Lynchage : Haroun sortait-il avec la sœur de son agresseur ?

 

Selon certains procès verbaux obtenus par Libération, l’instigateur du lynchage affirme avoir agi en pensant que la victime fréquentait sa soeur

Durant son audition, C., élève en électrotechnique, à la tête du lynchage d’Haroun, 19 ans, le week-end dernier en gare de Noisy-le-Sec, apporte de nouveaux éléments troublants à l’affaire. Libération, qui s’est procuré certains procès verbaux, dévoile les propos de l’adolescent.

Il surprend Haroun en bas de chez lui et le chasse

C., élève en électrotechnique, affirme durant son audition avoir cherché à corriger celui qu’il soupçonnait de sortir avec sa sœur.  « Je pensais qu’il attendait ma petite sœur Gernina [15 ans]. (…) J’ai alors demandé à Haroun ce qu’il faisait. Il a dit qu’il attendait sa cousine, en parlant de Siré [présente au moment de l'agression d'Haroun]. Je lui ai dit que je ne voulais plus le revoir en bas de chez moi et que je ne voulais plus le revoir avec ma petite sœur, car je pensais qu’il sortait avec elle ».

« J’ai compris qu’un gars avait fait des choses avec ma petite sœur »

En confisquant le portable de sa sœur Gernina, C. tombe sur « un certain nombre de messages archivés qui m’ont choqué. J’ai compris qu’un gars avait fait des choses avec ma petite sœur ». Dans un texto envoyé à une de ses amies, Gernina  se plaint de saignements. C. voit rouge quand il imagine qu’Haroun est responsable de ces saignements. Pour lui tout est clair : sa soeur aurait eu des rapports sexuels avec lui. C’est alors qu’il aurait découvert, sur le portable de sa soeur, un message de son amie Siré lui expliquant qu’elle est bloquée en gare de Noisy-le-Sec avec un garçon. C. prend immédiatement la direction de Noisy-le-Sec. Sur le chemin, il affirme avoir croisé une bande de sa connaissance, qui lui aurait prêté main-forte.

Dix adolescents mis en examen

Selon certains, Haroun a eu « l’insolence » de sortir avec Siré, une fille de Rosny-sous-Bois alors qu’il vient de la cité des Indes, à Sartrouville, dans les Yvelines. Un « crime » puni de lynchage collectif. Gernina, quant à elle, nie formellement une quelconque relation avec Haroun. Son frère s’est-il emballé sans savoir ? Quoi qu’il en soit, rien ne justifie ni aux yeux de la loi, ni au regard de la morale, un geste d’un tel archaïsme et d’une telle barbarie. Pour le moment, dix adolescents ont été mis en examen, huit pour tentative de meurtre, les deux autres pour « non-dénonciation et non-empêchement d’un crime ».

Lauren Clerc

Photo – Rosny-sous-Bois, rue Thimbaud