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Interview de M. Peter Blasche, Président d’EAPS (Euro Alliance of Payment Schemes)

Publié le 12 avril 2011 par Sia Conseil

Interview de M. Peter Blasche, Président d’EAPS (Euro Alliance of Payment Schemes) Actuellement, il existe au moins un système de cartes national dans chaque pays de la zone euro. Pour permettre les paiements transfrontaliers, les cartes nationales sont souvent co-marquées avec un système de cartes international (principalement Visa ou MasterCard). Le SEPA Cards Framework (SCF), adopté par l’EPC European Payments Council

en 2006, vise à améliorer les niveaux d’interopérabilité au sein de la zone SEPA et à créer les conditions permettant une plus large concurrence sur ce marché. Les autorités européennes favorisent ainsi l’émergence de nouveaux systèmes de cartes européens, appelés à rivaliser avec le quasi-duopole de systèmes internationaux.
Pour mieux comprendre les défis et les enjeux liés à l’évolution de ce marché, Sia Conseil a rencontré Peter Blasche, président d’EAPS, l’une des initiatives en cours pour créer un nouveau système de cartes paneuropéen.

Pouvez-vous présenter brièvement EAPS à nos lecteurs ? Pourquoi une telle initiative ?

EAPS est une alliance internationale de réseaux interbancaires destinée à créer un système de cartes de débit paneuropéen. Dans notre structure de partenaires, nous comptons EUFISERV (réseau DAB européen basé à Bruxelles), LINK (réseau DAB au Royaume-Uni) ainsi que plusieurs systèmes nationaux (Multibanco au Portugal, EURO 6000 en Espagne, Girocard en Allemagne, Consorzio BANCOMAT en Italie).

Interview de M. Peter Blasche, Président d’EAPS (Euro Alliance of Payment Schemes)

EAPS est gouverné par des acteurs européens (émetteurs et acquéreurs) qui se concentrent sur les questions européennes, telles que la conformité au SEPA. Notre objectif est donc de connecter ces différents systèmes pour offrir une alternative européenne aux systèmes internationaux. L’avantage d’EAPS est de s’appuyer sur des infrastructures existantes. En utilisant ce qui est déjà en place, nous sommes en mesure de minimiser les coûts et de bénéficier d’une couverture du marché et d’un taux d’acceptation des cartes accrus.

Par ailleurs, nous permettons à nos participants de choisir leurs processeurs préférés, ce qui est conforme à la réglementation de l’UE qui vise à séparer les aspects gouvernance et processing. En outre, EAPS est un organisme à but non lucratif dont l’objectif principal est d’apporter des avantages à ses participants. Par conséquent EAPS peut fonctionner avec de faibles commissions et sans frais pour l’utilisation de la marque.

Quel est votre rôle au sein d’EAPS et votre parcours professionnel ?

Depuis octobre 2010, je suis président du conseil d’administration d’EAPS, succédant à Ugo Bechis qui a dirigé EAPS depuis début 2008 jusqu’à l’été 2010. Je suis également Head of Payments and Card Schemes à l’Association des banques publiques allemandes (VÖB), où je gère le système de carte de débit Girocard, avec le régulateur allemand, la KZA. Un autre aspect de mes activités est la mise en œuvre du SEPA au niveau allemand et européen. Après des études d’informatique, j’ai occupé différents postes au sein de Citibank, Postbank et de la Banque VÖB-ZVD.

Par rapport à la situation actuelle du marché européen des cartes, quelles sont les évolutions en cours / à venir liées au SEPA Cards Framework ?

La décision d’ouvrir les systèmes nationaux et de les connecter est à attribuer en premier lieu aux responsables politiques européens. L’utilisation de la carte était en effet déjà bien implantée grâce aux systèmes de cartes internationaux, mais cela n’était pas efficient pour les émetteurs et les acquéreurs. En conséquence, le projet d’un SCF a vu le jour et différents acteurs ont, ensuite, commencé à réfléchir aux solutions pour construire les dispositifs associés.

