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L’économie expliquée à Marine Le Pen

Publié le 11 avril 2011 par Lecriducontribuable
Alain Dumait

Chère Marine Le Pen,

Vous proposez que la France sorte de l’Euro. Très bien ! L’histoire se rie toujours de ce qui se fait sans elle…

La question est alors : par quoi remplacer l’euro ?

Par la même occasion, vous demandez à ce que la France sorte de l’Union européenne. C’est logique. Et c’est souhaitable, en tout cas depuis que cette dernière prétend s’édifier contre la volonté des peuples (traité de Lisbonne).

Vous envisagez que cette nouvelle politique s’accompagne d’une dévaluation, de 20 à 25%, c’est à dire une modification de cet ordre dans la parité établie en 1999 entre le franc d’une part et l’ancien mark allemand. C’est l’écart actuel de compétitivité entre nos deux pays.

Mais attention ! Si le franc reste convertible, il sera coté sur les marchés, qui décideront de sa parité avec toutes les autres monnaies, comme ils décident actuellement de la parité entre l’euro et les autres monnaies convertibles, en particulier le dollar.

Sortir de l’euro nécessiterait donc la mise en place d’un robuste plan de redressement, plus volontariste que celui décidé par le général de Gaulle quand il revint au pouvoir en 1958, et instaura le «nouveau franc».

Des mesures emblématiques de cette volonté de redressement devront être immédiatement adoptées et mises en oeuvre.

Lesquelles ?

Soyez pragmatique ! Regardez attentivement les politiques publiques qui ailleurs ont permis à des pays développés semblables au nôtre de se rétablir vite et durablement. Tous ont réduit la part des dépenses publiques par rapport au PIB, et parallèlement ont réduit les prélèvements obligatoires.

Il est tout à fait possible, sur cinq ans, de réduire le déficit budgétaire, de réduire la dette, de retrouver une croissance supérieure à 3% par an et de ramener le chômage en-dessous de la barre des deux millions de demandeurs d’emploi (lire notre monographie).

Les forces du blocage seront arc-boutées contre vous. Vous n’avez qu’un moyen de faire passer votre programme : en le soumettant directement au peuple, dans la cadre d’une forme nouvelle de démocratie directe, seul moyen universel de contourner les obstacles dressés par les oligarchies.

Le général de Gaulle eut recours à la procédure des ordonnances. Celle-ci serait aujourd’hui probablement inefficace du fait de l’émergence, entre temps, d’un Conseil constitutionnel tout puissant, juge de la constitutionnalité des lois. La démocratie directe est le seul moyen de contourner efficacement les forces anti-changement.

Vous avez l’air de croire qu’un franc faible géré par une Banque de France où l’inspection des finances aurait retrouvé tous ses pouvoirs, en particulier celui de fixer des taux d’intérêt à court terme quasiment nuls, et de souscrire directement aux bons du Trésor public, en faisant tourner la planche à billets, serait une bonne chose.

Là, vous vous trompez ! Méfiez-vous des idées  reçues !

Tout d’abord des taux d’intérêt bas ne sont pas forcément favorables à la croissance. Ils permettent de financer des canards boiteux. Ils concourent à alimenter les banques par excès. Ils sont à l’origine de bulles dont l’inévitable crevaison est toujours dramatique.

Comme les prix, les taux d’intérêt doivent être vrais. C’est tout.

Et ils ne le seront jamais dans des systèmes monétaires administrés, devenus aujourd’hui comme les centrales nucléaires des sphères publiques, avec les risques d’explosion que cela comporte.

Personne n’a jamais su et ne saura jamais «gérer» cette marchandise particulière qui s’appelle la monnaie, encore moins dans une économie mondialisée.

Les Suisses, les Allemands (avant 1999), les Canadiens, les Australiens… prouvent qu’il est  possible d’être sérieux avec sa monnaie nationale. En fait, comme tout est relatif, cela signifie qu’ils sont moins laxistes que les émules du docteur Folamour actuellement à la tête de la FED. Ou de la BCE…

Inspirez-vous du général de Gaulle, modèle 1958, version 2012. Faites rimer rigueur et redressement. Annoncez que le peuple tranchera, et non pas les oligarchies. Et pour la monnaie, ne vous arrêtez pas au franc de 1999. Ne revenez ni à celui de Poincaré ni à celui de Germinal. Contentez-vous d’établir le droit, pour toute personne, de pouvoir choisir sa propre monnaie, avec le droit d’établir des contrats en valeur-or.

Ce n’est pas tant le franc qu’il faut rétablir, mais la monnaie métallique, libre de toute intervention étatique, avec des banques libres.

C’est ça, ou le maintien, contre vous, de la pire  des oligarchies, l’oligarchie financière, qui tient à garder sa mainmise sur la (fausse) monnaie.

Alain Dumait

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