En 1910, Pierre Bonnard (1867-1947) loue La Roulotte, une maison située à Vernonnet, situé à cinq kilomètres de Giverny. Il l’achète en 1912 et il y séjourne régulièrement jusqu’en 1938, date à laquelle il s’installe définitivement au Cannet. L’artiste y peint plus de cent paysages.
Cette période, moins étudiée car elle est considérée comme un temps de transition entre la production de jeunesse et celle du Cannet, est pourtant particulièrement riche. Au tournant du siècle, Bonnard tourne le dos à l’esthétique Nabi et cherche un langage neuf.
Son art s’oriente progressivement vers une expression toujours plus forte et plus libre de la couleur, une recherche parallèle à celle que mène à la même époque son ami et voisin Claude Monet.
Bonnard traite alors tous les thèmes : le paysage principalement, mais aussi les scènes d’intérieur, le nu ou la nature morte, sans oublier la peinture décorative. Près de 80 œuvres, peintures et dessins, sont réunies pour évoquer cette période féconde.
Au tournant du siècle, Bonnard tourne le dos à l’esthétique Nabi et cherche un langage neuf. Son art s’oriente progressivement vers une expression toujours plus forte et plus libre de la couleur, une recherche parallèle à celle que mène à la même époque son ami et voisin Claude Monet.
Bonnard traite alors tous les thèmes : le paysage principalement, mais aussi les scènes d’intérieur, le nu ou la nature morte, sans oublier la peinture décorative. Près de 80 œuvres, peintures et dessins, sont réunies pour évoquer cette période féconde.
Quand il choisit Vernonnet, l’artiste bénéficie d’une certaine reconnaissance. Un contrat tacite le lie depuis 1904 à la galerie Bernheim- Jeune, ce qui le libère des préoccupations financières.
La Revue blanche a cessé de paraître en 1903, mais son directeur Thadée Natanson reste un ami proche et se rend souvent à La Roulotte en compagnie de sa nouvelle épouse, Reine. Ils seront l’un et l’autre des témoins essentiels de cette période « normande ».
D’autres critiques, comme George Besson, prennent à leur tour la défense de Bonnard et participent à la diffusion de son oeuvre.
Enfin, des collectionneurs fidèles, comme les Hahnloser ou les Phillips, entrent dans le cercle des passionnés et le font connaître au-delà des frontières.
Pourtant, au début de cette période, Bonnard traverse une crise et doute de son art. Vers 1914-1915, il a confié à son neveu Charles Terrasse, « j’ai voulu oublier tout ce que je savais, je cherche à apprendre ce que je ne sais pas. […] Certes, la couleur m’avait entraîné. Je lui sacrifiais, et presque inconsciemment, la forme. Mais il est bien vrai que la forme existe, que l’on ne peut arbitrairement et indéfiniment la réduire ou la transposer ; c’est donc le dessin qu’il me faut étudier… […] Je dessine sans cesse. Et après le dessin vient la composition qui doit être un équilibre. Un tableau bien composé est à demi-fait. Et cet art de la composition est tel, qu’avec simplement le noir et le blanc, le crayon, la plume, le burin du graveur, on arrive à des résultats aussi complets et d’une aussi belle qualité, presque, qu’avec tout l’arsenal des couleurs… ».
Quelle que soit l’école à laquelle on rattache Pierre Bonnard, j’ai toujours admiré ce peintre aux couleurs flamboyantes, et au dessin d’une précision fulgurante. Voir ici les esquisses et études de composition du grand tableau « Décor sur la terrasse » est éclairant. J’aimais déjà les séries de femmes au bain, les échappées vers la Seine à travers la fenêtre où l’on reconnaît sans peine la balustrade de « La Roulotte », les décors de jardins nécessairement inspirés de Claude Monet….Cette exposition est à voir en liaison avec la visite de la maison et des jardins de Giverny, tout proches.
A noter aussi, la beauté formelle du musée, parfaitement intégré à son environnement. Le bâtiment a été créé en 1992 par le Cabinet REICHEN & ROBERT, le premier patron de Victoire qui évoque toujours cette période de formation avec des trémolos dans la voix - comme je la comprends !
Jusqu’au 3 juillet, au Musée des Impressionnismes de Giverny, 8€.