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Journaliste en Syrie #3 A l’ambassade

Publié le 08 avril 2011 par Jujusete

Une copine française du Liban m’a donné le contact du conseiller presse de l’ambassade de France à Damas. Le temps d’arriver et de m’acclimater, j’essaie de le joindre, puis le SMS. Il me donne rendez-vous dimanche matin. J’arrive en retard.


« Madame June, bonjour… » me lance-t-il en me serrant la main.

Oui bon, mon vrai nom dans la vraie vie c’est Julie Gommes. « Chut ! mais ne dites pas ça là ! Même si les couloirs de l’ambassade sont sécurisés, on ne sait jamais… »

Ok.

Dans son bureau, il note tout de suite mon contact en Syrie, mon numéro français aussi et commence à me donner des conseils. Ne jamais utiliser mon nom, ne rien dire au téléphone… Bon, quand son boulot c’est de communiquer avec l’extérieur, ce n’est pas vraiment la meilleure des dispositions. Les pigeons voyageurs, ils les chopent ?

Et si je changeais de puce de téléphone ?

Ca ferait louche

En non, ne revenez pas me voir, mademoiselle, une touriste qui va souvent à son ambassade, ça fait louche… Puis mon téléphone est sur écoute alors évitez de me joindre…

Ok et si j’ai un souci, les signaux de fumée, ça peut rendre service ?

Un homme entre dans le bureau et lui rappelle qu’ils doivent partir en réunion. Le conseiller presse me présente « journaliste pour… » et là je vos ce grand monsieur passer du blanc au livide. « Ok mais… »

Et de me dresser un rapide tableau de la situation. « Les geôles Syriennes ne sont pas ce que l’on fait de plus confortable. » Ok monsieur, mais tu te doutes bien que si je viens à l’ambassade c’est pas juste pour vous serrer la pogne et parler français avec des gens à cravate, hein ?

« La dernière fois qu’un Français a été arrêté pour espionnage, il a passé deux mois en prison sans que l’on ne puisse avoir un seul contact avec lui. » Bon, si on le prend avec le sourire, ça peut donner une solide formation en arabe, non ? « Le dernier français arrêté, est allé prier à la mosquée, il s’est retrouvé pris dan une manifestation. Ca a été simple de prouver qu’il priait et on a pu le sortir de là après deux jours. »

Et surtout bien entendu, pas de photo, pas de communication, en gros, ne pas faire mon boulot.

Il était presque gêné, ce monsieur. Je lui ai dit que je comprenais que c’était pour ma sécurité. Et non, je ne savais pas où j’allais résider à Tartous ou Alep, comprenant sur le coup que ce n’est pas vraiment futé de ne pas leur donner des dates et lieux exacts… Mais l’actu n’a ni lieu ni temps donné.

Je quitte l’ambassade un peu plus parano que j’y suis entrée. Je me disais « on verra bien » et trouvais un ces messieurs un peu trop apeurés vis à vis de la situation. Après tout, il y a un an, j’avais fait des tonnes de photos pendant mes dix jours de balade en backpack en Syrie alors…

La suite leur aura donné raison.


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