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Culture G(eek) : le light novel, manga sans image…

Publié le 06 avril 2011 par Brokenbird @JournalDuGeek

Des romans extrêmement succins, des intrigues à peine ébauchées et des situations tirées du manuel du bon petit mangaka… Le light novel, ce format de roman venu du Japon porte décidément bien son nom. Phénomène de société incontournable, il est devenu en quelques années une des principales sources d’inspiration des éditeurs de manga et de dessins animés japonais (Suzumiya Haruhi ou le grand classique de l’animation Slayers, sont des adaptations de light novel). Il peine néanmoins à s’imposer en France, pourtant un marché ultra-favorable à la culture populaire japonaise. Alors que le deuxième volume de Library Wars (gros succès au Japon avec près de 1,5 millions d’exemplaires vendus) sort chez Glénat ce mois-ci, voyons un peu ses forces, et de ses faiblesses…

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// Le light novel, c’est super cliché

Dans le cas de Library Wars, il s’agit d’un roman d’anticipation. Dans un Japon moderne, la Loi d’Amélioration des Média permet à des fanatiques ultra conservateurs de mener une chasse aux livres dans tout le pays. Les seuls asiles pour les écrits condamnés sont les bibliothèques municipales qui se sont organisées en groupes armés et entraînés à réagir à toute forme d’agression de la part du gouvernement. C’est dans ce contexte que l’on suit la formation d’Iku, une jeune recrue plein de fougue au cœur romantique… On se situe là plutôt dans le genre de la « tranche de vie », saupoudrée d’une vague intrigue amoureuse à base de prince charmant oublié, et de quelques intrigues politiques ou militaires. Effectivement, à la lecture des différents chapitres du roman, on se croirait face à un synopsis pour un shojo manga. Tous les codes du genre sont présents : quiproquos, dialogues humoristiques, situations « types » : le chevalier au secours de sa bien-aimée, le rapport de force avec le camarade trop zélé, la visite des parents, il ne manquait plus que l’épisode de la fièvre qui fait rougir le héros. Mais il reste encore deux volumes à paraître, rien n’est perdu ! Les personnages eux-même font invariablement penser à des héros déjà connus : il y a la grande jeune fille énergique, pas très douée mais au cœur pur, la beauté manipulatrice aux répliques classes, le héros fougueux et distant qui l’aime de loin, le supérieur placide prêt à se moquer de ses semblables… Et étonnamment, ça fonctionne. On se surprend à visualiser la scène assez précisément. Et tous les personnages arborent de grands yeux et des petites bouches, bien sûr.

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En version roman…

// Le light novel, c’est super court

Le ton est léger, le style épuré. L’intrigue avance extrêmement vite. On termine le roman en une poignée d’heures, avec la désagréable impression que l’histoire n’a pas été conclue (sans mauvais esprit, cette rubrique est tous publics !). Il faut dire que la sérialisation rend parfois les épisodes un peu anecdotiques. Car au Japon, les light novel sont publiés sous forme de feuilletons, comme les mangas ! L’intrigue est donc divisée en courts chapitres au rythme bien calibré : statu quo, élément perturbateur, résolution… Et les écrits les plus populaires font l’objet de parution sous format relié, comme pour les mangas. C’est ainsi que certaines collections de ces « romans » peuvent atteindre une taille raisonnable (les Douze Royaumes, six romans disponibles aux éditions Milan dans leur petit format d’origine) à respectable (un vingtaine de romans pour Shakugan no Shana, parfois plus…). Alors forcément, on a un peu l’impression de se retrouver face à de la littérature jetable. Autant vous dire que les tarifs pratiqués par les quelques éditeurs français qui s’y sont essayés sont bien loin de ceux des mangas. En fait, ils sont commercialisés comme des romans classiques, et si le ratio argent/temps vous inquiète, vous risquez d’être déçus. Pour autant, la lecture extrêmement aisée de ces textes, ainsi que l’immédiateté du plaisir procuré en font de vrais moments de détente.

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…En version manga…

// Le light novel, c’est une arnaque ?

La lecture, certes agréable mais extrêmement courte de Library Wars laisse sur sa faim. L’obligation d’attendre plusieurs mois avant de connaître la suite de l’histoire donne la désagréable impression de se retrouver face à un manga qui n’en est pas un. On serait tenté de se rabattre sur le manga, justement, tiré de l’œuvre, et disponible aussi chez Glénat. L’adaptation, extrêmement fidèle, permet de revivre à l’identique les événements des premiers volumes. Tout juste ajoute-t-elle des visages aux personnages qu’on avait imaginés… Honnêtement, l’expérience est déstabilisante. Pour un lecteur un tant soit peu exigeant, la qualité littéraire du light novel est inexistante. On a clairement l’impression de se retrouver face à un sous-produit culturel, sorte de passage obligé pour les scénaristes de manga qui ne savent pas dessiner. Un pari en quelque sorte, pour se faire remarquer. Pourtant, il faut avouer que certains amateurs de manga pourraient bien y trouver du plaisir, dans la liberté que son absence de descriptions offre à l’imaginaire. En revanche, les tarifs pratiqués par les éditeurs français, plus proches de ceux de la littérature classique que des manga, laissent perplexe. Presque 15€ pour une lecture somme toute assez primaire et de maigre qualité, c’est toujours plus qu’un roman de gare en format poche…

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… Et en anime !


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