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Publié le 11 avril 2011 par Scienceblog
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n camarade me demandait gentiment ce que je pensais de la nouvelle Université de Strasbourg et des effets de l’Unification des trois antérieures (Pasteur, Bloch, Schumann) sur l’organisation actuelle. Je lui ai répondu qu’il était difficile de définir une ligne directrice permettant de déterminer si c’était une réussite ou non, mais que, pour l’instant, ça ne l’était manifestement pas. Et lui citais à titre d’exemple de nombreux coups de fils en début d’année scolaire qui atterrissaient à l’Accueil, les gens n’étant pas là, les lignes fonctionnant mal : on se faisait alors répondre que de toute façon, on n’aurait personne puisque l’Université de Strasbourg fonctionnait si mal, on n’avait jamais vu ça, etc. Ll’angoisse de démarrer une nouvelle année potentiellement pire que la précédente inhibait les gens pour répondre au téléphone : je savais, pour certains d’entre eux au moins, qu’ils étaient rentrés de vacances et déjà au boulot, mais ne voulaient pas répondre.

Le problème, c’est que ce sentiment n’évolue pas. À l’heure de la préparation de nouvelles maquettes pour l’offre de formation à l’Université, tous les maitres de conférences que je vois s’arrahent les cheveux. Encore ce matin, je découvre qu’une nouvelle procédure qui a été annoncée au début de semaine dernière doit pendre effet … en une semaine. Sans information aucune, sans préparation des maitres de conférences (qui ne sont que très rarement capables d’écrire un dossier digne de ce nom). Panique à bord, incompétence et inorganisation font tâche d’encre. Sans compter les essais, dont on verra dans deux ans les résultats (sans aucune évaluation prévue) des mutualisations d’enseignements, et qu’on ne sait comment mettre en place … sans compter l’implémentation de Moodle, plate-forme d’enseignement distant dont si peu d’enseignants imaginent utiliser les possibilités. Bref, La rationalisation des moyens et des procédures, qui est nécessaire à la mise en place de cette université trois-en-un, produit un bordel plus qu’ambiant. Nul ne sait ce que vont en penser les étudiants, ou bien même quels vont être les effets de cette mauvaise préparation sur leurs cursus.

Plus récemment, je lis dans les Actus que Annie Cheminat, vice-présidente déléguée « évaluation et qualité, engage à l’Université de Strasbourg une politique d’évaluation afin de permettre une amélioration notable des services, dont l’enseignement et la recherche. Chaque faculté a une personne référente quant à l’évaluation des enseignements par les étudiants. Moi qui évalue qualitativement mes enseignements, et qui ai mis des outils en marche et qui ai appris avec difficulté à le faire, parce que je considère que je ne suis pas forcément le meilleur enseignant au monde (c’est aussi simple que cela), j’attends qu’on me contacte : va t’il y avoir un formulaire à remplir ? Est-ce que je vais avoir accès aux évaluations ? Comment ? Sur quels bureaux ça va atterrir ?

D’un point de vue pragmatique, les nouvelles maquettes d’offre de formation proposés par les facultés ne vont plus bouger pendant quatre ans … Va-t’on critiquer les enseignants, les responsables des formations, ou bien les administrations responsables, si les offres de formations sont mal conçues ?

Donc, oui, l’Université va plus mal ; avant, on pouvait toujours jouer sur le non-dit, sur la culture de l’entre soi, sur les disussions de couloir, politiques et autres, pour améliorer les choses ! Toutes ces choses que je déteste vraiment, mais qui avaient au moins une utilité. Là, non seulement ces choses continuent à exister (car le respoinsable d’une maquette ne sait pas forcément « légalement » si la formation qu’il a conçu a plu ou non, les bruits de couloir fonctionnent toujours), mais en plus, l’organisation centralisée freine et empêche les gens (enseignants, responsables de formation) de travailler dans des conditions normales. Qui c’est qui trinque ? Les étudiants qui vont évaluer les enseignants … qui feront souvent du mieux qu’ils peuvent.

Àu delà de tout cela, la question réelle qui se pose, c’est : comment peut-on faire pour effectivement améliorer l’Université de Strasbourg ? En produisant un cadre évaluatif (on sait bien que l’évaluation individuel produit trop souvent l’effet inverse que celui espéré) ? En rationalisant au maximum le cadre de production (alors qu’un maitre de conférences, on le voit trop souvent, n’est pas formé pour gérer un projet de ce type) ? En accompagnant administrativement les procédures (mais en les multipliant, on crée des tensions de plus en plus fortes entre adminstrateurs et enseignants) ? La bonne volonté nécessite d’avoir un cadre de réflexion un peu plus poussé de ce « toujoutds en avant » forcé de l’actuelle direction. Il y a beaucoup de gens à l’Université capables de penser cela de façon intelligente et d’accompagner ces changements de façon efficace, à l’IAE par exemple. Mais les ressources internes des chercheurs de l’Université sont, je ne sais pour quelle raison, de toute façon suspectes, et on ne les utilise pas. Voilà bien pourquoi l’Université de Strasbourg fonctionne aussi mal !!!


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