duékoué" entre le 27 et le 29 mars, "Les exactions continuent", même si "je n'en ai pas été le témoin. J'ai rencontré plusieurs personnes qui m'ont affirmé que ce ne sont pas des dizaines, mais des centaines de personnes qui ont été massacrées"


"les risques d'exactions perdurent notamment pour des milliers de familles qui seraient cachées en brousse craignant pour leurs vies". Les "exactions ont lieu des deux côtés" et "il y a une vraie nécessité d'une présence de la communauté internationale".


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