Évidemment, la plupart de l’activité se déroule encore toujours au niveau local ; il est très complexe de trouver des règles qui peuvent être intégrées au niveau mondial si l’on tient compte des « cultures de paiement » différentes. Mais EAPS est donc sur la bonne voie pour trouver des solutions plus efficaces sans faire d’énormes investissements dans le marketing et les infrastructures, grâce aux réseaux des systèmes européens existants.

Attendez-vous une croissance du marché en termes d’utilisation de cartes ?

Je pense que nous verrons une augmentation de l’utilisation des cartes. En Europe, les consommateurs sont généralement satisfaits de leur carte de débit. Il a fallu un temps relativement long pour que les titulaires de cartes s’accommodent leur utilisation. Pour augmenter encore le nombre de transactions, l’industrie du paiement poursuivra le dialogue avec les consommateurs en les informant sur les avantages. Évidemment, avec les cartes (les cartes de crédit principalement, plus fréquemment utilisés sur Internet), la fraude reste un problème important à traiter. Plus les européens pourront utiliser leur système de cartes local avec puce et code PIN sécurisés, plus les clients se sentiront à l’aise en utilisant leur carte. La commodité et le confort sont les facteurs principaux de croissance et il faut dire que le secteur des paiements a déjà réalisé beaucoup de progrès en la matière.

Quels sont les objectifs de développement d’EAPS dans les années à venir ?

Notre priorité est de mettre en œuvre davantage de services entre nos partenaires. Les partenaires d’EAPS sont en train de finaliser la mise en œuvre de fonctionnalités supplémentaires.

Interview de M. Peter Blasche, Président d’EAPS (Euro Alliance of Payment Schemes)

Dans un deuxième temps nous allons chercher à avoir plus de partenaires, systèmes et acquéreurs. Cela signifie que des organisations peuvent se joindre, même si elles n’appartiennent pas à un système local. Notre première priorité est de poursuivre la croissance en Europe et de maintenir notre gouvernance européenne. Environ 98% des transactions des émetteurs dans un pays européen sont nationales et seulement 2% sont des transactions transfrontalières. La grande majorité de ces transactions transfrontalières ont lieu au sein de l’Europe. Bien sûr, dans l’avenir un élargissement pourrait être envisagé, mais l’accent reste sur l’Europe en ce moment.

Le système EAPS est-il opérationnel ?

Au cours des trois dernières années, EAPS a fait des progrès considérables en connectant les systèmes européens locaux de paiement par carte. En 2010 EAPS réalisait environ 2 millions de transactions, ce qui est déjà un nombre significatif des volumes transfrontaliers des partenaires impliqués. Nous prévoyons que leur nombre augmentera encore en 2011 en raison de plusieurs implémentations qui sont déjà prévues.

Pensez-vous que les systèmes nationaux continueront d’exister à l’avenir si des systèmes paneuropéens émergent ?

Aujourd’hui, les systèmes locaux européens répondent aux besoins des marchés locaux mieux que quiconque. Tous les systèmes locaux ont une expertise détaillée sur leur marché, tel que les solutions mobiles, le paiement des tickets de parking ou des factures à un guichet automatique, etc. Étant donné la nature des systèmes internationaux, ceux-ci se concentrent davantage sur ce qui est commun dans les différents marchés.

Je crois que le SCF et la demande des régulateurs européens pour une infrastructure de traitement ouverte sera un facteur déterminant. La séparation de la gouvernance des systèmes et du traitement va augmenter la concurrence. EAPS apprécie le travail des groupes européens sur les standards ouverts dans ce domaine. Les spécifications du Berlin Group, un ensemble commun de normes pour l’interface entre l’hôte acquéreur et l’hôte émetteur, sont déjà implémentées dans le cadre du traitement des transactions d’EAPS – et cela fonctionne très bien.

Interview traduite de l’anglais
Propos recueillis par Sia Conseil


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