Par Lucie Blanchard.
Le préfet du Rhône, Jean-François Carenco, a fait le point lundi 4 avril, sur le dispositif d'accueil d'urgence dans le Rhône. Alors que le plan hivernal touche à sa fin, le préfet ne laissera pas tous les sans-abri sans solution. Il a prévu d'offrir des places d'hôtel aux mères et à leurs enfants de moins de dix ans. Uniquement à celles déjà hébergées pendant la période hivernale dans le cadre du plan froid. (actualisé le5 avril à 14h54).
Alors que les associations se désespéraient depuis plusieurs semaines de la fermeture annoncée des gymnases qui accueillaient les sans-abri depuis le début de l'hiver à Lyon, le préfet Carenco a rompu ce lundi le silence qui prévalait pour les services de l'Etat durant la période électorale. Entouré du nouveau préfet à l'égalité des chances et du directeur départemental de la cohésion sociale, il a d'abord ré-expliqué que le dispositif spécifique aux mois d'hiver, le plan hivernal (01/11-31/03) était le résultat d'une “politique nationale” et n'avait pas vocation à durer toute l'année. “470 places d'accueil ouvertes, en plus, cet hiver vont donc progressivement fermer”, a précisé le préfet.
Néanmoins, a-t-il rappelé, l'Etat consacrera encore cette année près de 32 millions d'euros, comme en 2010, à l'accueil et au logement des plus démunis, “l'équivalent du budget d'une ville de 30 000 habitants”, une situation propre “aux gros départements urbains”, a précisé Gilles May-Carle.
Traitement de faveur pour les femmes avec enfants
Que deviennent les 110 personnes en moyenne qui ont logé cet hiver à tour de rôle dans les gymnases Bellecombe (140 places), Clémenceau (110 places) et Gabriel Rosset (140 places); les 110 personnes en moyenne qui étaient accueillies dans l'ancien séminaire Saint Irénée (Lyon 5e) ? Les 120 personnes qui logeaient à l'hôtel ? Les 100 SDF accueillis en plus en CHRS ? Et ceux de la halte de nuit (30 personnes) ?
Le préfet a indiqué ce lundi avoir donné “l'instruction au 115 que les femmes avec enfant de moins de 10 ans fassent l'objet d'un traitement extra-budgétaire, c'est à dire qu'on leur paie une nuit d'hôtel”. “Pas pour toute la famille ! a immédiatement précisé Jean-François Carenco, car on a flux migratoire important, je ne veux pas donner le signal d'appel qu'il suffit de venir à Lyon pour être hébergé”.
Ce mardi, au lendemain de son point presse, Jean-François Carenco, a même cru bon de préciser que “la mise à l’abri des mères de famille accompagnées d’enfants de moins de 10 ans ne [concernerait] que les personnes précédemment accueillies dans le cadre du plan hivernal du département du Rhône”.
Au total cette prolongation exceptionnelle de mise à l’abri ne devrait concerner, selon la préfecture, que “30 à 40 personnes maximum soit une quinzaine de mères”.
144 sans-abri évaporés
Quand aux autres, le préfet a indiqué que 80 personnes prises en charge dans le cadre du plan hivernal avaient accepté l'aide au retour dans leur pays d'origine, 170 autres auraient accepté des places pérennes en CHRS et 46 autres seraient accueillies à la Maison de Rodolpe. La halte de nuit, a promis le préfet, restera quand à elle ouverte toute l'année. Les 144 autres ? Ils se seraient évaporés dans la nature, a admis le préfet.
En tout, les 2756 places en centre d'hébergement d'urgence dans le Rhône : 1 000 en centres d'hébergement d'urgence, 1 500 en centres d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et 256 en maisons-relais sont toutes occupées actuellement. Le préfet rappelle que, l'année dernière, 990 personnes ont été sorties de ce dispositif d'accueil d'urgence pour accéder au logement social avec ou sans accompagnement social. Un objectif de 1000 a été fixé cette année.
Faire baisser le coût des CHRS
Le préfet en a par ailleurs profité, lundi 4 avril, pour donner les grands axes de sa politique en matière de logement social dans le Rhône en 2011. Il s'est fixé comme but cette année de “travailler avec les associations pour faire baisser le coût des CHRS”. Un coût qui varie du simple au triple en fonction des centres, “donc il y a vraisemblablement des gens qui dépensent trop et d'autres qui ne dépensent pas assez”, analyse-t-il. Jean-François Carenco veut aussi développer les maisons relais et passer de 256 places aujourd'hui à 450-500 places à la fin 2011. Sur ce sujet, il aurait réussi à convaincre le président du conseil général, Michel Mercier, de consacrer 500 000 euros par an au développement des maisons-relais dans le Rhône.
Enfin, le préfet souhaite améliorer en 2011, l'accompagnement social des sortants de CHRS. Pour cela, il a notamment demandé d'avancer de 6 mois la sortie du nouveau Plan départemental d'action pour le logement des personnes défavorisées (PDALPD), en liaison avec la commission Dalo. Le plan est prévu pour décembre 2011, alors qu'il était attendu initialement pour juillet 2012.
Pas plus de 20 personnes à la rue chaque soir
Sur la polémique avec les associations sur le nombre de personnes laissées à la rue chaque soir à Lyon, le préfet a estimé lundi qu'elles n'étaient pas plus de 20 à dormir dehors chaque soir à Lyon. Les associations estimant leur nombre à 500 certains soirs. Le préfet explique ce différentiel par le distinguo qu'il fait entre les personnes logées dans des squats, chez un tiers ou dans leur famille et celui des personnes réellement à la rue. Et pour ramener ce nombre à zéro, il explique notamment avoir rallongé les maraudes du Samu social cet hiver jusqu'à 2h du matin.
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