Je ne maîtrise pas aussi bien la discographie de Booba que celle de..( prenons au hasard ) Jay Z, mais j’éprouve une certaine fascination pour le personnage. Enfin, fascination…le mot est un peu trop fort. Disons que sa manière de s’être distancié de ses collègues du rap français – surtout en termes d’image- m’a toujours un peu intriguée.
Alors que certains ( dont moi, je le reconnais ) pensaient que sa tendance à trop jouer l’américain allait être contre-productif, il faut croire que c’est le contraire. Sans compter ses divers business, ni les marges qu’il se fait sur ses albums/singles, voilà qu’il va faire Bercy au mois d’Octobre..alors que certains artistes de variété n’arrivent pas toujours à boucler le Zénith malgré une présence constante à la télé/radio . Bref, étant une fervente adepte du » Hustle « , je respecte B2O pour ce qu’il a accompli sur le plan de sa carrière dans l’ensemble, surtout qu’étant donné l’industrie Hip Hop dans ce pays, c’était pas gagné..
Concernant sa musique… Je le disais plus haut, je ne suis pas la plus qualifiée pour en parler, et le seul album que j’ai écouté en entier, c’est justement le dernier, LUNATIC. J’avais commenté le LP chanson par chanson sur Twitter il y a des mois, donc je ne me souviens plus exactement mais je crois l’avoir noté 14/20.
J’avais trouvé l’album assez inégal, parfois répétitif ( surtout question Punchlines & Instrus ) et pas toujours à la hauteur de mes attentes le concernant, mais dans l’ensemble LUNATIC restait quand même mieux que les derniers albums de rap français que j’ai bien voulu écouter, question de goûts. J’ai bien accroché sur des morceaux comme » Reel » , « Caesar Palace », « Jour de paye » , « Lunatic » ou « Ma Couleur » , mais je dois avouer que » Killer » n’a mérité qu’un haussement de sourcils. Surprenant, hein ?
Booba n’est pas souvent du genre à parler de la gente féminine en d’autres termes que » biyatch », « putain », « tepu » et autres délicatesses du style. Je ne vais pas faire la choquée parce qu’écoutant du rap américain à longueur de journée, je ne compte plus les « bitch »/ »hoe »/ »slut » et j’emploie moi-même ces termes donc charité bien ordonnée blah blah blah, bref. « Killer » m’a donc étonné parce que c’était le seul morceau de l’album où le « Duc de Boulogne » traitait des relations Hommes-Femmes. Bon, çà reste à SA manière donc je ne m’attendais pas à une déclaration poétique, une rose entre les dents. Mais tout de même, qu’il ose aborder, voire avouer qu’il a non seulement un coeur mais qu’en plus ( si j’ai bien compris le morceau ), a parfois peur de perdre le contrôle par amour, c’était déjà assez étonnant pour moi. Passé la surprise donc, je n’ai pas spécialement accroché sur le morceau en lui-même, sûrement que le Booba « romantique » finalement, ne me plaît pas des masses..
Et puis ya 2 ou 3 jours, le clip a été publié..Je vous laisse le découvrir..
Que dire ? Plusieurs choses. Je commence d’abord par Chris Macari, le réalisateur de la vidéo. Il travaille avec Booba depuis je ne sais plus combien d’années, et je peux tout à fait comprendre que le duo enchaîne les collaborations si l’un et l’autre sont satisfaits du résultat. Mais vraiment, là çà commence à devenir n’importe quoi.. Si on remonte au précédent album de Booba, et qu’on regarde les clips qui en sont tirés ( spécialement ceux réalisés par Macari ), il n’y a AUCUNE espèce de continuité et encore moins de différence avec ceux de Lunatic. Toujours les mêmes plans, les mêmes effets, le même cadre… J’veux dire, je comprends bien qu’il y ait une » SIGNATURE » visuelle ( bien que son travail me rappelle un peu trop souvent celui de Hype Williams..), mais de là quand même à nous resservir la même chose à chaque fois, il y a des limites..
Maintenant, allez savoir. Peut-être est-ce Booba qui donne ses instructions et l’autre exécute, je n’en sais rien.
Autre chose à-propos du clip: je trouve qu’il dessert le morceau. Comme je l’ai dit plus haut, on a plus l’habitude de voir le côté BAD BOY de Booba, c’est majoritairement cela qui lui a permis de construire son personnage. Du coup, le fait qu’il baisse sa garde et en quelque sorte, décide d’aller sur un terrain qui n’est pas le sien aurait pu être très intéressant à exploiter visuellement. La fille dans le clip est jolie ( quoi qu’un peu trop bimbo ) et le scénario plutôt en accord avec le thème mais..je trouve Booba complètement MAL A L’AISE dans le clip. Montrer ses pectoraux, ses tatouages et ses divers polos Unkut , çà il sait faire. Mais en présence de la fille en question, le body langage est vraiment très bizarre, y a PAS d’alchimie, on dirait qu’il ne sait pas très bien où placer ses mains sur elle. Même les scènes d’engueulade ont l’air tellemeeeeent fake, c’est incroyable, du moins çà m’a sauté aux yeux dès mon premier visionnage.
Je ne sais pas exactement pourquoi il a retenu ce morceau pour son album. Etait-ce par sincérité ( une véritable envie d’aborder ce sujet ) ou parce qu’il fallait au moins UN morceau pour son public féminin ( qui malgré la misogynie du rappeur, est bien plus grand qu’on ne le croit ) ? Je n’en sais rien. Toujours est-il que cela m’a convaincu qu’il est bien mieux lorsqu’il débine des phrases machistes et violentes, que lorsqu’il déclare sa flamme façon « Gangsta au grand coeur« . A ce titre, j’ai trouvé un morceau comme » Lunatic » bien plus touchant/émouvant que « Killer ».
Par extension, cela m’a amené à réfléchir à ce parallèle entre rappeurs français et américains lorsqu’on en vient à parler d’amour. Aux Etats-Unis, des rappeurs aussi « hood » que Young Jeezy ou encore Bun B. n’hésiteront pas à parler de relations amoureuses entre 2 chansons sur la vente de cocaïne et le nombre de Bugatti qu’ils possèdent. Cà n’affecte pas pour autant leur Street Credibility, et çà ne gêne pas leur public majoritairement masculin. Or, en France, j’ai comme l’impression qu’aborder ces questions, c’est prendre le risque d’entendre des réflexions du style » tu te prends pour un chanteur de R&B wesh ? » . Par extension, à nouveau, je pense à des rappeurs comme Fat Joe qui va lancer son émission de cuisine ou encore à Lil’Roméo qui participe à Danse avec les Stars. Bon, ce ne sont pas les rappeurs les plus respectés du milieu, mais tout de même, les artistes du Hip Hop US dans l’ensemble s’aventurent beaucoup plus en dehors de leur coeur de métier et çà, çà en dit long sur la manière dont cette industrie est perçue là-bas…. et sur le long chemin qu’il reste à faire ici.
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