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Mon nom est Québécois et Canadien-français

Publié le 09 avril 2011 par Jclauded
Depuis que j’écris les billets de mon blog, je suis toujours surpris des réactions de plusieurs de mes compatriotes du Québec. Lorsque je décris les Québécois comme des Canadiens-français, je ressens tout de suite une réaction vive et agressive. Et cela malgré que j’emploie le nom canadien-français seulement lorsque je me réfère à une époque précédente à 1975, du temps où nous nous nommions nous-mêmes Canadiens-français. Ce sont surtout les séparatistes qui montent dans les rideaux.
Pour eux, les francophones du Québec sont des Québécois et les anglophones du Québec des Canadians. C’est comme si la notion « pure laine » prend le dessus sur le bon sens.
Je n’en veux pas à mes amis séparatistes de réagir ainsi, mais il me semble qu’ils font un affront à leurs concitoyens qui parlent une autre langue que la leur. Je veux bien défendre la langue française, mais de là à monter sur la tête de mes concitoyens anglais pour être plus grand, je ne crois pas que ce soit la meilleure façon.
Normalement, dans mon langage de tous les jours, j’utilise le nom Québécois pour désigner tous les habitants qui vivent au Québec, Ontarien ceux de l’Ontario, Terreneuvien ceux de Terreneuve et ainsi de suite. Si je parle de façon générale du Canada, je parle des Canadiens-français, des Canadiens-anglais ou des néo-Canadiens. Cela me semble être clair.
Lorsque je me dis Québécois, je me sens solidaire de tous les habitants du Québec. Et lorsque je me dis Canadien-francais, je me sens solidaire de tous les francophones au Canada. Ces derniers sont plus d’un million à vivre hors Québec dans des milieux intensément anglophones où ils réussissent à protéger leur culture et leur langue. Il faut avoir visité comme moi Victoria, Whitehorse, Calgary, Winnipeg, Régina, le nord de l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et ailleurs dans les Maritimes pour comprendre combien nos compatriotes, qui y vivent, méritent notre respect et notre support. Ce sont des gens de nos origines, des gens comme nous, ascendants ou descendants de nos familles que l’on retrouve dans nos arbres généalogiques. Oui, je me sens solidaire de mes compatriotes outre-Québec et je comprends la fierté que je ressens d’être Canadien-français en constatant leur courage et leur détermination. Je me sentirais coupable d’être autrement et je ne suis pas près à les lâcher.
Comme nous, ils sont différents des autres Canadiens de par leur culture et leur langue. Comme nous, ils veulent vivre en français et éduquer leurs rejetons dans leur langue. Comme nous, ils rejettent le « melting pot ». L’exemple du Québec qui réussit à préserver, à tout prix, sa culture, sa langue et sa façon de faire est important pour eux. C’est une des raisons pour laquelle, nous nous devons d’avoir à Québec la meilleure gouvernance possible et gérer nos affaires avec le plus d’autonomie possible. Notre gouvernement fédéral doit comprendre cela.
Le passé a été témoin de batailles politiques importantes lorsque le Québec faisait part, par ses demandes, de sa différence. Nous avons souventes fois regimbé contre un gouvernement fédéral qui cherchait à se montrer plus centralisateur. Nous avons gagné des débats mémorables qui nous ont assuré une autonomie de plus en plus grande. Nous ne demandons rien de plus que nos concitoyens canadiens-anglais, mais nous voulons ce qu’il nous faut pour assurer notre plein épanouissement, comme nous l’entendons.
C’est pourquoi, j’ai été heureux cette semaine d’entendre le premier ministre canadien Stephen Harper, en pleine campagne électorale, proposer d’instaurer, pour l’avenir, une asymétrie politique dans les propositions fédérales qui tiendra compte des priorités et des besoins particuliers du Québec et de d’autres provinces s’ils le veulent. Ce ne sera plus la même chose pour tout le monde. Les provinces pourront demander des conditions particulières et elles seront reconnues, notamment dans la santé. Si cela se concrétise, ce sera un grand pas en avant.
Cette asymétrie a existé avant mais elle a dû être littéralement arrachée du fédéral. Maurice Duplessis a bataillé ferme pour obtenir des déductions particulières de l’impôt fédéral pour les Québécois, suite à la création de l’impôt provincial en 1956. L’ex-PM fédéral Paul Martin en 2004 a compris les revendications insistantes de Jean Charest et a accepté, pour la première fois, que des argents fédéraux dédiés au programme de santé soient alloués exceptionnellement à d’autres fins par le gouvernement du Québec, Jean Charest les utilisa pour diminuer l’impôt provincial afin de le rendre plus concurrentiel avec celui des autres provinces. La même chose arriva sous le PM Harper, mais cette fois-là ce dernier montra son désaccord et laissa croire avoir été trompé par Jean Charest.
René Lévesque rechercha longtemps de telles ententes asymétriques avec Ottawa. Le PM Trudeau s’y objecta.
C’est d’un tel fédéralisme asymétrique que nous avons besoin car il tiendra compte de nos différences et du fait que le Québec voit ses priorités, relevant de ses responsabilités, différemment des mandarins fédéraux. Le PM Harper semble finalement avoir compris et vouloir institutionnaliser ce principe. Enfin, une suggestion pratique et combien importante pour le Québec de la part des conservateurs fédéraux.
Il faut cependant que ce soit une entente de style quasi-constitutionnelle et non seulement administrative, car on pourrait vite revenir à la case de départ si le PM (quel qu’il soit) perd sa bonne humeur ou son bon entendement des qualités requises pour des relations fédérales-provinciales efficaces.
Cette politique nouvelle pourra aussi aider nos compatriotes francophones des autres provinces, puisque cela leur donne la possibilité d’exercer des pressions auprès de leurs gouvernements provinciaux pour leurs propres priorités afin qu’ils puissent profiter de cette nouvelle flexibilité fédérale. Cela peut bien les servir.
Je suis Québécois, Canadien-français, Canadien. Pas mal pour un homme en 2011 !
Claude Dupras

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