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Journaliste en Syrie #1 les communication

Publié le 06 avril 2011 par Jujusete

Billet écrit à Damas, le 2 avril, impubliable depuis la Syrie pour des raisons de sécurité.

C’est parfois un métier bien spécial que nous faisons.

La Syrie m’aura au moins appris cela. L’état d’urgence, en place depuis 1963, donne accès aux autorités à toute communication : téléphonique, électronique… Les écoutes sont légales.

Par ailleurs, elles ont aussi la possibilité d’arrêter tout « suspect » qui mettrait hypothétiquement en danger la sécurité de l’Etat.


La première chose qui m’a choquée à Damas est l’enregistrement systématique de vos données personnelles lorsque vous achetez une carte Sim : empreinte électronique du pouce gauche, scan de la première page du passeport mais aussi de certains visas (Laos, Singapour…) dont je ne sais pas pourquoi ils ont été choisis.

En gros, si vous avez le malheur d’en dire un peu trop au téléphone, gare à vos miches ! toutes les personnes rencontrées ici y font vachement gaffe. On parle en codes, je suis plutôt douée pur les références à Star Wars.

Tortous.JPG

Idem dans la rue, les rues de Damas sont truffées de portraits du président et depuis trois semaines les habitants y vouent un culte digne d’une rock star. Aux quelques portraits officiels, ont succédé des autocollants à son effigie dans les vitrines, des posers à l’arrière des taxis, etc… Avec Alep et Homs, la capitale est un des foyers des partisans du pouvoir en place. Impossible, donc, de parler ouvertement de révolution avec les gens. Impossible aussi, de parler de sa qualité de journaliste. Selon lavis général : ne faire confiance à personne. Mais comment faire, alors, pour aller chercher de l’info auprès des gens ?

Pour le téléphone, j’ai eu un poil de chance. En fait non, une bonne touffe, plutôt.

Je passe 20 minutes dans la boutique du bonhomme avec mon double backpack habituel, il copie tout ce qu’il a à copier pour être un bon soldat de l’empire, le portrait du président, à côté de sa femme, un enfant dans les bras, est accroché au dessus de son bureau. Puis je pars direction un café Internet quand l’employé chevelu me poursuit dans la rue.

« On a un problème, madame, il faut revenir à la boutique… » bredouille-t-il moitié en arabe, moitié en anglais.

Et pourquoi donc ?

On na pas réussi à enregistrer votre passeport et… »

Lucky star ?

Je n’avais rien contre ce pauvre gars mais j’ai joué les pseudo touristes en colère… Je me suis mise en crier en plein milieu e la rue, en anglais, que j’avais déjà passé un temps fou dans sa boutique, payé « très cher », qu’ils n’étaient « pas pros » et tout le bla bla du touriste mal servi.

Le gars, qui ne comprenait qu’un mot sur deux, téléphone à son chef, sur qui je gueule aussi parce que oui, je suis fatiguée, mon sac est lourd, je dois retrouver un ami et il m’a mis en retard etc… « mais venez demain, ca ne presse pas… je suis désolé… »

Ben voilà !

Demain, c’était hier. Et je ne suis bien entendu pas allée du côté de la boutique. Je ne sais pas combien de temps ma puce téléphonique tiendra sans enregistrement mais le hasard, qui fait si bien les choses, me permet une petite fenêtre de liberté téléphonique.

Billet écrit à Damas, le 2 avril, impubliable depuis la Syrie pour des raisons de sécurité.

C’est parfois un métier bien spécial que nous faisons.

La Syrie m’aura au moins appris cela. L’état d’urgence, en place depuis 1963, donne accès aux autorités à toute communication : téléphonique, électronique… Les écoutes sont légales.

Par ailleurs, elles ont aussi la possibilité d’arrêter tout « suspect » qui mettrait hypothétiquement en danger la sécurité de l’Etat.


La première chose qui m’a choquée à Damas est l’enregistrement systématique de vos données personnelles lorsque vous achetez une carte Sim : empreinte électronique du pouce gauche, scan de la première page du passeport mais aussi de certains visas (Laos, Singapour…) dont je ne sais pas pourquoi ils ont été choisis.

En gros, si vous avez le malheur d’en dire un peu trop au téléphone, gare à vos miches ! toutes les personnes rencontrées ici y font vachement gaffe. On parle en codes, je suis plutôt douée pur les références à Star Wars.

Tortous.JPG

Idem dans la rue, les rues de Damas sont truffées de portraits du président et depuis trois semaines les habitants y vouent un culte digne d’une rock star. Aux quelques portraits officiels, ont succédé des autocollants à son effigie dans les vitrines, des posers à l’arrière des taxis, etc… Avec Alep et Homs, la capitale est un des foyers des partisans du pouvoir en place. Impossible, donc, de parler ouvertement de révolution avec les gens. Impossible aussi, de parler de sa qualité de journaliste. Selon lavis général : ne faire confiance à personne. Mais comment faire, alors, pour aller chercher de l’info auprès des gens ?

Pour le téléphone, j’ai eu un poil de chance. En fait non, une bonne touffe, plutôt.

Je passe 20 minutes dans la boutique du bonhomme avec mon double backpack habituel, il copie tout ce qu’il a à copier pour être un bon soldat de l’empire, le portrait du président, à côté de sa femme, un enfant dans les bras, est accroché au dessus de son bureau. Puis je pars direction un café Internet quand l’employé chevelu me poursuit dans la rue.

« On a un problème, madame, il faut revenir à la boutique… » bredouille-t-il moitié en arabe, moitié en anglais.

Et pourquoi donc ?

On na pas réussi à enregistrer votre passeport et… »

Lucky star ?

Je n’avais rien contre ce pauvre gars mais j’ai joué les pseudo touristes en colère… Je me suis mise en crier en plein milieu e la rue, en anglais, que j’avais déjà passé un temps fou dans sa boutique, payé « très cher », qu’ils n’étaient « pas pros » et tout le bla bla du touriste mal servi.

Le gars, qui ne comprenait qu’un mot sur deux, téléphone à son chef, sur qui je gueule aussi parce que oui, je suis fatiguée, mon sac est lourd, je dois retrouver un ami et il m’a mis en retard etc… « mais venez demain, ca ne presse pas… je suis désolé… »

Ben voilà !

Demain, c’était hier. Et je ne suis bien entendu pas allée du côté de la boutique. Je ne sais pas combien de temps ma puce téléphonique tiendra sans enregistrement mais le hasard, qui fait si bien les choses, me permet une petite fenêtre de liberté téléphonique.


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