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Chère Nelly,
Tu ne t'es pas trompée. Je n'ai pas trop le moral. À vrai dire, je suis un peu stressé. Je me suis couché à 7h du matin et me suis réveillé (avec réveil !) à 11h45.
Je n'en peux plus d'être tout le temps décalé... Je ne sais plus quoi faire...
Je n'en peux plus de ne pas savoir ce que je veux : j'ai changé de boulot pour avoir un poste en 12h pour avoir du temps libre, mais ce temps libre, je le perds à ne rien faire...
J'essaie d'écrire, mais je me rends compte que je ne cesse de me répéter.
Je t'ai parlé de vouloir écrire un livre, mais je n'arrive absolument pas à me détacher de ma propre vie. Hier soir, j'ai repris tous ces brouillons que j'ai laissés en vrac depuis plus d'un an afin d'en faire quelque chose de cohérent. Je crois que tant que je n'aurai pas conclu mon idée première qui était d'offrir un livre à Pascal, donc un livre autobiographique, je ne pourrai passer à autre chose.
Mais en me relisant, j'ai trouvé mes mots mièvres, presque niais. Alors je crois que l'idée du livre est une mauvaise idée. Je crois que j'ai visé trop haut...
Je suis stressé, comme si quelque chose d'effrayant allait m'arriver, mais je crois que plus exactement, je suis stressé parce que rien de ce qu'il m'arrive ne me satisfait...
Il y a des moments comme ça où j'ai l'impression de foutre ma vie en l'air, pas parce que je fais n'importe quoi, mais parce que je pense que mes aventures sont ailleurs...
Où ? Pas là.
Il y a des moments comme ça où je suis perdu, où j'essaie de faire comme si ce n'était pas le cas, où j'avance, sans vraiment en être convaincu.
Je vais mal, mais je vais bien quand même. J'ai appris à composer avec cette partie sombre de mon être, beaucoup mieux que je ne l'aurais espéré...
Comme tu vois, rien de bien catastrophique. Juste un peu trop pataphysique (C'est un qualificatif que Pascal aime bien me donner)
Voilà, ton intuition extra lucide vaut mieux que ma vie toute entière... Elle ne s'est pas trompée... Et si tu as un peu de temps à m'accorder, quelques conseils à me donner, je les prends. Je les prendrai comme un rayon de soleil printanier qu'on ne refuse pas...
Je vais aller prendre une douche, me laver de ces idées déprimantes. Ensuite, j'irai sur mon balcon, pour me rapprocher du ciel.
Plus tard, je partirai à Lognes m'occuper de Seven.
Puis je reviendrai, m'endormirai en pensant à demain, où je me lèverai à 6h30 pour une journée encore très ordinaire...