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Trotte ma jument

Publié le 02 février 2008 par Ellie Page

bea307514e935e69f8e6b8d49fc9872c.jpgA ma jument, qui n'aura pas atteint ses trente ans, en fin de compte. Elle est morte dans son sommeil, on l'a trouvé allongée sur le flanc. 

Elle aura été ma jument pendant 24 ans. Enfin, elle appartenait à ma mère, qui eut sur son lit de mort une de ses dernières pensées pour elle. Nous, ses enfants, ne devions pas la laisser tomber. C'est un peu d'elle encore qui meurt avec l'objet de sa passion.

Elle avait pour ancêtres des camarguais et des barbes, ces petits chevaux des fantasias d'Afrique du Nord. Elle en venait, sans avoir jamais connu cette terre, alors que moi, j'y avais fait mes premiers pas, sans pour autant y avoir mes racines.  

C'est avec ma mère que nous avions décidé de lui faire rencontrer un gentil pur-sang arabe. Elle est devenue "pleine", je la montais sans selle, on se promenait presque main dans la main. Son ventre s'arrondissait.

Un jour d'avril, l'année de mon bac, elle m'attendait à la barrière, le ventre énorme, les mamelles gonflées de lait. Elle m'attendait pour mettre au monde son poulain dans mes mains. Alors que souvent, les juments attendent la nuit et la plus grande solitude pour se délivrer, elles qui sont capables de se retenir de pouliner pendant des jours, en bons animaux de fuite. Ma jument, elle, m'a attendue et m'a fait ce présent. 

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En plus, elle avait la classe et le talent. Elle avait même eu les honneurs de "Cheval pratique" en 1992, dans la catégorie "endurance". Elle avait déjà 14 ans.

Plus tard, j'ai dû m'éloigner souvent, au cours de ma vie de bohémienne, à travers la France et le monde. Mais je savais qu'elle respirait là-bas, quelque part, où j'étais née aussi comme elle, et qu'elle était paisible.

A ETINCELLE, ma jument, ma compagne, dont la flamme s'est éteinte paisiblement, après 15 ans de retraite paisible dans un pré, choyée par la meilleure amie qui soit, qui l'aimée autant que moi. Merci à toi, N..., tu te reconnaîtras. 

Par-delà les années, par delà l'espace, par-delà la mort désormais, j'entends encore ton petit ronflement de gorge.

Rien ne sera plus jamais comme avant. 


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