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La loi sur le voile intégral

Publié le 14 avril 2011 par Alex75

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De nouveau, la laïcité est replacée au coeur du débat public. Certes, on peut s'interroger sur l'instrumentalisation, dont ces questions font l'objet, depuis plusieurs mois. Il s'agit certainement d'une réponse tactique, à l'appropriation de certaines thématiques par Marine Le Pen. Mais cela dit, l'intrusion aggressive de la question du religieux dans la sphère publique, depuis l'affaire du port du voile islamique au collège de Creil, en 1989, est loin d'avoir disparu. Il est vrai, en dépit souvent de la pertinence des lois votées, la question continue à se poser, sous diverses formes, dans des hôpitaux publics, l'entreprise ou encore dans l'affaire de la crèche de Mantes-la-Jolie. Le débat sur le port du voile intégral, remonte à 2009, à l'initiative de parlementaires, réunis sous la conduite d'André Gérin, maire communiste de Vénissieux. Ils avaient alors demandé l'ouverture d'une mission parlementaire, sur le sujet, qui a abouti à la loi récemment adoptée. On a tergiversé sur son champs d'application concret. Mais la problématique de fonds va même au-delà. Car il faut surtout pouvoir investir le discours, de certains activistes minoritaires, d'autres problèmes et revendications incongrues pouvant aussi venir se présenter. D'ailleurs, le discours des contradicteurs est bien rodé et mériterait d'être brièvement analysé.

En effet, on constate que les défenseurs du voile intégral et de la burqa, argumentent dans la même langue que leurs adversaires, à savoir celle des droits de l'homme. On parle de l'égalité et de la liberté des femmes, d'un côté, et en face, on brandit les droits pour chacun de choisir et de voir respecter son identité culturelle, dans la diversité de ses modes d'expression. Et le débat tourne au dialogue de sourds. Mais en fait, il ne s'agit plus de savoir, qui est sincère et qui ne l'est pas. Comme a pu le souligner, Alain Finkielkraut sur le sujet, il faut peut-être, pour le coup, désinvestir le language des droits de l'homme et opposer à ceux qui revendiquent leurs droits, les moeurs, ce qu'on appelle la culture, la civilisation française. Car la France n'est pas simplement un Etat procédural, chargé d'organiser la coexistence de communautés, qui la compose. La France est une nation substantielle, la France est une civilisation. A cette civilisation, nul n'est étranger, par essence et par définition. Mais il y a simplement des pratiques qui lui sont étrangères et parmi ces pratiques, il y a le voile intégral. Parce que l'un des piliers de ce que l'on appelle la civilisation française, c'est la mixité, de l'amour courtois jusqu'à l'égalité des femmes, à savoir leur présence pleinière. Et à ceux-là, on doit dire que nous ne voulons pas toucher, nous ne voulons pas faire d'exception. C'est le coeur de la problématique. Les Anglais ont tiré un proverbe du droit romain : “In Rome, do as the Romans do“. “A Rome, on vit à la romaine“. Et c'est, ce qu'il faut répondre, de la manière la plus claire et la plus catégorique.

Comme l'a exposé, Patrick Gaubert (président du Haut Conseil à l'intégration), dans un article écrit dans Marianne : “Aucune religion ne peut imposer ses valeurs à la collectivité. Aux responsables du culte musulman, comment avant eux, chrétiens et juifs, de le reconnaître sans ambiguité“. D'ailleurs, ces attaques contre ces principes sont “le fait de minorités instrumentalisant la religion et manipulant, notamment dans les quartiers de la politique de la ville, les esprits de jeunes gens en manque de repères“. Des jeunes gens qui sont soumis à une détestation, du pays où ils vivent, dans une logique relevant uniquement de la provocation. Mais les conséquences peuvent être graves. Car la question du port du voile peut-être minoritaire. Mais dans les quartiers populaires, où elle se répand - le phénomène pouvant venir à s'accroître -, des gens d'origine européenne ne se sentent plus chez eux, d'un coup et s'en vont. Donc on assiste à un phénomène de substitution démographique, dans certains quartiers populaires, qui n'est souhaitable pour personne, car il aboutit à la constitution de ghetto. Certains revendiquent publiquement leur adhésion à des “valeurs” contraires, invoquant leur croyance en une vérité supposée, qui ne souffrirait aucune critique. Ce qui est bien souvent le reflet des mentalités du quartier environnant, se lisant au travers de nombreux déboires. Mais on oublie trop souvent, que la France n'est pas simplement une batterie de droits, dans la logique des contradicteurs. Il faut trouver le caractère substantiel de notre nation et cesser d'en avoir honte. Sinon, on pourrait voir la France se transformer en Etat procédural, au nom de la diversité. La logique dominante est parfois la suivante. Il n'y a pas besoin d'être français, car chacun apporte soit-disant, “sa part” de diversité. Mais seulement, la France n'est pas une auberge espagnole, dans sa définition, à savoir un lieu / une situation où on ne trouve que ce qu'on y a apporté.

Le “chez soi”, n'est pas une valeur de droite, ce n'est pas du le pénisme, à partir du moment, où cela va de pair avec une réelle ouverture aux individus, c'est une réalité qu'il faut pouvoir défendre. Il paraît qu'en Belgique, on distribue des amendes, et les exhibitionnistes sont après tout condamnés. On pourrait comparer la burqa, à une forme paradoxale d'exhibitionnisme. On touche à l'idée d'une tradition française, à laquelle chacun participe. Mais à partir du moment où elle est remise en cause, il faut et il est important qu'elle puisse être réaffirmée. 

   J. D.


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