Le PS a officiellement présenté, son projet pour 2012, texte présenté par Martine Aubry récemment, devant les responsables socialistes. C'est la première étape, avant les primaires prévues à l'automne. “C'est l'exercice difficile“, comme l'a analysé Vincent Parizot, auquel se sont attelés les socialistes, qui était de présenter un programme avant d'avoir un candidat. Mais un programme qui soit suffisamment attractif, pour ne pas paraître vain. Un programme qui reste assez flou, pour ne heurter aucun des principaux candidats. Mais il est vrai, si se différencier du programme, relève de la posture, comme l'a dit l'un des rédacteurs du dit programme, alors à quoi servent les primaires. Qu'est-ce qui différenciera les candidats ? Et si les primaires sont réellement l'exercice démocratique du pouvoir, qui départagera des candidats selon leur projet de société et leur vision du pays - qui sera forcément différente -, à quoi sert ce programme.
Aux Etats-Unis, chaque candidat a son programme. Le vainqueur impose ses idées et son projet de société au parti démocrate ou républicain, dont il défendra les couleurs. Le Parti Socialiste français a toujours du mal à intégrer, depuis “Le coup d'Etat permanent“, la logique monarcho-bonapartiste de la Ve République, qui cherche quel homme providentiel incarnera le destin national. “Quand il n'oublie pas carrément, qu'il y a un destin national, s'inscrivant dans un roman national“, dixit Eric Zemmour, obnubilé par sa tradition internationaliste et son rêve européen. La plume de ce projet, Guillaume Bachelet, évitera soigneusement cet écueil. Il ne reprendra pas, lui, la formule de François Mitterrand, “la France est notre patrie, l'Europe notre avenir“. Comme si la France n'avait pas d'avenir. Même s'il est vrai, que François Mitterrand “a toujours été assez habile pour ne pas donner un contenu précis à l'Europe qu'il invoquait“, comme a pu l'analyser Jean-Pierre Chevènement. Mais Bachelet qui a voté non, aux deux référendums européens de Maastricht en 1992, et du Traité de Constitution en 2005, se heurtent au choix européiste de la majorité de son parti, de Martine Aubry et des principaux candidats, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande.
Certes, ce programme est conçu pour laisser un peu de marge de manoeuvre, à chacun des candidats. Mais d'où sa timidité sur la régulation de la finance, pour ne pas gêner le représentant du FMI, et d'où son “système d'écluse aux frontières“, une expression pudique pour ne pas avouer clairement une tentation protectionniste, même raisonnée (auquel le président américain Obama, s'est pourtant résolu par exemple). Qui existe à gauche comme à droite, mais qui est diabolisé par la majorité au sein du PS et par la social-démocratie européenne, bien que Martine Aubry dise le contraire. S'y ajoutent de nombreuses innovations, en matière d'aide à l'embauche. François Hollande n'a sinon pas tort, quand il refuse l'allocation-autonomie réservée aux moins de vingt-cinq ans, au nom des contraintes budgétaires, en clair les réductions de déficit et la gestion de l'euro.
Mais déjà, le grand retour des emplois-jeunes de Mme Aubry (de 1998-99), et les embauches de policiers et de professeurs, ne seront pas indolores pour le budget et la dette. A moins d'une forte, très forte hausse d'impôts sur la classe moyenne, la seule dont les revenus sont encore susceptibles d'être atteints par la machine fiscale française. Mais la hausse massive d'impôts ne serait-elle pas finalement le seul et véritable point commun, entre les différents candidats socialistes ?
J. D.