La banque espagnole BBVA et ESADE soutiennent activement les sociaux entrepreneurs

Publié le 05 avril 2011 par Tulipe2009


La banque espagnole Banco Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA), dont le siège est à Bilbao, est présente dans plus de 30 pays, notamment en Amérique latine et en Asie. Elle sert plus de 47 millions de clients dans le monde et emploie 104.000 salariés. Elle a dégagé en 2010 un résultat net de 4,6 milliards d’euros en hausse de 9,4%.
Elle a réalisé l’an dernier 45% de ses bénéfices en Espagne et au Portugal, 37% au Mexique et 19% en Amérique latine, le reste provenant des Etats-Unis ou de branches spécialisées comme la gestion d’actifs ou le corporate banking. De 2008 à 2009, le groupe financier ibérique a porté à 79 millions d’euros ses investissements en matière de RSE, soit respectivement 1,70% et 1,88% de ses profits annuels.
Antoni Ballabriga, responsable du Développement Durable du groupe BBVA, a accepté de répondre à nos questions en mars dernier, concernant un programme d’incubation de sociaux entrepreneurs, lancé avec une grande école espagnole.
BBVA a en effet signé en février un partenariat ambitieux avec ESADE
(Escuela Superior de Administración y Dirección de Empresas), une prestigieuse école de commerce et de droit située à Barcelone. Un projet, qui est aussi apparu comme une évidence à Eugenia Bieto, la Directrice Générale d’ESADE.
Ce programme baptisé The Momentum Projecta pour but de favoriser le social business. 10 entrepreneurs sociaux vont être sélectionnés pour bénéficier d'un programme complet d'accompagnement. La valeur marchande de la formation est estimée à 50.000 euros par participant.
D’autres sociétés comme PwC et Stone Soup vont également apporter leurs expertises. Ce programme innovant s’inspire d'ailleurs du Global Social Benefit Incubator (GSBI) de l’Université de Santa Clara en Californie.
Pour postuler à ce programme, qui dure 10 mois, et qui vise à bétonner le projet, le business plan et la présentation à des bailleurs de fonds, les candidats doivent avoir au moins trois années d’existence. Mais, le créateur doit aussi avoir constitué une équipe et être en mesure de démontrer un impact social manifeste. Il doit aussi avoir de l’ambition et posséder la bonne idée pour se développer.


Q : Quel a été le point de départ de ce partenariat innovant?
AB : Nous avons commencé à réfléchir au Projet Momentum il y a un an. En effet, nous avons acquis une réelle expérience dans le domaine de la microfinance, qui est l’une de nos priorités, mais il apparaît nécessaire de compléter ces micro-prêts par un soutien à la création d’un tissu économique plus dense sur le plan local, avec de vraies entreprises. Le social business, avec des projets qui collent aux besoins de la société, peut favoriser son émergence. En effet, ces entreprises innovantes peuvent imaginer de nouveaux modèles pour répondre à des problèmes endémiques comme les questions de santé, l’accès au transport, aux technologies, au dernier échelon de la pyramide.
Dans cet esprit, les projets soutenus dans le Momentum Project doivent générer de la croissance durable et être réplicables. Le processus de sélection est en cours. Le cursus initial prévoit d’accompagner 10 créateurs, environ 8 en Espagne et 2 au Portugal. Il est prévu un mentoring par un salarié de BBVA et un étudiant de MBA de ESADE. Les porteurs de projet, qui doivent avoir déjà initié leurs projets depuis 3 ans, auront aussi la possibilité de rencontrer des investisseurs.
La co-création avec ESADE est apparue logique. Notre volonté est de participer au programme, mais nous n’avons pas vocation à figurer au centre. Le succès du projet repose donc également sur les efforts cumulés d’autres partenaires comme Ashoka Emprendedores Sociales. La Fondation Skoll fait aussi partie du Comité scientifique.
Q : Comment allez-vous décliné ce programme à l’étranger ?
AB : Ce projet va être étendu en 2011 à l’Argentine, à la Colombie, au Mexique, au Pérou et au Venezuela, en tandem avec Ashoka et d’autres organisations locales. En Amérique latine, les ressources affectées au projet Momentum sont moins importantes que dans la péninsule ibérique et nous avons besoin de nous appuyer sur des écoles de commerce leaders du SEKN (The Social Enterprise Knowledge Network) comme la Pacific University à Lima ou Los Andes University à Bogota.
Q : Quelles sont vos relations avec le monde associatif ?
AB : BBVA dispose d’alliances anciennes avec des ONG. Nous avons ainsi aidé de nombreuses associations à devenir plus professionnelles, à renforcer leurs ressources financières et à améliorer leurs modes opératoires (know how) et leurs connaissances (Knowledge).
Dans le domaine du handicap, nous sommes partenaires de la Fundación ONCE (Foundation for Cooperation and the Social Integration of People with Disabilities). Sur le plan environnemental, nous travaillons avec Fundación Ecología y Desarrollo.
Q : Lors de votre dernière assemblée générale, le 11 mars 2011, la question de vos investissements dans le secteur de la Défense a été posée par certaines ONG, notamment Bank Track, Observatorio de la Deuda en la Globalización (ODG) et la Federación SETEM.
Qu’en est il vraiment ?

AB : Sur la question de l’armement, BBVA a été ciblée en priorité en Espagne, il y a 4 ou 5 ans, en raison de notre engagement précoce dans le domaine de la RSE. Nous nous sommes désengagés des armes à dispersion (Cluster Munition Coalition), il y a 2 ou 3 ans. Nos asset managers y font attention. Cependant, certains de nos clients ont acheté des OPCVM à gestion indicielle. Or, certains indices intègrent des actions émises par des industriels de l’armement, comme Lockheed Martin. Nous sommes ouverts à de nouvelles réunions sur ces sujets avec nos parties prenantes pour trouver des pistes d’amélioration.

Pour aller plus loin :
http://momentum-project.org/
http://www.esade.edu/
http://www.sekn.org/
Pour en savoir plus et se tenir au courant quotidiennement sur le thématique de toutes les solidarités, dont le social business, le site Youphil et sa lettre professionnelle.
http://www.youphil.com

www.bancaparatodos.com