Ça y est. Il y va. Nous retenions notre souffle depuis si longtemps, déjà avant, avec le nuage de Fukushima, et maintenant pour savoir si le sauveur allait descendre de son légendaire ULM ou ballon à air chaud, revenu du lointain Ushuaïa qui nous a tant fait rêver, rangé des shampoings aux produits chimiques.
Fini les lendemains qui déchantent. La France est sauvée, mais ça c’est un détail, mieux encore, la planète est sauvée.
Nicolas Hulot est candidat.
Bien sûr, ce n’est pas encore fait, mais après les innombrables déchirements habituels des verts qui sont contre la célébrité et le culte de la personnalité, le parfum de crottin de la victoire primera, et Nicolas, pouvant les mener sur la plus haute parche du podium, l’emportera et sera celui qui ira porter leur Bonne Parole face à Jean-Claude, Nicolas, Dominique (chut, il ne faut pas le dire), Jean-Louis, et Marine.
La grande question est bien sûr : a-t-il une chance ? Les premiers sondages ne l’indiquent pas, puisqu’ils le mettent à 10%. Mais il peut s’en passer des choses. Avant de d’aller plus loin dans l’examen de cette question, je vous donne ici en exclusivité les points forts de son programme. Mais enfin, il ne l’a pas encore annoncé, allez-vous me dire. Ce à quoi, je vous répondrai, oh, j’ai peu de chance de me tromper, c’est celui de tous les candidats, à quelques détails prêts (surtout en politique étrangère qui nous impacte peu), faites moi confiance, ça sera le sien.
Environnement :
- Sauver la planète
- Décarboner l’économie (c’est à dire rendre toute l’énergie beaucoup plus chère, c’est à dire tous les biens et services, c’est à dire vous appauvrir tous, et pas qu’un peu, sachant que le demi degré d’augmentation des températures en 130 ans n’est aucunement sans précédent dans l’histoire de la planète avant l’activité humaine, et que les « preuves » du réchauffement -cercle concentriques de croissance des arbres et modèles informatiques- sont ni plus ni moins que totalement invalidées)
- Massacrer des oiseaux et chauves-souris par million et créer une industrie où les accidents du travail sont très nombreux et dangereux (bon, ça sera formulé comme suit : favoriser les énergies renouvelables)
Economie:
- S’endetter encore plus, la dette monte jusqu’au ciel, tous les économistes sérieux le disent
- La relance n’est pas un problème, puisqu’il suffit de s’endetter et de construire des hachoirs à oiseaux (et chauves-souris)
- Faire tourner la planche à billet comme la roue de l’infortune, comme à Weimar / Harare, avouez qu’ils se sont bien amusés à l’époque
- Les pauvres des pays émergents sont, bon, avouons, des salauds, de travailler bien et à tarif raisonnable, bloquons toute importation de leurs bien et services
- La croissance c’est mal, on arrête. En fait, on inverse. Regarder le japonais sans eau, victuailles et électricité, comme ils étaient tous au camping, à se serrer les coudes, comment le sentiment de solidarité et d’entraide leur a réchauffé le coeur. Allez, au jardin, messieurs dames, vos poireaux ne vont pas pousser tout seuls.
- Il faut prendre l’argent aux salauds de riches
Social:
- En France pays des droits de l’homme et de la laïcité, on ne peut quand même pas commencer à mettre l’étoffe qu’on veut sur sa tête.
- La retraite ne peut être assurée que par l’Etat, et que par la répartition Pétain-Madoff (et de toutes façons, la dette mone jusqu’au ciel)
- La sécu ne peut être assurée que par l’Etat et les partenaires sociaux résistants de 45 (et de toutes façons, la dette monte jusqu’au ciel)
- 7 millions de fonctionnaires c’est beaucoup trop peu, il faut plus de moyens (et de toutes façons …)
Europe:
- Tout ce qui vient de Bruxelles est béni. La démocratie ne s’applique donc pas sur cette question.
International:
- Nous savons identifier de façon infaillible les bons et les méchants en Afrique, et devons donc botter l’arrière train aux méchants, de préférence sans objectifs précisément définis pour notre action, et avec des jolis mots d’excuses rédigés à l’avance pour les inévitables meurtres de personnes innocentes.
Culture:
- Amélioration du sens des mots de la langue française, pour faire rentrer, au pied de biche, la substance la plus inoffensive qui soit, et même favorable à la croissance des plantes, dans la catégorie pollution.
Bon, je pense que chacun peut compléter le tableau, trouver les lieus communs les plus débiles, et remplir les trous, c’est à la portée du premier imbécile venu, alors le sauveur de la planète, vous pensez.
Mais peut-il gagner ?
Aujourd’hui, si l’on en croit les sondages, il est en quatrième position. Mais les sondages, vous savez. Déjà, les gens iront-ils voter ? Si l’on tient compte des non inscrits, c’est juste un peu plus d’un tiers de la populaiton qui a jugé ça utile aux dernières élections. Peut-être la présidentielle réveillera-t-elle les passions, ou peut-être le gros des électeurs se rend-il compte à quel point les programmes sont identiques et idiots, et ira à la pêche.
Si l’abstention est forte, les partis de militants convaincus, comme les verts, auront un petit avantage. Pour le reste, éh bien, on verra. D’ici mai 2012 il peut se passer plein de chose, l’Espagne peut appeler l’Europe à la rescousse, et tout l’édifice de l’euro en être sérieusement ébranlé, le chômage peut repartir à la hausse, le climat social se détériorer encore plus, un quelconque nouveau tremblement de terre faire peur aux gens et les envoyer dans les bras des verts (ça n’a rien à voir, certes, mais bon, ça marche à tous les coups, c’est tout ce qui compte).
Si les 13 mois qui viennent sont relativements calmes et stables, Dominique Strauss Kahn (mais chut, enfin!) devrait se retrouver au deuxième tour sans même avoir à sortir de son lit le matin, quelle que soit celle qui s’y trouve avec lui. Comme le disait récemment le bon Aurélien, à la droite bling bling succèderait alors la gauche gang bang.
Mais si -et je vous laisse juge de la probabilité respective des deux branches de cette alternative- ça barde (en éco, Europe, chômage, guerre à nos portes, catastrophes en tous genres), alors le score de Mélenchon ne s’en portera que mieux, le PS peut baisser, et les dizaines de milliards d’argent public investis en campagne pour l’idéologie pastèque par l’UE, et même par la France, pourrait conditionner suffisamment les esprits pour que, pris d’angoisse, plus d’électeurs voient « l’écologie » comme l’option qui rassure, face au monde de la concurrence et de la croissance qui est si rempli d’affreuses menaces et qui fait si peur.
Un scénario où à peine plus de 20% suffit pour passer au second tour est envisageable. Bref, probalement pas, mais qui sait ? Comme c’est pareil à droite, et même si de toute façon, ma consigne personnelle reste « ne votez pas, ça ne fait qu’encourager ces saligauds », on peut se prendre à rêver d’un deuxième tour à la hauteur de notre pays, lumière de l’humanité : Nicolas Hulot contre Marine Le Pen.
Avouez que ça aurait de la gueule.