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J'irais cracher sur leurs tombes

Publié le 06 avril 2011 par Poch

Le lobbying : un gros caillou dans les rouages de la démocratie

Encore un coup de gueule dans le vide, contre le vice de l'homme qui semble sans limites, la cupidité. Vice humain, trop humain, omniprésent chez les individus acteurs qui font ce que le système économique dominant actuel devient, ou l'argent fait plier sous son poid toute éthique. Mais sur ce sujet, je veux parler plutôt de cette partie émergée qui a pris le pouvoir : le monde des finances déregulées, des banques aux inventeurs de produits dérivés, contrés par d'autres produits tout aussi toxiques assurant la défaillance des premiers, le tout contrôlé et supervisé des institutions et agences de notations douteuses. Les politiciens étant ou les dominés dans cette affaire ou des complices impuissants.
Je prolonge donc le billet du développement durable de la crise, et ton intuition vitale, Fabou, quant à l'éradication du monde de la finances dérégulée. En effet, même si la raison pourrait aboutir aux mêmes conclusions quant à son éradication, j 'aurais comme toi Fabou, des vues aussi radicale. Alors, pas vraiment envie de prendre de gants ou de croire en la réflexion d'experts et de dirigeants qui s'enlisent déjà pour reprendre ces mêmes conseillers fumeux.
L'histoire nous rappelle que certains esprits libres et philosophes ont dénoncés des systèmes de pensée dominants et tyranniques crées par l'homme, la religion ou tout autres systèmes de jugement moraux et de valeurs les éloignant d'une connaissance vraie. Bref, on a fait déjà un sacré tour de la question de la nature humaine et de son esprit, et les sciences humaines et comportementales modernes nous en apprennent toujours davantage sur la psychologie de cet animal doté d'un cortex cérébral, l'homme mais qui pour certains, les dominants, l'utilisent à mauvais escient pour créer des structures et systèmes qui le conduisent à la folie, en tout cas toujours plus près du mur. Il faudrait à nouveau faire revivre de tels sauveurs (Nietzsche et Spinoza me viennent en premier), pour s'attaquer de front aux problèmes brûlants du moment, car si à d'autres époques le tyran étaient le prince ou le prêtre, sous quel masque agit-il aujourd'hui impunément imposant ses vues, son système de pensée, ou sous quelle figure se cache t-il ?
Aujourd'hui ce n'est plus le système religieux qu'il faut dénoncer, mais un système où ses processus sont corrompus par la cupidité de l'homme. Ce système est devenu le poul signe de santé des échanges économiques mondiaux et qui pèse bien plus sur la vie des hommes au jour le jour. Pas un jour, sans qu'une note  ou "fatwa" tombe dictée par je ne sais quelle agence, dégradant tel ou tel pays (grèce, portugal...), ces mêmes agences qui quelques jours avant l'éclatement de la bulle et la crise de 2008, notaient sans scrupule AA ou AAA les institutions financières qui ont fait faillite.

Ce trio ( Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch) qui domine – voire qui administre – les marchés financiers depuis 1990 – en fait depuis l’avènement de la globalisation et de l’ère technologique – distribue les points, pénalise, punit ou porte aux nues avec une dose d’arrogance et une immense auto satisfaction tout ce qui se négocie en terme obligataire sur les marchés financiers de ce monde.

Pour autant, en vertu de quelle loi divine ou autre tradition ancestrale des personnages ne disposant d’aucun mandat électif s’arrogeraient-ils autant de pouvoirs sur les dettes souveraines de nos pays et, par voie de conséquence, sur nos vies quotidiennes? Loin d’être des entreprises à but non lucratif, ces agences sont en effet directement intéressées par réaliser des profits en conflit d’intérêt souvent patent avec les sociétés qu’elles sont appelées à noter. Qui sait que Moody’s a gagné 2 milliards de dollars en 2010?

Sources : Notons les agences de Notation - Michel Santi - Economiste et analyste financier

Pour avoir une idée claire et distinctes de ces processus quitte à mettre un visage sur des types peu scrupuleux mais toujours impunis à ce jour, il suffit de regarder "Inside Job" (dispo dans l'espace de poch).
Très bon documentaire coup de poing sur ce monde de fous qui explique en 5 actes la naissance, le renforcement à l'avènement de la crise prévisible et annoncée malheureusement par des certains dominés allant à l'encontre d'un système dominant qui avait finalement tout à gagner et pas grand chose à perdre. Pour diminuer la prise de risque aux maximum, il faut la diluer... rien de plus simple, déréglementer, pour ainsi fusionner et devenir de plus en plus géant, ainsi vous courrez plsu grands risques car on vous sauvera.


Inside Job - Bande-annonce - VOST

On peut se poser la question : pourquoi Un ingénieur financier gagne de 10 à 100 fois plus qu'un ingénieur classique, fabriquant des ponts ou créant je ne sais quelle techno réelle ? Le premier, avec ses maths et ses stats vend du rêve, des rêves qui aiguise l'appétit et la soif, mais ces rêves se transforment vite en cauchemars pour le reste du monde. Mais au final il y a du fric, même beaucoup, tellement qu'il n'est pas étonnant que cela puisse tout autant arroser les lobbyistes et conseillers des différents pouvoirs économiques, les experts économistes noyés jusqu'au coup de conflits d'intérêts entourant de très près les politiciens qui leur facilite la manoeuvre, pour finir par des bonus qui se comptent en centaines de millions de $ pour les dirigeants des banques et ses membres du CA, ou ceux des agences de notations et autres institutions et fonds d'investissements spéculatifs. Le nombre de zéros derrière $ cités dans le film donne le vertige, et l'on aurait pas de mal à savoir ce que l'on pourrait bien faire avec tous ces zéros, s'ils n'étaient pas toujours dans les poches d'un tout petit nombre.
Comment rester impassible devant l'impunité des délinquants en cols blanc qui ont toujours leurs place aujourd'hui près d'Obama...
On reprend les mêmes et on recommence...et par chance et risques systémiques conjoints, la prochaine fois sera la bonne, ce système implosera de lui-même. On peut se dire qu'après tout ce n'est pas si grave, que l'homme survivra sûrement à l'effondrement d'un système économique pourri, et que toutes ces tentatives sont nécessaires pour ensuite les abandonner et les dépasser.

