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Interview de Robert Pattinson pour Madame Figaro

Par L'Autre Monde @LautreMonde1

Interview de Robert Pattinson pour  Madame Figaro

Madame Figaro. – Vous tournez beaucoup. Outre les deux derniers épisodes de la saga "Twilight", on vous verra en juin dans "Bel Ami", de Declan Donnellan et Nick Ormerod, et prochainement dans "De l’eau pour les éléphants", de Francis Lawrence. Qu’est-ce qui vous a attiré dans le rôle de Jacob Jankowski, dresseur d’animaux dans un cirque ?

Robert Pattinson. – D’abord, le livre de la jeune romancière Sara Gruen, un incroyable succès aux États-Unis, dont l’action se situe dans les années 20 au sein d’un cirque ambulant. Soudain, avec ce rôle, j’avais l’opportunité de quitter la modernité fantasmée de Twilight, de vivre parmi des animaux, de toucher au concret des choses.

Vous semblez attiré par le passé romanesque...

Oui, j’aime entre autres l’histoire de l’Amérique, cela m’intéresse. En lisant le scénario, j’ai immédiatement accroché. Cela me paraissait évident et facile. Jacob est un être tourmenté et mystérieux. Il a perdu ses parents, il ne veut pas qu’on fouille dans son passé et s’il intègre ce cirque ambulant, c’est pour y faire ses preuves en tant que vétérinaire. Il ignore qu’il va aussi y vivre un amour violent et interdit.

Votre profil se précise : celui d’un être solitaire, incompris et très attirant. C’est un point commun à tous vos personnages.

C’est vrai. Comme si Edward, le héros de Twilight, était le fil rouge de tous ces rôles. Jacob voit les choses en noir et blanc. Quant à Edward, il distingue en permanence le bien du mal. Dans un certain sens, mes personnages sont manichéens. C’est pourquoi j’essaie de leur apporter une complexité intérieure.

Interview de Robert Pattinson pour  Madame Figaro

Et pour Bel Ami, comment avez-vous travaillé ? Georges Duroy, le héros du roman, est plus âgé que vous.

Cela m’a fait hésiter. Et puis je me suis lancé parce que Maupassant est mon auteur français favori. Bel ami est un grand classique indétrônable. Avec Uma Thurman, Kristin Scott Thomas et Christina Ricci, mes camarades de jeu, nous nous sommes beaucoup amusés. J’ai concentré mon jeu sur sa grande liberté d’action.

Bel Ami est un animal, c’est mon premier personnage complètement cynique et paradoxalement assez honnête. Mais il est destructeur. Il joue une sorte de jeu où personne ne respecte les règles, où tout le monde a des liaisons, un grand simulacre mondain où l’important est de feindre. Lui s’en fiche, il ne fait que ce qui lui plaît, et c’est cela précisément qui plaît aux femmes.

Un peu comme vous en somme...

Oh non ! Je n’ai rien d’un don juan. C’est une chose qui me dépasse et qui est finalement assez cool, toutes ces fans qui me prennent en photo, ces blogs, ce buzz. Franchement, je n’ai aucun sex-appeal. Il suffit de se balader à Los Angeles, à Londres ou à Paris pour trouver une flopée de jeunes types comme moi. Je ne suis pas James Dean.

 

robert pattinson

Il y a un aspect rebelle en vous, un côté dark. Qui sont vos modèles, vos acteurs fétiches au cinéma ?

De James Dean qui n’a tourné que trois films, j’aime Géant, avec Elizabeth Taylor. Mais pour moi, la grande icône des années 60, c’est Marlon Brando, avec cette espèce de rage intériorisée, cette dualité entre virilité et tendresse cachée. Je suis aussi fan des films de gangsters avec James Cagney et Paul Newman, surtout dans Luke la main froide. Et chez les actrices, j’adore Isabelle Huppert et celles de l’âge d’or de Hollywood comme Ava Gardner, l’incendiaire, et Katharine Hepburn, si classe, si rugueuse et si drôle. Kristen Stewart, dont j’admire le jeu, a un petit côté Hepburn.

Audrey plutôt que Katharine ?

Non, Katharine. Je ne suis pas fan d’Audrey. Je sais qu’elle plaît aux filles de ma génération, mais je la trouve un peu trop girly.

Quel genre de femmes vous attire ?

Je ne déteste pas les intellos. Pour qu’une fille m’attire, il faut qu’elle soit un peu déterminée, qu’elle ait une idée sur le sens de la vie, qu’elle lise beaucoup. Mais je ne peux pas dire que je préfère les blondes, les brunes ou les rousses. J’aime les émotives, les élégantes – au sens où l’élégance requiert de savoir ce qui vous va ou pas. Les vêtements de marque, parce qu’ils sont chers, ne garantissent pas un bon look. Je pense qu’on doit surtout rester soi-même. Ceci dit, j’adore l’allure Chanel, et cela même chez de très jeunes femmes !

robert pattinson,shooting

Et vous, êtes-vous une fashion victim ?

Vous voyez la veste anthracite que je porte aujourd’hui ? Eh bien, je l’ai retrouvée chez moi dans une vieille valise. Je l’avais à 15 ans. C’est une Agnès b., cuvée 90, et elle me va toujours. Sinon, je suis fan de Marc Jacobs, Proenza Schouler pour les filles et les garçons, et j’achète pas mal de pantalons chez Dries Van Noten.

La mode est très importante y compris au cinéma. Je pense par exemple au travail qu’a fait Jean Paul Gaultier sur le Cinquième Élément : son design signait le film.

Vous portez un parfum ?

Le mien, mon odeur corporelle. (Rires.)

Quel est le projet qui vous tient actuellement à coeur ?

Eh bien, un matin, le téléphone a sonné et c’était David Cronenberg au bout du fil. Il me proposait de jouer dans son prochain film, Cosmopolis. C’était un peu comme si Hitchcock me sollicitait. Cronenberg est un immense metteur en scène. Les bonnes nouvelles se sont ensuite accumulées : Juliette Binoche me donnerait la réplique, et aussi ce réalisateur-acteur français très doué, Mathieu Amalric. Cerise sur le gâteau, il s’agit de l’adaptation d’un roman de Don DeLillo, un de mes auteurs préférés. Le rôle est très dur, une folle journée dans la vie d’un millionnaire dont la vie va basculer en vingt-quatre heures. Je suis en train de le tourner, c’est vraiment excitant.

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Que faites-vous de vos journées quand vous êtes en mode farniente ?

Eh bien, le problème, c’est que je ne connais plus le farniente. Je tourne tout le temps. Ma vie se réduit au travail, et d’ailleurs, je n’ai plus de chez moi. Mon chez moi, c’est l’hôtel. Évidemment, votre chambre est faite tous les jours, il y a des avantages, mais je commence à me sentir un peu déraciné. Je pourrais même lister les hôtels que je préfère à travers le monde : à Rome, c’est le Bernini Bristol, un charmant palazzo, et à Paris, Le Crillon. Dès que j’ai une heure devant moi, je joue de la guitare mais surtout je lis, je dévore.

Des auteurs modernes ?

Un peu de tout. J’ai commencé Underworld de Don DeLillo et j’ai une prédilection pour le romancier français Michel Houellebecq. Dans le Sens du Combat, il écrit cette phrase qui résonne beaucoup en moi : « Nous avons traversé fatigues et désirs sans retrouver le goût des rêves de l’enfance. » Je me sens proche des héros de Houellebecq…

Source:Madame Figaro


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