La Patrouille de France telle qu’en elle-męme.
Dans un mois, la Patrouille de France va entamer sa saison 2011. Infatigablement, au rythme de deux vols d’entraînement quotidiens précédés de pointilleuses séances de préparation et suivis de debriefings sans concessions, les pilotes en combinaison bleue portent haut, année aprčs année, les couleurs de l’armée de l’Air. Une lourde responsabilité partagée avec une élégante patrouille de voltige, la Patrouille Cartouche Doré, les solos Rafale et Alpha Jet ainsi que les Parachutistes de l’Air.
L’objectif ? Afficher une image d’exigence, de qualité, de savoir-faire. Mais ce n’est pas pour autant une machine ŕ susciter des vocations, s’empresse de remarquer le lieutenant Stéphane Azou, officier des relations publiques. Encore que… Le leader de la ŤPAFť, le commandant Cédric Tranchon (alias ŤTranchť), est visiblement trop investi dans sa mission pour se pręter ŕ un tel échange de vues. Les huit Alpha Jet, menés de mains de maître, as du trim autant que du manche et des palonniers, tendent tout simplement vers la perfection. Est-il possible de l’atteindre ? La question reste sans réponse, sachant que la derničre présentation de chaque saison est autant riche en enseignements que la premičre. Du grand art.
Cette patrouille, ambassadrice de l’armée de l’Air, de l’ensemble des Forces françaises et, finalement, de la France tout entičre, est une trčs belle institution. Elle fait aussi corps avec Salon-de-Provence, cité de 42.000 âmes qui a accédé, grâce ŕ son immense base aérienne, ŕ une enviable notoriété internationale. Le soleil du Sud-Est fait le reste.
Il faut assister ŕ une présentation de la PAF pour retrouver une forme d’élégance de pilotage tout ŕ fait unique. Bien sűr, d’autres pilotes, ailleurs en Europe et dans le monde, sont eux aussi talentueux mais n’égalent pas pour autant la douceur esthétique des figures françaises. De plus, ce qui contribue ŕ cette image tellement agréable ŕ l’œil, l’Alpha Jet est un bel avion, racé, qui ne fait pas ses 30 ans, loin de lŕ. Né d’une association franco-allemande, celle de Dassault et Dornier, il a permis de former des milliers de pilotes de chasse, de part et d’autre du Rhin, en Belgique. Et il continue ŕ bien tenir ce rôle essentiel.
La PAF, c’est aussi la vitrine de grandes traditions soigneusement préservées malgré les ravages de contraintes budgétaires sans cesse répétées. Cette année, si nos informations sont exactes, il y aura 80 ans qu’est née ŕ Etampes l’ancętre de la patrouille, équipée de Morane-Saulnier MS-230. Un constructeur, notons-le au passage, qui se prépare ŕ fęter son centičme anniversaire sous l’appellation Daher-Socata.
La Patrouille d’Etampes s’est installée ŕ Salon en 1937, a ensuite évolué sous différents noms, a émigré ŕ Tours, est revenue ŕ Etampes pour enfin prendre ses quartiers en Provence. On lui a connu des Stampe & Vertongen SV-4 de conception belge, des Republic
F-84G américains puis, enfin, un équipement tricolore, Ouragan tout d’abord, Mystčre IV ensuite, l’inoubliable Magister et, enfin, l’Alpha Jet. Quelle saga ! Pilotes, mécanos, etc., continuent de tracer avec fierté de nouvelles pages de cette belle histoire. Laquelle mérite d’ętre rappelée réguličrement, d’ętre saluée avec admiration et respect.
Mondialisée, déshumanisée, automatisée, l’aviation a plus que jamais besoin de la PAF pour nous ramener aux Ťvraiesť valeurs. A chaque décollage, elle nous fait tout simplement vibrer, ręver.
Pierre Sparaco - AeroMorning