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Apocalypse Borloo

Publié le 08 avril 2011 par Hmoreigne

 Le départ de Jean-Louis Borloo de l’UMP et sa menace de se porter candidat aux présidentielles de 2012 constituent un séisme à droite. A la recherche du centre perdu, l’ancien ministre de l’écologie se pose à la différence de François Bayrou clairement à droite. Loin toutefois de présenter une dream team l’ancien avocat d’affaires offre l’image d’un agrégateur des déçus du sarkosysme de Rama Yade à Jean-Marie Bockel sans oublier Fadel Amara. Ce qui amène Jean-Luc Mélenchon à parler de « radeau de la méduse ».

France 2 et son émission « A vous de juger » a offert pour son 60éme anniversaire une tribune en or à Jean-Louis Borloo. L’ancien maire de Valenciennes, sans encore confirmer sa candidature aux présidentielles, se pose comme celui qui va fédérer les centres n’excluant rien notamment de jouer la force d’appoint de la droite … ou de la gauche.

En jetant une pierre dans la marre de la droite, l’ancien ministre de l’écologie a contraint François Fillon comme chef de file de la majorité présidentielle à réagir. Ce qu’il n’a pas manqué de faire à l’occasion d’une réunion de militants UMP à Vitré (Ille-et-Vilaine), fief du centriste Pierre Méhaignerie. «Le nombre de nos adversaires nous interdit de multiplier les candidatures aux présidentielles, nous interdit de fractionner l’UMP au gré de nos sensibilités. L’unité n’est pas une option, elle est une nécessité vitale » a mis en garde le Premier ministre.

François Fillon dont l’avenir politique reste étroitement lié à la survie d’une UMP forte a rappelé que l’UMP avait été créée pour « l’efficacité électorale » et éviter les « divisions » de courants. Le premier ministre entend surtout démontrer qu’à son image, différentes sensibilités peuvent cohabiter au sein de l’UMP.

Le Monde en mettant le doigt sur la totale dépendance financière du Parti radical valoisien de Borloo à l’égard du parti présidentiel ravive les soupçons d’une opération téléguidée par l’Elysée.

L’Express résume bien la situation en évoquant un vrai faux départ de Jean-Louis Borloo. Plutôt qu’un cyclone tropical, l’hebdomadaire voit une tempête dans un verre d’eau et juge, que « ce n’est pas une rupture mais une prise de distance ». Un numéro d’équilibrisme comme savent si bien les faire les centristes.

Pour sa part, le politologue Stéphane Rozès avance dans le Nouvel Observateur que cette prise de distance est avant tout un message adressé à Nicolas Sarkozy afin qu’il mette un terme à sa dérive droitière. Le passage à l’acte, une candidature aux présidentielles, n’interviendrait qu’en cas de persistance de l’Elysée dans sa pêche aux voix dans les eaux poissonneuses du FN.

Autant d’éléments qui donnent de la crédibilité à l’analyse de l’Humanité qui parle de « mise en scène ». Le quotidien communiste estime que la candidature Borloo « permettrait surtout de ratisser au centre voire au centre-gauche pendant que l’UMP poursuit sa logique de droitisation. Puis de se rallier au second tour. »

Une solution qui aurait l’extrême avantage de neutraliser Dominique de Villepin et François Bayrou, peu enclins à se rallier à Nicolas Sarkozy. A défaut de ne pouvoir empêcher d’autres candidatures à droite, l’Elysée n’aurait-il pas poussé l’ancien ministre dans l’intention de le maîtriser ? La fugue de Borloo offrirait ainsi un scénario catastrophe attrayant avec un vrai faux suspense. Car, comme dans toute superproduction de ce type, l’histoire se terminerait bien avec un président sortant réélu, contre toute attente.

Crédit photo : Benjamin Lemaire - Virtuo Presse

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