Le producteur d'aluminium Alcoa vient de lancer la saison des publications de résultats de sociétés pour le 1er trimestre 2011 avec des profits de 0,27$ par action conformes aux attentes moyennes des analystes financiers à comparer à une perte de 0,20$ par action au cours du 1er trimestre 2010 et à un bénéfice de 0,24$ au dernier trimestre 2010. Le chiffre d'affaires trimestriel est cependant légèrement en retrait à 5,96 milliards de dollars contre 6,04 milliards anticipés mais les perspectives affichées par la société apparaissent très positives avec une prévision de croissance de 12 % sur 2011 de la demande mondiale d'aluminium dans un contexte de prix soutenus.
Dans un marché toujours en roue libre, l'action Alcoa qui a fléchi de 0,84 % à 17,77 $ à la clôture à la bourse de New York se redressait hors séance immédiatement après cette publication.
1 société vient de publier ses états comptables, il en reste encore 499 pour juger de la profitabilité des sociétés cotées appartenant au S&P500 pour ce début 2011. Où en est-on ? Quelles sont les données fondamentales ? Et quelles sont les attentes ?
L'optimisme reste de mise suivant le consensus et s'inscrit à la suite du plus fort rebond des profits enregistré depuis plus de 100 ans pour l'indice. Tombés à 7$ au plus fort de la crise, les estimations se situent à 95 $ pour l'année 2011 soit à des niveaux records avec une progression de 12 % sur le 1er trimestre et de 17 % sur 2011.
Dans le détail, après le choc violent lié à la crise et la très rapide réaction des sociétés qui ont rétabli leurs marges grâce à des coupes sévères dans les charges et à d'importants gains de productivité apportant de fortes progressions des profits compte tenu d'effets de base très faibles en 2009, l'année 2011 est donc attendue avec des taux de progression en décélération soutenus dorénavant plutôt par le rétablissement des prix et la croissance des ventes avant une année 2012 qui pourrait constituer un palier (ci-dessous courbe du S&P500 en vert – profits en bleu – prévisions en jaune - Cliquer sur le graphique pour l'agrandir)
A ce stade du cycle, le gros du travail de rétablissement des marges étant achevé pour nombre de compagnies et le repositionnement des produits pour surfer sur la croissance mondiale dont les sociétés du S&P500 tirent près de 50 % de leurs revenus étant bien avancé, la recherche de nouveaux relais de croissance, de nouvelles synergies ou de possibilités d'abaisser les points morts de rentabilité en acquérant des concurrents est susceptible d'attiser le rebond (déjà en cours) du nombre de fusions-acquisitions et des OPA mais aussi les opérations de communication à destination des actionnaires via hausse de dividendes ou rachat d'actions.
Après 8 trimestres consécutifs de hausse des profits, les sociétés du S&P500 pourraient donc encore dépasser une nouvelle fois les attentes (comme lors des 8 trimestres précédents) avec le meilleur 1er trimestre de l'histoire en ligne de mire.
Face à cette arrivée à maturité progressive, il est important cependant de commencer à considérer 2 facteurs sur le plan fondamental:
-avec une progression des profits en décélération, la valorisation du S&P500 est susceptible d'être de plus en plus sensible à la variation des taux d'intérêt (qui guident pour une bonne part le choix des investisseurs entre actions et obligations) et à l'évolution de l'inflation (qui peut créer des perturbations dans les conditions d'exploitation non plus seulement dans les pays émergents mais aussi dans les pays occidentaux avec des effets sur la fixation des prix et les marges)
- D'autre part, techniquement, l'écart entre les profits estimés en moyenne à 1 an et la moyenne des profits sur la dernière décennie est sur le point d'arriver à son maximum depuis 60 ans. L'écart est de l'ordre de 60 % , une situation qui a été approchée seulement à 2 reprises depuis 1951, en août 2000 et en décembre 2006.