Solange est une amie de Sabine. Elle est allée deux semaines en Polynésie en octobre, pour la première fois. Récit :
Après 22 heures de voyage coupées par une escale à Los Angeles, je débarquais à 22h30, mais… le même jour ! La température était de 27°c. Sabine et E. étaient à l’arrivée avec colliers de fleurs, tradition oblige. Je ne disposais que de deux semaines pour en voir un maximum. Sabine m’avait concocté un programme…
Dès le lendemain matin, la visite du marché de Papeete s’imposait. Il est haut en couleur avec ses étals de poissons, de fruits, de légumes, sa vannerie, ses coquillages, ses paréos.. Le soir, spectacle de danses tahitiennes au Méridien de Punaauia, repas de langoustes et autres délices. Quelle entrée en matière !
Sans perdre de temps, le surlendemain a été jour de mon premier bain dans le lagon. Une eau chaude, sans vagues, la compagnie d’une multitude de petits poissons colorés – tout comme sur les cartes postales ! E. Nous avait accueilli dans son faré flambant neuf (maison). Elle nous a ramené à Papeete pour nous faire visiter le port. J’ai mis dans ma boite à images les paquebots Aranui III et Cobia III dont a parlé Sabine dans ses récits. Nous sommes repassées par les « roulottes » de la place Vaiete.Dimanche matin à l’aube (5h30 !) nous faisons nos emplettes autour du marché couvert, chez les petits producteurs locaux. Quelle foule, que de couleurs ! Puis je me glisse dans le temple de Paofai pour l’office du dimanche matin. Les femmes sont habillées de robes blanches ou claires, coiffées de chapeaux blancs, les hommes en chemise blanche et pantalon sombre. Les enfants endimanchés courent et jouent. L’office, le sermon, sont nouveaux pour moi, et les chants tahitiens prennent aux tripes. L’après-midi, photos dans Papeete : la Présidence, la Vice-présidence, le ministère de la Santé, l’Assemblée de Polynésie, le Haut-commissariat, la Maison de la culture, la Mairie, l’Office du tourisme. A la Présidence, le gardien nous invite à entrer dans la cour et nous propose de nous tirer le portrait dans les jardins. « Maururu, Monsieur le Gardien, Ia ora na ! » Nous ne rencontrons pas Madame la Haussaire, dommage, c’est une payse à moi, paraît-il.
Avec des amis de Sabine, nous allons passer une journée sur la côte ouest de Tahiti : grottes, cascades, jardin botanique, marae (stèle) de Arahurahu, montée au Belvédère. On m’offre un dépaysement complet avec une jolie vue sur l’isthme. Des vaches limousines paissent au belvédère de la presqu’île… est-ce que je rêve ? Suis-je à Tahiti ou dans la campagne française ?
Nous sommes au pays de la perle noire, j’en découvre l’histoire au musée Robert Wan. Ensuite il y aura Moorea, l’île sœur de Tahiti. Après 25 mn de navigation sur l’Aremiti V, nous sautons dans le 4×4 pour un tour d’île avec ‘John Safari’ : Montagne magique, baies de Cook et d’Opunohu, lycée agricole entouré de ses vergers et plantations, champs d’ananas. Pour finir, une petite dégustation chez Rotui, « fabricant de jus de fruits et liqueurs. »
Puis, à une heure d’avion de Tahiti, Rangiroa, atoll des Tuamotu. Hélas, la pluie nous empêche de faire les balades prévues. Comme beaucoup de touristes, nous nous réfugions au Kai Kai pour y déguster un excellent repas.
Au musée de Tahiti et des îles, nous passons une après-midi à regarder les objets et à lire les légendes de cette Polynésie qui me fascine. Nous profitons en plus d’une exposition temporaire fort instructive. Il y aura aussi ce mémorable maa tahiti, repas polynésien chez Mamie : poisson cru, poisson bouilli, poisson frit, uru, patate douce, mitihue (sauce au lait de coco, sel, ail et chevrettes), poe banane… un délice ! Et l’accueil polynésien : Mamie avait bousculé son fils avant notre arrivée : « dépêche-toi, John, débarrasse tout, il y a les popaa à Farani (françaises) qui vont venir manger ! » Chacun s’était mis sur son trente-et-un : paréo et short impeccables.
Je suis même allée à une séance du Cinematamua à la Maison de la culture. En hommage à Jacques Martin, décédé, nous avons vu « Les rescapés de Tekitore ». Mon hôtesse m’a chouchoutée en me faisant découvrir des saveurs, des odeurs et des lieux jusque là inconnus. J’ai pu connaître un peu de l’histoire, de la végétation luxuriante, des fleurs énormes, du tiaré tahiti, de la vanille, du monoï. J’ai aimé la gentillesse et la bonne humeur des Polynésiens. Savates au pied (sandales ou tongs), fleur de tiaré à l’oreille (tiaré pour les hommes, n’importe quelle fleur pour les femmes). J’ai été choquée, hélas, par le nombre de personnes obèses. J’ai goûté de tout, des fruits, des poissons et le cochon rôti (pua) du dimanche matin. J’ai pris le truck, ce camion pittoresque coloré, aménagé en bus. Sabine a dû supporter mes étourderies : trois jours de prise de vues… sans pellicule, arrivée à Faa pour l’avion de Rangiroa… sans pièce d’identité !
Parée de colliers de coquillages, je repars vers Paris à 23h30 un jeudi… mais n’arriverai que le dimanche à 8h30, escales et décalages de date obligent. Il fera 2° c, brrrrr ! J’espère que ces quelques lignes vous auront donné envie d’aller au bout du monde, si c’est pour visiter ces îles. Conseil : il est bon de prévoir un séjour de trois semaines et, si vos finances vous le permettent, d’aller faire une croisière aux Marquises sur l’Aranui III.
Solange.