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Max | Résurrection de la charogne

Publié le 08 avril 2011 par Aragon

wolf.gifMilorad Momic, t'as changé de nom, tu vis en France, t'es maçon, enfin tu bosses dans le bâtiment, tu t'appelles à présent Guy Monier, tes voisins te trouvent serviable, sympa, je viens de parler de toi à l'instant sur mon blogue, dans un papier qui s'appelle "Scorpion". Belgrade demande ton extradition pour être jugé comme criminel de guerre. T'as tué. T'as massacré. T'as commis des choses que beaucoup de gens ne sauraient imaginer.

Toi Milorad, vous, criminels contre l'humanité, assassins, tueurs, massacreurs, violeurs, une fois vos forfaits accomplis, le temps passant, passé, vous vivez. Vous vivez. Vous vous douchez, vous frottez fort votre peau, le cuir qui vous recouvre s'efface, s'adoucit, la peau, la vraie, refait surface. Enfin, refait surface, vous croyez...

Au début ça vous surprend de voir apparaître la peau, une peau, votre peau, ça surprend de vivre normalement. Toujours un peu d'angoisse cependant, les premiers temps, dans cette nouvelle vie. Autre lieu, autre pays. Bizarre au début, ça surprend toujours au début de laisser des armes, de s'obliger à enlever des images d'une tête. Dans ta tête de violeur par exemple. Puis, on vit. On se retourne dans la rue. On regarde. Non, tout va bien, je peux marcher. Je peux vivre. Puis, on trouve  un travail, des amis, des nanas, histoires d'amour. On fonde une famille... Vous faites tout ça de la même façon que vous avez fait creuser les tombes, réelles ou morales, à vos victimes.  Naturellement. Et vous êtes ensuite de charmants maris, attentionnés, aux petits oignons avec femme et enfant. Voisins sociables, sympas, si sympas, toujours prêts à rendre service comme toi Momic. Les années passent.

Vos victimes sont pourries, poussières, depuis longtemps, ou, pour les survivantes, traumatisées à vie. Innombrables charniers anonymes aux quatre coins du monde. Vous, vous vivez et le temps passe, vous vous douchez tous les jours, vous êtes propres, si propres. Vous vivez, vous bossez, vous baisez. Je suis étonné à l'idée de savoir que tu baises Momic, vous aussi, les autres  membres de cette confrérie, vous baisez, vous éprouvez du plaisir, vous procréez parfois. Fichtre faut assurer une descendance... C'est la vie quoi ! Faire l'amour, entrer dans la tendresse, dans le don total de soi. Dans cet absolu qui se fait chair. Vous baisez.   Oui, vous vivez ça. Vous aimez. Vous vivez des années et des années comme ça.  Résurrection.

On pourrait appeller ça "résurrection de la chair". Vous êtes réssuscités.  Je vous vois, je pense à vous, on est nombreux à penser à vous., à vous voir, à vous sentir... Car ça sent, malgré le temps et malgré les douches du matin. La petite odeur , légère au début, devient insistante, dérangeante, on la sent, y'a rien à y faire. Sous ta peau ça pue toujours Momic, c'est ça le mystère de cette odeur insistante. Chez vous aussi les assasssins contre l'humanité, les tueurs, les massacreurs, les violeurs. Vous n'y pouvez, n'y pourrez rien. Marqués à vie. Oui, ça pue. L'odeur est forte à présent. Elle vous suit, vous suivra toujours, quoique vous fassiez.Vous puerez toujours et serez toujours en état de décomposition avancée. Vous êtes condamnés à vivre. Vous pensiez revivre, en réalité,  c'est une erreur, vous n'êtes pas vivants, ça s'appelle en vérité : "résurrection de la charogne".


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