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Le vote obligatoire

Publié le 05 avril 2011 par Alex75

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Nous connaissions le vieil adage républicain, le vote n'est pas simplement un droit, c'est un devoir. Et c'est sur cette base, que Laurent Fabius a fait mardi, une double proposition, pour lutter contre l'abstention. Après des élections cantonales pour lesquelles, plus d'un électeur sur deux s'est abstenu, Laurent Fabius propose de comptabiliser les votes blancs, et surtout de rendre le vote obligatoire, comme c'est le cas en Belgique.

Seulement, Laurent Fabius devrait être aussi prudent. Car stratégiquement parlant, cette proposition est dangereuse aussi pour la gauche, et le PS en particulier. Il est vrai, à chaque fois que l'abstention a dépassé les 50 % d'électeurs, les élus socialistes l'ont emporté (européennes, régionales, cantonales). Mais quand la participation a été plus importante, la gauche a mordu la poussière, en 2002 et en 2007. D'ailleurs, les sondages portant DSK au pinale, sont biaisés de la même façon. Sachant que près de 30 % des interrogés refusent de répondre aux sondeurs, et que 20 % refusent de choisir. Comme si Dominique Strauss-Kahn était devenu le candidat validé par un suffrage censitaire, excluant les classes les moins aisées de la société, que les incantations de l'entre-deux-tours des cantonales, n'ont d'ailleurs pas ramené aux urnes.

Contrairement au syndrôme du 21 avril 2002 et au branle-bas médiatico-politique de l'entre-deux-tours, le taux d'abstention ait resté identique. Certes, il s'agissait d'élections locales et le danger n'était pas le même. Mais peut-être aussi, que certains électeurs qui auraient pu suivre la voie des urnes, se sont dits que les élus de droite comme de gauche, n'ont pas eu non plus, beaucoup d'égard républicain pour leurs suffrages, en adoptant le traité de Lisbonne à l'Assemblée nationale. Mais sans s'écarter du sujet, il est en tout cas évident, qu'une abstention à presque 60 %, c'est un déni, voire un vote. Et plus précisément, un vote protestataire, un vote qui s'ajoute et parfois se substitue. Au soir du second tour des cantonales, le premier parti de France, c'était le parti de l'abstention. La montée du FN dans l'électorat populaire, devrait d'ailleurs inquiéter l'UMP, mais aussi le PS. Car c'est la France active, la France qui se lève tôt, la France en difficulté, qui s'abstient ou vote FN.

Nous sommes ainsi revenus en pire, à la situation qui prévalait politiquement, à la veille de la présidentielle de 2002. Un président sortant rejeté, mais sans d'appétance électorale pour la gauche. On ne devrait pas s'en étonner, car l'équipe de campagne est plus ou moins identique. Au PS, tiennent la corde pour la présidentielle : Martine Aubry, DSK et François Hollande. Nous les avons vus à l'oeuvre, de 1997 à 2002, les deux premiers en tant que ministre de la cohabitation, le troisième ayant reçu du premier ministre d'opposition, les clefs de Solférino. Mais même retour en arrière, à droite, où l'ancien candidat de la rupture avec Jacques Chirac, achève finalement son mandat avec un gouvernement chiraco-villepiniste. Et à côté du professionnalisme bienvenu de certains ministres, tous ont vite retrouvé les réflexes politiquement corrects, qui avaient asséché ce second mandat de 2002 à 2007.

Une abstention à près de 60 % s'apparente à un vote politique de défiance, à l'égard des grands partis de gouvernement. Imposer par la loi, le vote obligatoire, c'est aussi refuser de le voir et de l'entendre. Mais c'est peut-être le but de Laurent Fabius.

   J. D.


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