Et du coté de notre chère Europe ? le lobbying ou la corruption légale se serait-elle généralisée ? 

le Parlement européen ne dispose ni d'un code d'éthique ni même d'un comité d'éthique. Le registre des lobbies mis en place par la Commission en 2008 fonctionne sur la base du volontariat et "seule une minorité de lobbyistes y est enregistrée". Un peu plus de 4 700, quand on estime à 15 000 le nombre de lobbyistes travaillant à Bruxelles

A Bruxelles, les lobbyistes sont « les garants de la démocratie ». Il y a quelques jours, des journalistes du Sunday Times ont proposé de l’argent à des euro-députés en se faisant passer pour des lobbyistes. Près d’un quart (25%) ont mordu à l’hameçon. Est-ce à dire que la corruption soit généralisée au Parlement européen ?

 


Le 7 mars 2011, le comité des affaires économiques du Parlement s'est prononcé sur des amendements apportés à un texte de la Commission (destiné à réguler des produits dérivés, les Credit Default Swaps). Le Corporate Europe Observatory conclut son étude sur la question :

[...] Ainsi, huit eurodéputés de différents groupes politiques et de différents pays ont déposé des dizaines d'amendements identiques. Ce qui suggère fortement que ces amendements viennent de l'extérieur du Parlement, vraissemblablement de lobbyistes de l'industrie des produits dérivés. Dans au moins deux cas, nous avons obtenu le texte écrit par les lobbies financiers et ils sont identiques à ceux soumis par les députés.

Ces amendements inspirés par le secteur bancaire ont finalement été rejetés à une large majorité, grâce aux amendements de compromis proposés par le rapporteur du texte Pascal Canfin.

Autre exemple : un clip diffusé sur EuroparlTV assure que "pas moins de 1 600 amendements ont été mis sur la table" pour une directive concernant la régulation des fonds spéculatif. Le CEO, s'appuyant sur des sources internes au Parlement, estime que plus de la moitié ont en fait été écrits par les lobbies du secteur.

Source : http://fr.myeurop.info/2011/03/22/corruption-quatre-eurodeputes-pieges-p...

Pour se rapprocher un peu plus de chez nous, la France, l'association Regards Citoyens vient encore de frapper fort avec son étude sur les groupes de pression et d'influence au sein de l'Assemblée Nationale. Ce n'est pas leur première initiative, il y avait déjà eu auparavant : Nos Députés, un observatoire citoyen sur l'activité Parlementaire. Dans les deux cas le but est le même : briser l'opacité ambiante et forcer la transparence.

Je conseille aussi Pas vu pas pris, (1998) Pierre Carles. Documentaire dénonçant le lobbying entre les médias audiovisuels et le pouvoir. Ce documentaire a été interdit de diffusion sur toutes les chaînes hertziennes.

Au début du billet, je parlais de cupidité sans limites. Comme il est assez rare de voir un sénateur américain dénonçant ce vice devant le congrès américain, je vous laisse découvrir ce gros coup de colère !

Pour sortir de cette belle merde et rejoindre le volet économique utopiste de poch, à moins de continuer à attendre l'arrivée du sauveur ou surhomme, j'imagine plutôt la transparence totale de ces systèmes, des lois et normes qui les gouvernent, comme on sait si bien le faire dans d'autres domaines d'applications, et qui permettront d'assurer les contres-pouvoirs nécessaires à son évolution sinon à sa survie. Ce mouvement de libération des données semble en marche, je veux parler de l'open data. Voila sans aucun doute, un moyen pour mettre en oeuvre la démocratie dans une  "libre république" qui aurait plu à Spinoza. Si cela ne se fait pas de façon concertée par les futurs hommes libres, pour le reste de ces informations de bien public restées secrètes, et d'autres se chargeront d'en dévoiler les informations... openleaks ou wikileaks.

Celui qui maitrise la production des métadonnées a un pouvoir sur la mémoire collective : il peut conditionner les débats publics et les apprentissages. Avec le numérique, cette production qui était autrefois top down devient bottom up, ce qui modifie la production et la diffusion des savoirs, qui n’est plus l’apanage des seuls pouvoirs constitués (politiques, religieux, industriels…) – l ’exemple typique de ce transfert étant Wikipédia. 

Tout ce qu'il faut savoir sur l'open data : http://www.rslnmag.fr/tags/open-data/

Pour finir avec l'humain, trop humain de Nietzsche, duquel on ne sort pas indemne :

§468 - innocente corruption

Dans toutes les institutions où ne souffle pas l'air vif de la critique publique, il pousse une innocente corruption comme un champignon (par exemple dans les corps savants, les sénats)

Pour sourrir un peu quand même, où la fiction rejoignait déjà la réalité.

 

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