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Pollution diurne

Publié le 08 avril 2011 par Alteroueb

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi à Lyon, prendre les transports en commun est devenu une évidence. Ca ne date pas d’hier, pour aller au boulot et me déplacer en ville, j’ai échangé le relatif confort de ma voiture contre la promiscuité d’une rame de métro et l’inconfort d’un bus balloté dans une inextricable circulation, ou gravissant virage après virage la colline de Fourvière… Mais cette prise de conscience qu’il n’est plus possible de continuer de la sorte à polluer individuellement et à gaspiller très égoïstement une énergie totalement hors de prix, me coûte.

Elle se laisse vraiment aller, NKM...
La perte de confort, si elle est réelle et oppressante avec son cortège d’odeurs, d’incivilité, de bousculade, et autres caractéristiques de la vie moderne, n’en est pas le moindre. Mais il faut aussi supporter le temps de transport qui varie du simple au triple. Le seul intérêt, au delà de l’aspect «purement écologique» de se dire qu’on agit de manière «responsable», c’est bien le coût financier…

Aussi, à l’annonce de Nathalie Kosciusko-Morizet cette semaine de bannir des centres-villes des véhicules anciens, potentiellement selon elle plus polluants que les récents, j’ai d’emblée plutôt bien réagi. Ma première réaction a même été de dire qu’il fallait être fou pour circuler à Paris (ou ailleurs) en voiture quand ses moyens sont réduits au point de devoir se contenter d’un véhicule usagé, suranné, délabré, usé, de collection, fatigué, décrépi, d’un âge certain, à barbe grise… en fait une guimbarde de plus de 13 ans.

La réaction du commun des mortels à l’annonce a été rapide et unanime : exit les pauvres, l’accès en ville est désormais réservé aux possesseurs de rutilantes automobiles, bien proprettes, voyantes, aux formes généreuses, à la puissance sonore, le symbole sociétal ultime après la Rolex de la réussite. Et dans l’esprit de la mesure, on y va tout droit. Je me suis alors souvenu que mon fils, étudiant en 2ème année de journalisme, souvent en stage ou en pige, donc amené à se déplacer parfois à des heures indues, dispose justement d’un véhicule d’un âge plus que respectable, mais qui est parfaitement entretenu et rempli sa mission avec vaillance et entrain. Pour lui donc, sa petite Ka et son GPS si indispensable dans son cursus, c’est fini, départ pour la casse sans pouvoir évidemment en changer dans un avenir plus ou moins proche. Et combien de foyers, combien de véhicules sont dans ce cas ? Combien de gens n’ont aucun choix en la matière ? Comment s’adapter quand il n’existe aucune marge de manoeuvre, étranglés qu’ils sont par des conditions de vie de plus en plus draconiennes ? Est-on vraiment en train de lutter contre la pollution ?

Bien sûr, l’air en ville, l’engorgement automobile, les transports, il faut faire quelque chose très vite. Alors comme nos brillants ministres ont pantouflé jusqu’à présent, à l’image du lièvre dédaigneux de son adversaire la tortue qui voit la ligne d’arrivée se profiler, on se réveille dans l’agitation pour faire n’importe quoi, du grand n’importe quoi. Les gros 4X4, si fondamentalement utiles sur les Champs-Elysées, continueront à cracher CO2, oxydes d’azote et suie en fines particules… Pour les petites gens, ils n’ont qu’à se serrer un peu plus la ceinture pour exister en tant qu’automobilistes, ou se cacher dans le métro en se serrant. En tout cas, la pollution, la vraie, ce couvercle ocre et âcre posé en ciel et bitume, derrière des vitres fumées des puissantes berlines et leur climatisation, ça ne se voit, ni ne se sent. Inutile donc de s’en préoccuper plus que de raison.

Un peu comme la misère évaluée depuis le Palais de l’Elysée.


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