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assisté toi-même !

Publié le 07 avril 2011 par Mister Gdec

assisté toi-même !

L’assitanat, indignité sociale… ou mal nécessaire d’un libéralisme débridé ? Quand même Bayrou verse dans la prolophobie… C’est à désespérer de la démocratie.

C’est un discours convenu, genre discussion de bistrot, que vous avez déjà certainement entendu dans votre entourage, et auquel vous n’avez pas toujours su répondre comme il se devait, regrettant de n’avoir point, comme dans Amélie Poulain, de souffleur dans un soupirail non loin de là, pour répondre aux injures de l’épicier caractériel et si honteusement méprisant,  d’où l’illustration.

 « L’avenir du pays ne peut pas être l’assistance généralisée. »

 Que ce genre d’arguments viennent d’un quidam à moitié bourré, pourquoi pas, ça se discute… ou pas. Mais venant d’un homme politique qui brigue l’investiture présidentielle, voilà qui est fâcheux et dénote d’un manque de réflexion un peu profonde sur le sujet, et d’une réelle coupure avec le commun des mortels, ce qui est plutôt préoccupant pour un homme de cette stature.

 En effet, j’enrage d’entendre en boucle venant de toutes parts cette ritournelle facile de gens qui n’ont jamais connu la misère, ni le chômage, ni les fins de mois difficiles, et qui montrent du doigt les pauvres gens qui n’ont rien d’autre pour survivre que ces maigres pécules que la société de consommation consent à leur attribuer dans sa grande mansuétude, qu’ils se nomment RSA, contrats aidés de toutes sortes ou contrats d’avenir, belle formule du PS déjà expérimentée autrefois et qui ne conduit bien souvent, comme je l’expliquais dans mon billet d’hier, qu’au désespoir ou à la désillusion, et qui ne saurait en aucun cas remplacer un véritable emploi de nos jours cruellement absent.

 En effet, quand, enfin,  après tant et tant d’années d’un chômage structurel et de multiples trains de mesures plus ou moins novatrices qui sont sensées ramener les égarés sociaux dans le droit chemin de l’emploi durable, comprendra-t-on, acceptera-t-on de dire que  l’emploi devient une denrée si rare qu’il n’y en pas pour tout le monde, bon sang de bonsoir, et s’avisera-t-on de partager nos richesses par autre chose que de l’emploi qui se raréfie ? Quand diantre les politiques, de droite comme de gauche, accepteront-ils leur déconfiture face à ce fléau jamais éradiqué quels que soient leurs beaux  discours, leurs sages réflexions, leurs multiples pratiques et leurs innombrables solutions expérimentées depuis plus de trente ans ?

 Quand cessera-t-on de culpabiliser ces gens dont j’ai autrefois pour ma plus grande souffrance fait partie, en continuant de laisser croire et de propager le mythe de l’assisté qui se complait dans son sort, voire qui fraude les caisses d’assurance chômage, ou d’autres, alors qu’en fait de coupable, il n’est qu’une victime d’un système délétère qui préfère la rente à l’investissement dans le «capital humain » ?

 La réalité est que, loin de nier que certains puissent en profiter (je suis travailleur social depuis suffisamment longtemps pour en connaître quelques exemples), pour une personne qui profite du système d’aides sociales, j’ai pu constater de par mon vécu professionnel que 9 en souffrent tellement qu’elles en ont honte, se faufilent à l’entrée et à la sortie de l’école en allant chercher leur(s) gamin(s) pour ne pas avoir à affronter les regards qu’elles imaginent, à tort ou à raison, réprobateurs ? Certains vont même jusqu’à accepter des emplois de seconde zone, quitte à perdre de l’argent pour ne plus avoir à subir ce traitement inhumain et dégradant pour sa dignité… tant il est vrai qu’aujourd’hui comme hier, la valeur d’un homme ou d’une femme se jaugent exclusivement au travail rémunéré qu’il accomplit. Et tant qu’il n’y aura pas d’autre moyen (à part pour les plus riches, qui peuvent continuer tranquillement d’alimenter des fonds de pension ou boursicoter sans trop se fatiguer, et que ce problème ne concerne donc pas…) pour gagner suffisamment  d’argent pour satisfaire ses besoins primaires, les revenus que Monsieur Bayrou qualifient d’assistance, seront selon toute vraisemblance nécessaire, à moins de revenir aux sociétés de bienfaisance d’Antan et aux soupes populaires.

 Mais comme d’autres, et pas parmi les plus à plaindre, Monsieur Bayrou qui passe pour l’un des porte-parole d’un mouvement parmi les plus sociaux, voire à gauche, de la droite française, s’égare dans ce genre de méandres de la fausse compassion qui se veut véritable fermeté alors qu’elle n’est que réelle ignorance des phénomènes dont il est question. Et c’est d’ailleurs pour celà que j’en veux d’autant plus au principal parti de gauche qui en revendique l’hégémonie de ne rien proposer qui puisse attaquer durablement et profodnément la cause du mal…

 Le fait qu’un revenu minimal existe en France quelle que soit sa situation personnelle était l’un de mes points de fierté face au système de solidarité français… Le verra-t-on, comme je le supputais (c’est trop tentant, le contexte de réduction des déficits publics et le discours sur l’assistanat galopant et de tous ces étrangers qui viennent manger le pain des français s’y prêtant formidablement…) remis en cause au profit de revenus exclusivement connectés au travail ?

 C’est ça,  votre France de demain ? belle évolution !

  Vite,  la révolution citoyenne !

Sur le sujet :

Slovar : UMP : la tentation du « service du travail obligatoire » pour les chômeurs ?

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