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Gaz de schiste

Publié le 12 avril 2011 par Melusine

Voici un nouveau projet génial qui nous arrive tout droit des USA : transformer la Douce France en désolation lunaire. Une Utopie ? Pas du tout : certains des plus beaux coins d'Amérique sont déjà dévastés. En cause, les délires énergiques d'une industrie en roue libre. Bien sûr que, techniquement, on sait faire. Le nucléaire aussi et on voit ce que ça donne ! Mais le coût humain ? La destruction irréversible de notre milieu de vie ? De notre santé ?

 En guise d'introduction, voici la bande-annonce du film Gasland de Josh Fox, primé au Festival de Sundance en 2010, qui vient de sortir :

On trouvera un bon exposé de la situation française sur le site http://cdurable.info.html qui fournit plusieurs documents, tel que le projet de forage de GDF-SUEZ - Villeneuve-et-Valvigneres concernant l’Ardèche méridionale (cantons de Joyeuse, Les Vans, Largentière, Vallon Pont d’Arc, Villeneuve de Berg, Viviers, Bourg Saint Andéol, Rochemaure, Privas, Aubenas, Thueyts, Vals les Bains, Antraigues, Valgorge). Il donne aussi la traduction d'une enquête du New York Times http://cdurable.info/New-York-Times.html sur les énormes rejets d'eaux usées, hautement toxiques et radioactives, provoqués par cette technique d'extraction (5 milliards de litres rien que pour la Pennsylvanie).

Voici un résumé en quelques extraits :

Dans l’indifférence générale, le 30 mai 2010, le Ministère de l’Écologie [Jean-Louis Borloo] décidait d’octroyer trois permis d’exploration de gaz de schistes aux groupes Total, GDF-Suez et Schuepbach Energy [du Texas] dans une zone d’environ 10 000 km² s’étendant de Montélimar (Drôme) à Montpellier (Hérault) couvrant ainsi une partie des départements de l’Hérault, de l’Aveyron, de la Lozère, de l’Ardèche et de la Drôme..., un terrain de prospection grand comme la Gironde. Signés par Jean-Louis Borloo, trois permis exclusifs de recherche (Permis de Montélimar, Permis de Nant, Permis de Villeneuve de Berg) dessinent un gigantesque V de Montelimar au Nord de Montpellier, remontant à l’Ouest le long du parc naturel des Cévennes... Pourtant, les risques environnementaux entourant l’extraction de ce gaz pourraient être considérables...

Le gaz de schiste se différencie du gaz conventionnel car il est réparti de manière diffuse dans les couches géologiques et ne peut être exploité de manière classique. Pour exploiter cette énergie fossile et non-renouvelable, il faut recourir à la technique dite de "fracturation hydraulique", soit forer des puits horizontaux à partir d’un puits vertical, puis y injecter d’énormes quantités d’eau et de produits chimiques à très haute pression afin de fracturer la roche et d’en extraire le gaz. Entre 10 à 15 millions de litres d’eau sont nécessaires pour une seule opération de fracturation.

Sachant que les puits s’épuisent rapidement, il faut régulièrement en forer de nouveaux. On peut ainsi en trouver tous les 500 mètres. Aux Etats-Unis, on compte plus de 500 000 puits répartis dans 31 Etats... De plus, les nappes phréatiques à proximité des sites d’extraction de gaz de schistes sont contaminées et par le gaz, et par les additifs chimiques, des centaines, dont les industriels tiennent la composition secrète. Et même si l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) a sommé en septembre dernier le groupe Halliburton, à l’origine de cette mixture, d’en révéler les composants, le groupe texan n’a jamais voulu céder sur ce point. L’ancien PDG d’Halliburton avait fait voter une loi en 2005 qui empêchait l’EPA d’analyser les eaux utilisées pour les fracturations. Il s’appelait Dick Cheney, il était alors le vice-président de George W. Bush... L’EPA a déjà retrouvé des composés hautement cancérigènes...

Les résultats de l'étude, attendus dans 2 ans, pourraient déboucher sur une nouvelle réglementation limitant ou décourageant l’exploitation de gaz de schistes aux USA - ainsi l’Etat de New York a-t-il déjà décrété un moratoire sur l’exploitation du gaz de schistes pour protéger ses réserves d’eau potable. D'où un intense lobbying de la part des pétroliers. Car si, jusqu’au début des années 2000, le coût d’extraction de ce gaz était trop important pour développer massivement l’exploitation, la hausse continue du prix du gaz a changé la donne... Encore novices dans l’exploitation des gaz de schistes, les groupes français ne peuvent se passer de partenaires américains, les seuls à maîtriser la technique clef d’extraction de ces nouvelles ressources [cf. le film Gasland !].

Cdurable.info nous informe aussi que le 3 février 2011, devant l’ampleur de la mobilisation citoyenne, le gouvernement français a finalement suspendu les travaux de prospection de gaz de schiste jusqu’à l’été au moins, mais sa marge de manœuvre paraît plus limitée face aux forages d’huile de schiste prévus dès mars dans le Bassin parisien.

Verdict de l'Assemblée nationale le 12 mai.


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