Quitter son travail pendant un an, c’est possible

En 2007, Stéphanie, 37 ans, décide de réaliser un voyage autour du monde en solo. « Mon but est d’aller dans tous les pays que j’ai envie de visiter depuis toujours et d’y rester suffisamment longtemps pour connaître le quotidien des gens » me dit-elle en entretien de carrière. Elle a pris rendez-vous avec moi pour connaître les dispositifs offerts par l’entreprise.

Chef de projet informatique, dans un grand groupe industriel français, elle n’a pas rencontré de difficulté pour poser son congé sabbatique. Elle a fait sa demande 9 mois à l’avance, en faisant coïncider son départ avec la fin du projet sur lequel elle travaillait. « Personne n’a été étonné par ma démarche, j’ai toujours été connue comme une grande voyageuse dans le service. Pour faciliter la transition, j’en ai parlé dès le début de ma décision à ma hiérarchie. »

Stéphanie a commencé son périple aux Etats-Unis et l’a terminé au Japon. Elle a vécu dans plus de 9 pays et travaillé dans 3. A son retour, les étoiles encore plein les yeux, elle me dit  » ce voyage m’a permis de conforter mes choix de vie, mon rapport au monde et surtout la façon dont j’avais envie de vivre. Quand on travaille beaucoup, quand on a le nez dans le guidon, il est difficile de prendre du recul, de se poser les bonnes questions, de savoir ce qui est important pour soi. Cette aventure m’a donné la capacité d’affronter l’inconnu et m’a montré que je pouvais me débrouiller toute seule. »

De retour, après 11 mois d’absence, sa réintégration se passe bien. Elle rejoint une équipe projet déjà constituée et se remet dans le bain tout de suite. Un mois plus tard, son chef passe me voir et me dit : « Dis donc, Stéphanie est métamorphosée. Calme, réfléchie, elle contribue à l’excellent état d’esprit de l’équipe. Je la trouve plus sûre d’elle. » Je le connais bien et je pressens ce qu’il va me dire.  » Tu te rends compte, elle est désormais pratiquement bilingue… ». Je souris. « Et si on la nommait responsable des équipes projet pour les pays émergents après le départ de Pascal dans 2 mois ? ».

Le congé sabbatique est un droit pour tout salarié justifiant d’une ancienneté de 36 mois dans l’entreprise et de 6 années d’activité professionnelle. La loi prévoit un délai minimum de 3 mois pour faire sa demande auprès de son employeur par lettre recommandée ou par lettre remise en mains propres contre décharge. La demande doit préciser la durée (entre 6 et 11 mois) et les dates précises du congé. Dans les entreprises de plus de 200 salariés, l’employeur ne peut refuser un congé sabbatique. Il peut le reporter de 6 mois maximum. Dans les structures de moins de 200 salariés, l’employeur peut refuser ce congé ou le reporter de 9 mois maximum. Pendant la durée du congé, le contrat de travail est suspendu mais le salarié conserve ses droits en terme d’assurance-maladie, invalidité, maternité et décès. A son retour, l’employeur doit lui proposer un emploi similaire.