DERIVES.
Traîner aux esquives du soleil
Pour éviter de dire
Les mots qui nous différencient du vent
*
Solitaire dans le miel frais d’avril
Tasse encore fumante
Et tournant le dos aux messages du marc
Le monde me salue
*
J’écris à l’envers de peur de me relire
Et pourtant mes mots roulent en boucle
Sémaphores du règne tourbillonnant
*
Des aiguilles du rire
Fleurer les épinettes roses de givre
Lorsqu’elles suintent au creux des paumes
*
Fumées à l’évier et relents de bouillabaisse
Borborygmes avant le silence
Inquiet
Je t’observe du coin de l’œil
Lave-vaisselle
*
Avocat
Rond et fat comme un ventre
Prêt à éclore
Promesse de tendres succulences
*
La couleur remonte en nébuleuses lasses des profondeurs
Envahit l’espace
Diffusion dans l’Earl Grey
*
Garder quelques mots inouïs de toi
Victuailles
Pour les matins chancelants d’incroyance
*
Retourner les pierres intérieures
Pour surprendre enfin les manigances
Du monde clandestin
*
Syzygie
Lorsque nous ceignons les mouvances de l’autre
D’hémorragiques espoirs
*
Nous déchirerons le parchemin des naissances
Et réécrirons la route
Sur une vague innervée de lumière
10.04.2011